04192024Headline:

J’ai rencontré mon copain d’enfance, il m’a rappelé ceci

J’ai retrouvé un copain de l’internat. Des lustres que nous nous étions perdus de vue. Il m’a rappelé des faits et tout m’est revenu. Moi-même je suis scotché. Il était de famille pauvre. Très très pauvre d’ailleurs. Ils habitaient Adjamé Bracodi Bar. J’ai été une ou deux fois chez eux et j’avais pu étant adolescent me rendre compte de sa situation sociale dont il avait honte.

Se retrouver dans un internat avec une mixité sociale impressionnante, forcément quand vous étiez du bas de l’échelle avec une fragilité mentale normale, ça pouvait être tragique psychologiquement. Et en effet ça été son cas. Quand on revenait de chez nos parents, c’était un peu la concurrence avec les victuailles et provisions que chacun exposait avec fierté. Marques en produit d’hygiène, dentifrice, parfum. Les savons ” Le chat” “Pharmapur” et “donge” faisaient fureur à cette époque-là. Tu n’avais pas ça que tu n’étais pas à la mode.

Quand on allait à la douche, il demandait du savon. Pour se laver les dents, c’était pareil. Ça a vite fait d’agacer certains et les conspirations ont commencé. On disait que ses parents lui donnait de l’argent et il cachait ça pour profiter de nous. Cest comme ça même que on a déposé le surnom “prolé” pour dire prolétaire sur lui. Pour laver le linge, il ne le faisait jamais. Il a du profiter quelque fois de nous et comme les aînés avaient donné les consignes, alors tout le monde le fermait.

Or en fait, sa maman lui donnait du savon noir. C’était pour lui honteux de se laver avec devant nous. Il était donc obligé d’attendre quand on était au réfectoire le matin et puis il se grillait ce temps-là pour se laver rapidement avec son savon noir. Puis, il écumait nos epongères pour voler du dentifrice. C’est comme ça qu’une fois un educateur l’a attrapé et évidemment c’était le voleur.

Putain je parle de ça j’ai les larmes aux yeux. Un jour de sortie, il n’avait pas l’argent de transport. Du coup, moi quand on est venu me chercher y avait une place et on l’a déposé. C’est là que je me suis rendu compte de sa situation. Le dimanche, je suis allé le chercher aussi pour qu’on rentre et là même j’ai vu la misère. Je lui demande combien on lui a donné.

Il me dit 500 francs. Là où nous on avait 10.000. J’avais tout compris. Séance tenante j’ai pu lui prendre des “alesia” et un “très près” plus un “belivoir”. Ainsi, je l’ai rapproché de moi. J’avais ma tante aux éditions ceda. Elle nous faisait faire des jobs. Soulever des cartons de livres moyennant un blé. Je l’ai envoyé dedans aussi. J’avais fait changer le regard des autres sur lui par cette main tendue.

Du coup, les autres l’invitait aussi chez eux souvent. Il m’a rappelé tout ceci que moi même j’avais oublié et c’est dingue. Comment un camarade d’enfance peut faire ressortir des faits aussi terribles d’une enfance dans laquelle lui-même était un souffre-douleur. Dieu seul sait ce qu’il a vécu et ceux qui ont trimé. Il vit au Canada aujourd’hui. Une situation professionnelle et matrimoniale top. J’ai demandé après sa maman! Une femme si douce et aimante. Aujourd’hui 79 ans et dans une belle villa à Angré. Tjrs avec son papa. Il m’a dit Peck, j’arrive à Paris je viens dormir chez toi.

Perle Lola

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