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Attaque dans un lycée en Ouganda: traumatisée, la population attend le résultat de l’enquête

Des proches pleurent Florence Masika et son fils Zakayo Masereka, qui ont tous deux été tués par des rebelles présumés ADF alors qu'ils se retiraient de l'attaque de samedi contre l'école secondaire de Lhubiriha, lors de leurs funérailles à Nyabugando, en Ouganda, le dimanche 18 juin 2023.

Des proches pleurent Florence Masika et son fils Zakayo Masereka, qui ont tous deux été tués par des rebelles présumés ADF alors qu’ils se retiraient de l’attaque de samedi contre l’école secondaire de Lhubiriha, lors de leurs funérailles à Nyabugando, en Ouganda, le dimanche 18 juin 2023.© AP – Hajarah Nalwadda

La police ougandaise a annoncé ce lundi 19 juin qu’au moins 20 personnes ont été arrêtées suite au massacre perpétré en fin de semaine dernière dans une école secondaire près de la frontière congolaise. Le groupe terroriste ADF est suspecté d’avoir attaqué l’établissement, brûlant et massacrant des étudiants, faisant 42 morts. Les autorités affirment que l’enquête se poursuit, mais les familles ne cachent pas leur frustration et l’affaire prend une tournure de plus en plus politique.

Le directeur et le professeur principal de l’école font partie de la vingtaine de personnes interpellées, selon la police. Les autorités indiquent qu’elles continuent de poursuivre les ADF qui ont kidnappé six étudiants. Des jeunes qui leur serviraient à porter de la nourriture volée.

Le porte-parole de l’armée a en tout cas assuré lundi soir que la zone de l’attaque était sécurisée et calme. Il n’empêche, la population reste traumatisée. De nombreux élèves préfèrent rester chez eux plutôt que de retourner dans les écoles de la région. La presse locale cite par exemple cet établissement de plus de 600 jeunes se retrouvant avec seulement une trentaine d’élèves.

Dans l’attente de l’identification des victimes

Dans le même temps, les cérémonies mortuaires se poursuivent. Lundi, la police a indiqué que 23 corps avaient été rendus aux familles. Deux n’ont pas encore été réclamés. Six blessés sont toujours pris en charge à l’hôpital de Bwera, proche de l’école attaquée, mais deux ont été transférés à près de 500 km, jusqu’à Kampala, la capitale.

Une vingtaine de dépouilles n’ont donc pas encore été rendues aux familles. Certaines victimes, brûlées, ne sont pas reconnaissables et des tests ADN sont en cours. Le défenseur des droits de l’homme Wilson Bwambale vit à Kajwenge, village comptant 12 des 42 victimes. Il explique que cinq familles n’ont toujours pas pu enterrer leurs enfants. « C’est un traumatisme. Des mères ne font que pleurer. Chez nous, il faut des rituels et des cérémonies traditionnelles pour pouvoir faire son deuil. Sans les corps, c’est impossible », raconte-t-il.

L’affaire prend une tournure politique

Après ce massacre inédit depuis plus de 10 ans, certains commencent à demander des comptes. Ce mardi, l’Assemblée réunie en plénière a ouvert sa session par une minute de silence. Sa présidente a demandé aux ministères de la Défense et de l’Intérieur de présenter un rapport sur l’avancée de l’enquête et les mesures prises suite à l’attaque. Les autorités ont annoncé un renforcement de la sécurité dans la région touchée. Certains bâtiments publics devront avoir plus de deux gardes désormais.

Alors que les investigations continuent, certaines théories prennent de l’ampleur, alors que l’attaque est toujours attribuée au groupe ADF. « Durant leur visite, les autorités ont dit qu’il y avait un conflit autour de la propriété de l’école », indique un habitant sur place. Or, dit-il, certains commencent à penser que la tuerie a pu être orchestrée par des gens mêlés à ce litige. Ce week-end, après le bain de sang, le président Museveni avait d’ailleurs mentionné des tensions autour de l’école, sans en dire plus…

Selon un activiste local, « les autorités cherchent à faire diversion, à masquer le fait qu’elles n’ont pas su protéger la population ». L’opposition est montée au créneau. Selon le parti FDC, l’école n’est qu’à 800m d’un commissariat et 2km d’une base militaire. « Le gouvernement doit prendre ses responsabilités. Si les autorités avaient bien fait leur travail et réagi rapidement, cette attaque n’aurait pas eu lieu », a estimé Robert Centenary, du FDC.

En parallèle, une autre polémique enfle : celle des compensations. Le pouvoir avait promis environ 1 200 euros pour chaque famille endeuillée. Trop peu selon plusieurs élus locaux et nationaux

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