Entre amis, à la maison, dans les cafés ou lors de certaines fêtes, la chicha est devenue la nouvelle tendance à Abidjan. Elle circule de main en main, tel un calumet de la paix, dans une ambiance fraternelle et orientale. Cultivant une apparence de convivialité et de moindre dangerosité, ce tabagisme séduit les plus jeunes. Mais, ils ignorent que cette nouvelle mode qu’on dit inoffensive peut s’avérer dangereusement mortelle.
Sa consommation explose. A Abidjan, les endroits dans lesquels on peut fumer le narguilé ou la chicha deviennent de plus en plus nombreux. Dans les soirées mondaines, certains cafés orientaux ou night-club, l’engouement de la jeunesse pour le tabac à narguilé ou tabamel (mélange de tabac, glycérine et arômes de fruits) est impressionnant. Berné par son goût agréablement parfumée, les adolescents ignorent les effets néfastes de la chicha sur la santé.
Une mode mortelle…
Le narguilé est une pipe orientale à long tuyau flexible dans laquelle la fumée passe par un verre rempli d’eau qui se parfume avant d’arriver à la bouche ou dans les poumons. Composée d’un quart de tabac mélangé avec de la mélasse et auquel on a ajouté un arôme de fruits, la quantité de fumée inhalée durant une session d’une heure de chicha équivaut à celle d’une centaine de cigarettes.
Selon une étude de l’Organisation mondiale de la santé, un fumeur absorbe un demi-litre de fumée par cigarette, tandis qu’un usager de chicha peut absorber entre un sixième de litre et un litre par inhalation.
Aussi, le taux de monoxyde de carbone inhalé dans le narguilé est sept fois plus important que dans la fumée d’une cigarette et la fumée provenant d’une chicha délivre la même quantité de pollution au monoxyde de carbone que 15 à 52 cigarettes.
Pour duper les adolescents, les fabricants de « tabamel » l’aromatisent de parfums qui fleurent bon l’enfance : noix de coco, cerise, cacao… Rares sont ceux qui mentionnent sur leurs paquets la présence de goudrons et de nicotine
Nombreuses sont les personnes qui ne prennent pas réellement conscience du danger de la chicha. A court terme, la chicha entraine des risques cardiovasculaires comparables à ceux provoqués par la cigarette. Le risque de dépendance à la nicotine est également important. Et comme le partage de la pipe à eau est un rituel, il y a également des risques de transmission d’herpès, d’hépatite ou de tuberculose… A plus long terme, le risque de développer divers types de cancers (poumon, vessie, bouche…) est à envisager.
Il y a une idée fausse qui voudrait que la chicha ne soit pas aussi nocive que la cigarette, parce que le tabac est parfumé et passé à travers de l’eau. Mais les cancérigènes (Naphthylamine, Pyrène….) et la nicotine sont toujours présents. Un fumeur régulier de chicha peut donc s’attendre à des ennuis de santé plus grave qu’un fumeur de cigarette.
Une récente étude américaine a de nouveau pointé du doigt la forte addiction que la chicha peut provoquer. Le manque se traduit par de mauvaises nuits de sommeil, des tremblements occasionnels, des bouffées de chaleur passagères, des suées, des maux de ventre et des pertes d’équilibre occasionnelles.
Flora Dassé / Abj 911