Des souches de Shigella sonnei, responsables de la shigellose, circulent en France. Très résistante aux antibiotiques, cette bactérie inquiète l’Institut Pasteur.
La shigellose, une maladie qui provoque des « diarrhées sanglantes », se propage ces dernières années en France, et inquiète les experts. L’Institut Pasteur a récemment tiré la sonnette d’alarme, alors que des souches de Shigella sonnei, particulièrement résistantes aux antibiotiques, se répandent dans l’Hexagone, rapporte « 20 Minutes ». Cette bactérie, qui circule généralement dans les pays en développement et dans les régions tropicales, en raison du manque d’hygiène et d’infrastructures sanitaires, notamment, a été identifiée dans plusieurs foyers. Mais de quoi s’agit-il exactement ?
La shigellose, provoquée par les bactéries Shigella (« une entérobactérie, ou bactérie du tube digestif »), est une maladie diarrhéique très contagieuse, indique l’Institut Pasteur. Responsable de plusieurs épidémies à travers le monde, cette pathologie, également appelée dysenterie bacillaire, tue environ 200 000 personnes par an, dont 65 000 enfants de moins de cinq ans. « Au-delà de la mortalité, son haut potentiel épidémique, l’émergence de résistance aux antibiotiques et la morbidité liée aux conséquences à long terme dues à des infections récurrentes constituent un problème majeur de santé publique », précise la fondation française.
SYMPTÔMES ET COMPLICATIONS
La shigellose est une infection aiguë de l’intestin grêle, indique le « Manuel MSD ». La bactérie finit par envahir les cellules de la paroi intestinale et de la muqueuse du côlon, ce qui entraîne une inflammation sévère et une destruction des tissus. Sa contagion directe se fait par voie oro-fécale, tandis que la contagion indirecte se fait par des aliments ou objets contaminés.
Plusieurs symptômes peuvent apparaître : des douleurs abdominales, des vomissements, des selles très fréquentes et nombreuses, glairo-sanglantes et purulentes, qui peuvent parfois provoquer des hémorragies, de la fièvre et une altération de l’état général, détaille l’Institut Pasteur.
Des complications peuvent également survenir, en particulier chez le nourrisson et le jeune enfant. Les formes graves de la shigellose se caractérisent par une hypoglycémie, une déshydratation due à la fièvre et la diarrhée, une insuffisance rénale aiguë ou encore, une occlusion intestinale. Dans certains cas, cette évolution peut aboutir à la mort du patient.
TRAITEMENT DE LA SHIGELLOSE
Le traitement de la shigellose passe essentiellement par la réhydratation et, généralement, « le malade guérit spontanément » en trois à quatre jours. Les antibiotiques peuvent également permettre la guérison. Néanmoins, l’émergence de souches multi-résistantes, nécessite de recourir à des antibiotiques plus rares et bien plus onéreux (fluoroquinolones, céphalosporines de 3ème génération et azithromycine).
« Les scientifiques ont constaté que la proportion de ces souches XDR (pour extensively drug-resistant, ndlr), résistantes à quasiment tous les antibiotiques recommandés pour le traitement de la shigellose, a augmenté de façon importante jusqu’à atteindre un pic en 2021 : 22,3 % de toutes les souches de Shigella sonnei étaient hautement résistantes cette année-là (correspondant à 99 cas) », rapporte l’Institut Pasteur. En France, la shigellose circule notamment au sein de la communauté homosexuelle masculine. L’Institut Pasteur est chargé de la surveillance de ces cas en métropole et en Outre-Mer, avec le Centre national de référence Escherichia colo, Shigella et Salmonella (CNR). Une stratégie vaccinale est également en cours de développement.
Ces souches extrêmement résistantes aux antibiotiques ont également été détectées en Angleterre, aux États-Unis et en Australie, et les spécialistes s’attendent à de nouvelles épidémies à venir.