Elle avait l’habitude de se déplacer sur les tournages, tantôt avec l’équipe de ‘’Faut pas facher’’, tantôt avec celle de ‘’Ma famille’’ d’Akissi Delta qui revient bientôt sous l’intitulé ‘’Ma grande famille’’, mais jamais Marie Louise Asseu, affectueusement appelée Malou , n’avait tourné avec ces deux équipes réunies, encore moins avec toute la grande famille artistique en même temps : plus d’une centaine d’artistes comédiens et chanteurs au total
Il s’agissait d’un acte d’amour de la part de la famille artistique de la comédienne, qui est venue jouer son rôle, ce samedi 14 janvier 2017 dans le dernier film dont elle était la tête d’affiche. Silencieuse, invisible, mais si présente, c’est sur le plateau du cimetière d’Afféry qu’a eu lieu son dernier captage, sur fond d’émotions et de scènes de douleurs indescriptibles. Avant qu’elle ne quitte la scène, laissant derrière elle, juste cette grande photo d’elle tout sourire qui avait accompagné le cercueil depuis la levée de corps à Ivosep Abidjan. Super star, artiste plurielle, la tête pleine de projets artistiques dont le Layê festival, âgé de seulement 50 ans, Marie-Louise Asseu s’était construite une vraie « autre » vie et y avait entraîné ses fans au point où très peu connaissaient Cho Françoise Kouassi, son nom à l’État civil. Forte de ce jeu de personnage qui la porta sous les feux de la rampe durant plus de deux décennies, elle quitte la scène, avec un dernier sourire fixé quelques mois plus tôt avant par un photographe. Ce sourire qui porte la dernière image qu’elle aura laissée d’elle: celle d’une dame toujours de bonne humeur, qui ne s’autorisait pas le temps de la rancune.
La vieille, le vendredi 13 janvier déjà, toute la région, d’Adzopé à Afféry, en passant par Akoupé et tous les villages environnants, s’était réveillée sous un courant d’air frisquet, couverte d’un de ces légers manteaux de poussière qui annoncent ici la présence du harmattan, ce vent froid et sec qui pique les yeux, assèche les narines, blanchit les lèvres et la peau. Ce qui n’empêchait guère les uns et les autres d’avoir à la bouche ce seul nom : Marie-Louise Asseu. A Adzopé, toutes les populations sont dans la rue, debout aux abords de la grande artère qui traverse la ville lorsque le cortège funèbre venant d’Abidjan, arrive autour de 11h 30. Une escale est marquée à la place Riac où se tient une foule immense pour le dernier hommage à Malou. L’image est d’autant forte que chaque année, c’est sur cette place que la comédienne organisait son festival ‘’Le Layé (amour en Akyé) Festival’’. Le lancement de l’édition 2017, la 5ème, devait se tenir ce vendredi 13 janvier. Sur son lit d’hôpital, Marie Louise Asseu le rappelait à ses visiteurs, parce que ce projet lui tenait à cœur. Coup du sort, c’est son cercueil qui arrive sur la place du festival. Accompagné de toute sa famille biologique, artistique et des milliers de fans. Pour le lancement de Layé Festival. Sur fonds, cette fois, non pas de liesse populaire, mais de peine, de pleurs et de transes. Après Adzopé, l’étape d’Akoupé fut un tantinet plus calme. Jusqu’à l’arrivée du cortège à Afféry. Ici, dès l’entrée de la localité, c’est l’explosion.
« …Nous sommes Marie Louise Asseu !»
Pleurs, larmes, cris… et même, parfois des évanouissements dans la foule qui a formé une haie compacte de part et d’autre de la voie sur plusieurs kilomètres jusqu’à la cour familiale au quartier Bois blanc. Laquelle foule, comme un seul homme, entoure le corbillard pour l’escorter. L’émotion est à son comble. Pour un peu, l’on soulèverait le véhicule transportant le cercueil renfermant la dépouille mortelle de la comédienne, que cela paraîtrait normal ! Parce que ce vendredi-là, comme l’annonce une banderole à l’entrée de la mairie de la localité, «A Afféry, nous sommes Marie Louise Asseu!» La sirène du corbillard se tait. Point n’en était vraiment besoin. Personne ici n’ignorait que le ‘’jour de la séparation’’ d’avec la star était arrivé. Afféry était fin prête pour le dernier tournage de l’actrice-réalisatrice. Des autorités administratives et coutumières de la région, aux fils et filles de la localité en passant par l’équipe de ‘’Faux pas fâcher’’, la troupe du ‘’Soleil de Cocody’’ conduite par Diallo Ticouaï Vincent, Thérese Taba, Akissi Delta, Maï la Bombe… L’enceinte de l’Ecole primaire publique Plateau d’Affery aménagée pour la veillée traditionnelle et artistique refuse du monde. L’émotion est encore plus forte.
Les discours hommage des uns et des autres, dont Mme Assa Irène Vieira, la directrice générale du Burida, en rajouteront une couche. Hommage, pleurs, sanglots étouffés, cris de douleur. On aura beau pleuré, d’Adzopé à Affery en passant par Akoupé et tous les villages sur le trajet, ce samedi 14 janvier là, après la messe de requiem en l’Eglise protestante méthodiste d’Afféry, parents, amis, fans et famille artistique ont dû se résoudre à accepter la volonté de Dieu. En laissant celle qui a fait la fierté de toute une région descendre de la scène. Pour entrer dans l’éternité. Faut-il le signaler, Bandaman Kouakou Maurice et Patrick Achi, respectivement ministre de la Culture et de la Francophonie, et secrétaire général de la Présidence, arrivés à Affery dans la matinée de ce samedi-là, n’ont pas assisté à l’enterrement. Après avoir transmis les hommages et les condoléances de la nation à la famille éplorée et à la grande famille artistique de Marie Louise Asseu, les deux autorités ont dû retourner, quelques 20 minutes plus tard à Abidjan. Des dossiers urgents à boucler et des affaires courantes à évacuer avant ce lundi 16 janvier dans le cadre de l’entrée du pays dans la 3ème République et des changements survenus dans le gouvernement expliqueraient cela.
Les échos d’Afféry
*Le maître spirituel de Malou
Le maître spirituel de Malou, Médard Kouassi, spiritualiste et président du Club de la pensée positive, a pris le micro et exprimé son vœu de voir le fils unique de la comédienne être le bénéficiaire de tous les dons faits au nom de la défunte.
*Les ‘’revenants’’
A Afféry où toute la grande famille artistique s’était donné rendez-vous, ce fut aussi l’occasion de retrouver des ‘’revenants’’, portés disparus des écrans ou des spot lights depuis quelques années déjà. C’est, entre autres, le cas d’Eléonore de Ma famille qui vit depuis quelques années en France, de Malou Amley, d’Aklane, Dan Log…
*Maquis débordés
Les maquis d’Afféry, notamment ceux situés dans le périmètre de l’Epp Plateau où a lieu la veillé, ont refusé du monde. Que ce soit pour la bouffe ou la boisson, la demande était si forte que les gérants et gérantes ont dû solliciter le service d’amis ou membres de la famille pour leur prêter main forte dans le service des clients.
*Gehi Vêh, Abass… Supers stars
Arrivés dans un car climatisé estampillé Rti, les acteurs de l’émission satirique de la Première chaîne, ‘’Faut pas fâcher’’, ont vu leur véhicule assailli par une horde de fans qui venaient d’apercevoir Guéhi Vêh sorti, pour dit-il, uriner. Ce fut également le cas avec Abass qui a dû se faire escorter par des policiers pour pouvoir accéder à la cour de l’Epp Plateau où a lieu la veillée.
Par Améday KWACEE à Afféry
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