L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) publie, ce jeudi 6 avril, les résultats de sa dernière campagne de mesure de composés chimiques émergents dans l’eau potable en France après trois ans de recherches. Des molécules peu ou pas surveillées lors des contrôles réguliers. En tout, plus de 150 pesticides et leurs dérivés ainsi qu’une cinquantaine de résidus d’explosifs ont été testés et un métabolite, issu de la dégradation dans l’environnement d’un pesticide en particulier, a été très fréquemment trouvé.
C’est le R471 811 qui a attiré l’attention des chercheurs. Derrière ce matricule, se cache une substance issue du chlorothalonil, un pesticide utilisé depuis les années 1970 et interdit au sein de l’Union européenne en 2019.
Ce dérivé est le polluant le plus fréquemment retrouvé dans les prélèvements. Et sa concentration dépasse le seuil autorisé dans près d’un tiers de l’eau potable du pays. Dans l’eau du robinet, mais aussi dans l’eau en bouteille.
L’Anses affirme que de grandes zones densément peuplées sont touchées, notamment la région parisienne, sans préciser pour l’instant l’étendue de la contamination. Le produit est jugé « potentiellement problématique » par l’agence sanitaire. Car même s’il n’est pas prouvé qu’il affecte la santé humaine et animale, sa molécule mère, le chlorothalonil, est classée « cancérogène probable » par les autorités sanitaires européennes. Le pesticide est associé à l’apparition de tumeurs sur les reins des animaux de laboratoire.
Quant à la dépollution de l’eau, elle s’avère d’ores et déjà complexe et pourrait coûter des milliards d’euros, tant la molécule s’élimine difficilement.