les cités universitaires occupées sont méconnaissables (Ph : M.K.)
La mise en garde de Paul Koffi Koffi, ministre de la Défense auprès du Président de la République à l’endroit des éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) et d’inconnus, de libérer les édifices et les maisons de particuliers, n’a pas encore eu d’effet sur ceux qui occupent des cités universitaires. Nous avons fait le tour de ces cités, le samedi 5 avril 2014, pour faire un constat.
Les étudiants devraient mettre une croix sur une éventuelle rétrocession des cités universitaires, car les occupants semblent être installés pour longtemps. A Abobo, à la Sogefhia, dans les environs du commissariat de Police du 15ème arrondissement, la façade des bâtiments des deux cités universitaires souffre d’une dégradation avancée. La cité 1 est dans une situation délicate. Un mur est largement fendu faisant craindre un écroulement. Ce danger ne semble pas inquiéter des inconnus qui habitent les locaux. A l’intérieur de ces deux cités, le gazon et les herbes ont repris leur droit. Mais les chemins à l’intérieur de cette « forêt » constituent les seules voies d’accès aux bâtiments.
Après Abobo, nous mettons le cap sur la commune d’Adjamé précisément à Williasmville. Là encore, le décor est quasi identique. Le bâtiment situé du côté de la compagnie républicaine de sécurité (Crs) 1, est méconnaissable. La peinture a disparu et a fait place à des murs dégradés, noircis par la fumée lors de l’incendie des objets pillés en avril 2011. En face, l’autre bâtiment. Le dernier pallier a perdu son toit. N’empêche !, il est occupé aux étages inférieurs par des inconnus et leurs familles puisque des femmes et des enfants sont occupés dans plusieurs chambres comme à l’espace vert à dévisser ou à jouer. Ce décor n’échappe pas non plus à la petite cité de 220 logements située dans les environs de l’ancien siège de la maison de distribution de journaux en Côte d’Ivoire. Des individus y entrent et en ressortent régulièrement. Pendant le temps que nous avons passé à cet endroit ce sont des jeunes hommes ou des femmes en plein mouvement et peu préoccupés qui s’adonnaient à leurs activités. Deux dames qui venaient de faire leur marché se sont engouffrées dans cette cité. Avant de rejoindre leur « habitation », elles ont adressé leur salut à l’une de leur colocataire qui était en train de faire la lessive au milieu de la grande cour.
Citadelle imprenable
De l’autre bout, à savoir, Abidjan-sud, dans la commune de Port-Bouët, la cité (universitaire) de Port-Bouët 1 en face du nouvel hôtel de ville, est un véritable camp militaire : des sacs de protection de deux niveaux, une corde d’environ dix mètres, au bout de laquelle se trouve une pancarte avec un écriteau très clair : ”stop”. Côté entrée piéton, un soldat en arme, veille au grain. Si des traces de fumée sont encore visibles, elles n’empêchent pas des personnes d’y habiter. Des soldats et leurs familles y logent, puisqu’à notre passage ce samedi, deux éléments des Frci en treillis en sortaient quand d’autres étaient à la fenêtre au deuxième étage en train de héler des connaissances de passage. Un véhicule 4×4 à vitres tintées et à l’immatriculation banalisée est stationné à l’intérieur. Autours, deux personnes semblent tenir la garde. Le « Krinjabo » (appelation de cette cité par les étudiants) n’est plus que l’ombre de lui-même. Des fenêtres sont détruites et les portes sont inexistantes. Des bâches noires font actuellement office de protection soit en tant que porte soit en tant que fenêtre.
A côté de la paroisse Sainte Anne, la deuxième cité de Port-Bouët (2) n’est pas non plus mieux lotie. Autrefois occupée par les étudiants de l’Inset, et abandonnée aux heures chaudes de la crise postélectorale, elle est aux mains d’individus inconnus qui sont en compagnie de leurs familles. Là, il n’y a certes pas de barrage, mais, des jeunes veillent et observent les mouvements des uns et des autres. A la sortie de Port-Bouët (route de Grand-Bassam), la Base Navale (cité universitaire Port-Bouët 3) n’a pas résisté au déguerpissement des étudiants en avril 2011. Elle est la caractéristique des cités universitaires pillées : les toits, les portes, les fenêtres ainsi que les meubles, ont été emportés. Toutefois, elle est habitée par des familles. Si des témoignages indiquent qu’elle abrite des éléments des Frci et leurs familles, à vue d’œil, rien ne le laisse présager. Ce sont de simples inconnus qui y sont avec des mômes en plein jeux. Lors de notre passage, nous avons aperçu des individus en pleine concertation à l’intérieur de cette grande cité où se trouvent des maisons dépendantes qui ont été littéralement pillées et incendiées. « C’était le siège des étudiants féscistes (militants de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire, Fesci, ndlr).
Ce sont donc au total, sept (7) des quinze cités universitaires qui échappent aujourd’hui aussi bien au Centre régional des œuvres universitaires (Crou) qu’aux nombreux étudiants qui aspirent à avoir un jour, une chambre pour des études, dans la quiétude.
M’BRA Konan
soir Info