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Ouli Pat : Sa vie a changé /les raisons

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Sa passion pour la mode a pris un tournant décisif le soir du 28 novembre 2014 à Dakar au Sénégal. Après un défilé devant le Président Abdou Diouf, alors Secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie, Ouli Pat est sacrée meilleure créatrice de la première édition du programme Edition Limitée. C’est le début pour la couturière ivoirienne d’entrer dans le cercle des grands stylistes africains. Depuis ce temps, le monde  a un autre regard sur elle. Et elle-même a changé sa façon de voir et de faire la mode. Dans cette causerie, Ouli Pat lève le voile sur ses activités, sur les podiums et en dehors.

  • Quel est ton bilan de l’année 2015.

-2015 a été une très bonne année pour moi en ce sens que j’ai pu organiser la 3ème édition de mon défilé Yorodéhé (26 juin à la CAISTAB, ndlr) qui a été une belle réussite. On a eu une exposition- vente dans la matinée et dans la soirée, c’était un grand défilé avec plusieurs pays invités. On a bénéficié du soutien du ministère de la culture et de la francophonie de la Côte d’Ivoire et celui de l’organisation internationale de la francophonie (OIF). Pendant le défilé, j’ai présenté en exclusivité une collection de tee-shirts associés à du pagne tissé, et des accessoires composées de chaussures et de sacs à main réalisés dans du jean et du pagne tissé également. Toutes ces créations ont été bien accueillies par le public. En fin d’année, j’ai été aussi au Sénégal pour un défilé. J’ai été invitée par Claire Kane. C’était une première pour moi d’aller à Saint-Louis et on a défilé sur un bateau. C’était très beau avec la musique et le cinéma qui couronnaient cette soirée. Mais bien avant, le 20 mars à la journée internationale de la francophonie, la section nationale de l’OIF m’a reconnue comme une engagée de la francophonie.

  • Première lauréate du programme Edition Limitée, qu’est-ce que cela t’a apporté ?

– Beaucoup ! Je dirai que ça m’a permis d’être plus connue. Beaucoup de gens font désormais attention à moi. Le prix m’a ouvert des portes et donné des opportunités. Certaines personnes m’ont découverte et d’autres savent désormais ce que je fais. Désormais moi-même je fais attention à ce que je crée car je sais que je suis suivie.

  • Quelle est aujourd’hui, ta relation avec l’OIF ?

– Ça se passe très bien entre nous. Comme je l’ai évoqué plus haut, la 3ème édition de mon défilé Yorodéhé était accompagnée par la francophonie. elle a pris en charge trois invités étrangers qui étaient avec moi à Edition Limitée 1. C’était déjà un grand pas. Elle continue toujours de m’accompagner. C’est aussi la francophonie qui m’a permis d’aller au défilé de Saint-Louis.

  • Pensais-tu sortir lauréate de cette édition ?

– Non ! Pour participer à la première édition, il fallait s’inscrire sur le net. Au niveau de la Côte d’Ivoire, c’est papa Pathé qui était chargé du recrutement. Je n’ai pas été retenue sur le coup car il fallait huit pays participants. Et à Abidjan, il y avait déjà Barros. C’est quand le stage a commencé que j’ai remplacé sur le fil la candidate gabonaise qui a été recalée. Comme la formation se passait à Abidjan et qu’il fallait trouver rapidement un remplaçant, papa Pathé m’a fait appel. Il avait déjà mon book et tout. J’ai donc rejoint le groupe pour deux semaines de formation et de vie ensemble. C’était intéressant. Et c’est ce que nous avons confectionné à Abidjan que nous avons présenté au sommet de la francophonie à Dakar en 2014. J’ai eu le premier prix. Mais je ne m’en faisais pas une fixation. J’étais heureuse de faire partie du groupe et de bénéficier des conseils de papa Pathé et de l’expérience de mes amis qui venaient d’horizons divers.

  • Après, qu’est-ce qui a changé dans ta manière de faire ?

– Beaucoup a changé dans ma méthode de travailler. J’avais une seule boutique. Aujourd’hui, j’en ai deux. J’ai pu faire un showroom que je n’avais pas auparavant. Au niveau de mes créations, je m’améliore beaucoup dans les finitions. Ça m’a beaucoup appris et je continue toujours d’apprendre. La francophonie m’accompagne aussi dans tout ce que je fais et entreprends.

  • Comment la couture est arrivée dans ta vie de fille de gendarme élevée dans un cadre militaire ?

– Effectivement, j’ai été élevée avec mes frères et sœurs dans des camps militaires. Mais je tiens mon amour de la mode de ma grand-mère qui était couturière. Cet amour s’est développé véritablement en moi en 1998, quand j’ai décidé d’arrêter l’école pour me consacrer entièrement à la couture. J’étais en classe de 3è des lycées et collèges. J’ai dit à mon papa que j’ai fait un choix qui est la couture.

  • A Dakar, après l’annonce de ta victoire, ton père a été la première personne que tu as appelée…

– J’aime beaucoup mon papa.  Je crois que c’est le même cas pour lui envers moi. Beaucoup de gens ne savent pas qu’un de mes prénoms est Gethème. Mon père m’aime tellement qu’il m’a donné le nom Gethème. Mais il aime m’appeler « ma grand-mère ». Il me donne beaucoup de conseils. Quand je ne me sens pas bien, c’est lui que j’appelle. Il est un ami, un frère, un mari pour moi. Papa est un peu tout pour moi. Donc, c’est normal que ce soit la première personne que j’appelle pour lui dire je viens d’avoir le premier prix.

  • Qui es-tu dans le privé ?

– (elle marque une pause). Eh bien, je suis Ouli Patricia, styliste. Je n’ai pas d’enfant et je suis ivoirienne (rires).

  • Oui…

– Je ne peux pas dire que je suis célibataire puisque je suis un cœur déjà pris.

  • Tu étais mariée mais, ça n’a pas marché ?

– Oui, c’est vrai. Je me suis mariée très jeune. J’avais pratiquement 19 ans. Ça n’a pas marché. J’ai essayé de me remettre mais ça n’a pas marché. Alors, je me suis consacrée à mon boulot.

  • Qu’est-ce qui a coincé ?

– J’étais très jeune, naïve. Je n’étais pas mature. Mais je crois que le gros problème de notre couple, c’était l’incompatibilité d’humeur. On ne s’entendait sur rien. J’ai préféré mettre fin à notre union.

  • Tu confiais ton désir d’avoir un enfant. Ça tient toujours ?

– Bien sûr ! J’ai toujours désiré les enfants car je les aime beaucoup. Wouah, j’adore les gosses ! Ma petite sœur a une fille qui est pratiquement ma première fille. Je pense que je ne suis pas loin d’en avoir moi aussi. S’il plaît à Dieu, ce sera pour cette année.

  • Tu étais récemment à Lourdes. Pourquoi ?

– Je suis chrétienne. J’ai été à Lourdes pour dire merci à la Vierge et à son fils Jésus-Christ pour mon parcours, pour le prix que j’ai eu à la francophonie, pour mon travail et pour la Côte d’Ivoire. Je continue d’avancer tout doucement grâce au Seigneur. J’ai été aussi à Fatima au Portugal. J’ai entendu parler de Notre Dame de Fatima comme une Sainte qui exhausse beaucoup. Je voulais aussi avoir ma part de miracle auprès de ces Dames-là.

  • Qu’est-ce que tu as demandé à ces religieuses ?

– Je leur ai demandé de me donner la force créatrice pour émerger au niveau de mon boulot. Que je ne déçoive pas les clients qui font un tour chez moi.

 

Par Omar Abdel Kader

kadertani@topvisages

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