À 32 ans, Ulrik Abé, un jeune artiste ivoirien, utilise des graines de café qu’il transforme en peinture pour ses œuvres. Une technique qui contribue à sa notoriété.
À peine la porte de son atelier à Bingerville est ouverte qu’une agréable odeur de café torréfié s’empare des sens. Penché sur sa dernière toile, Ulrik Abé, alias Mister Café, jette quelques coups de pinceau, trempé dans un mélange à base de café.
Une technique qu’il a baptisée Art’boki, du nom du café servi dans les rues d’Abidjan. « Les travailleurs viennent prendre le petit déjeuner, ou le soir en rentrant. C’est dans ce lieu-là que les parents viennent parler de politique, de leur famille… Il y en a qui viennent prendre conseil, certains viennent aussi pour apprendre des autres. C’est un lieu d’échange, et moi je veux exprimer ou donner beaucoup de choses à travers mes œuvres », raconte-t-il.
Fils d’un couple de planteurs, Ulrik Abé tire sa matière première de simples grains de café, ce qui donne une texture et un relief particulier à ses œuvres. Comme pour sa nouvelle série de tableaux Pressions/Dépressions : « “Pression” pour marquer la pression du monde, la pression que l’on vit au quotidien et “dépression” pour sortir de la pression. Je fais un mélange de sentiments, un mélange d’expressions, de visages, que je mets dans un seul tableau, sur une seule personne. On a la bouche, mais après on n’a plus les yeux, soit on a les oreilles mais on n’a plus les autres parties du visage… Ça crée un effet graphique qui est apprécié. »
Mister Café initie aussi régulièrement des enfants à sa technique, pour porter un regard nouveau sur l’or brun ivoirien.
Melv