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Abidjan: Le professeur André Banhouman Kamaté demande à tous de venir saluer et remercier Sidiki Bakaba pour tout ce qu’il a fait pour les arts du spectacle.

Le professeur André Banhouman Kamaté est maître de conférences en arts du spectacle africains et actions culturelles au département des arts de l’Ufr informations, communications et arts de l’Université Félix Houphouët Boigny. Il est l’initiateur et organisateur du colloque sur Sidiki Bakaba dont le thème est « Sidiki Bakaba, un engagement au service des arts du spectacle africains » qui aura lieu, du vendredi 16 au dimanche 18 novembre 2018, à l’ENS. A quelques jours de cet événement auquel prendront part des participants venant de plusieurs pays, il s’est confié à Linfodrome.

Le professeur André Banhouman Kamaté, maître de conférences en arts du spectacle africains et actions culturelles à l’Université Félix Houphouët Boigny organise le colloque sur Sidiki Bakaba, dont le thème est : « Sidiki Bakaba, un engagement au service des arts du spectacle africains ». Cet événement aura lieu du vendredi 16 au dimanche 18 novembre 2018, à l’ENS.

Pourquoi organiser un colloque sur Sidiki Bakaba ?

L’idée du colloque part d’un constat. A regarder l’œuvre de Sidiki Bakaba, l’unanimité se fait sur le fait qu’il est internationalement connu. Mais malheureusement, ses œuvres ne font pas l’objet d’une étude universitaire ou académique. Sidiki Bakaba est l’un des artistes, metteur en scène, réalisateur, comédien ivoirien les plus prolixes de son époque. En Europe, les gens de sa trempe sont étudiés dans les universités occidentales. Ayant donc fait ce constat, le groupe de recherches en arts du spectacle présidé par le professeur Valy Sidibé et moi-même, avons compris l’initiative de lui consacrer un espace pour les universitaires venant d’horizons divers qui viendront exposer sur ses œuvres, qu’elles soient théâtrales ou filmées.

Vous disiez tantôt que ses œuvres ne font pas l’objet d’une étude universitaire ou académique. Est-ce que vous avez entrepris des démarches pour les faire connaître ?

Bien sûr. Puisque je suis moi-même l’auteur d’une thèse unique sur les œuvres de Sidiki Bakaba, intitulée « L’animation culturelle dans les spectacles théâtraux de Sidiki Bakaba, de 2000 à 2010 ». Dans cette thèse, j’essaie de démontrer que les œuvres de Sidiki Bakaba ne sont pas créées de façon fortuite, qu’elles s’inscrivent en général dans un contexte socio politique qui interpelle la conscience des populations en vue de transformer qualitativement et positivement les sociétés. En plus de cette thèse, je suis l’auteur de deux ouvrages sur Sidiki Bakaba. L’un, publié en 2016, intitulé « Théâtre et société, réflexion sur les spectacles théâtraux de Sidiki Bakaba », édité en Allemagne par les éditions universitaires européennes, et l’autre, qui vient de paraître à l’Harmattan Paris, intitulé « Sidiki Bakaba et ses œuvres en 26 lettres ». Donc cela veut dire que, nous avons, à notre modeste niveau, essayé de porter le regard universitaire, le regard académique sur les œuvres majeures produites par notre compatriote Sidiki Bakaba. Mais ayant été l’initiateur de ces productions, le champ est immense. Il faut donc appeler les laboureurs. Donc, en organisant ce colloque, nous faisons appel à tous ceux qui, dans leurs axes de recherches, s’intéressent aux arts du spectacle. Et ils ont répondu nombreux à notre appel. Les universitaires venant des Etats Unis d’Amérique, France, Bénin, Burkina Faso, Mali, Sénégal et ceux issus des trois grandes universités ivoiriennes. A savoir l’université Félix Houphouët Boigny d’Abidjan, Alassane Ouattara de Bouaké et Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo. Ces universitaires, en l’espace de deux jours, viendront exposer le fruit de leurs recherches sur l’immense travail de création de Sidiki Bakaba.

Que retenez-vous de l’immense travail de Sidiki Bakaba ?

Ah oui ! Le travail de Sidiki Bakaba est un travail qui a duré dans le temps, sur 40 ans. Mais en termes de quantité, c’est au moins une quarantaine d’interventions cinématographiques, une vingtaine de mises en scène théâtrale et autant de rôles interprétés. On peut citer les premières œuvres des années 70. La mise en scène de l’œil de Zady Zaourou, la chair au trône d’Amadou Koné. On peut citer dans les années 79, au niveau du cinéma, Bakô que beaucoup ont connu parce qu’il était le premier visage noir dans les films français à travers Bakô du réalisateur français, Jacques Champreux. Il est intervenu dans l’aventure ambiguë. Il a lui-même réalisé des films tels que les guérisseurs, roues libres que vous connaissez. Il est intervenu dans médecins de Gafiré du Nigérian Diop. Alors, pas mal d’œuvres portent sa marque. Soit en tant que metteur en scène, soit en tant que réalisateur, soit en tant que comédien interprétant un rôle majeur. Il continue de produire aujourd’hui. Je peux citer son dernier film qui n’est pas encore sorti, mais qui est intitulé Yaffa. Ce film sera réalisé par l’Antillais Christian Lara et qui est une œuvre filmique qui va porter en son sein la problématique pardon. Les Africains demandant pardon aux Antillais, aux nègres qui ont été vendus souvent par leur propre fait.

Avez-vous un appel à lancer ?

Je voudrais demandez à tous ceux qui ont connu Sidiki Bakaba, puisqu’il sera lui-même présent, de venir le saluer et le remercier pour tout ce qu’il a fait pour les arts du spectacle. Parce que, comme on le dit, l’art est à la société ce que le sang est au corps humain. Sans art, sans culture, une société est morte. Une société ne peut pas exister ; comme un être humain ne peut pas vivre sans le sang dans son corps. C’est cet art, cette culture qui constitue le ferment de la société. Et tous ceux qui travaillent à faire en sorte que nos arts et notre propre culture vivent, sont comme les médecins qui travaillent à faire que les maladies n’arrivent pas à annihiler l’effet du sang dans le corps humain. Donc j’appelle tous ceux qui ont connu Sidiki Bakaba, tous ceux qui sont amoureux des arts et de la culture, à venir célébrer avec nous, cette icône des arts du spectacle, ce monsieur que nous appelons désormais le Fama, c’est-à-dire le grand chef des arts du spectacle en Afrique.

Adolphe Angoua

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