04182024Headline:

Côte-d’Ivoire/ Le maire de la commune de KOUMASSI dans un gros scandale

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KOUMASSI/Gouvernance: Le maire N’dohi Raymond dans un gros scandale

Des personnes issues de plusieurs quartiers de Koumassi accusent le maire la Commune, N’Dohi Yapi Raymond, de les avoir spoliées de leurs terrains pour les vendre à d’autres individus qui ne seraient pas les vrais propriétaires.

Plusieurs quartiers de la commune de Koumassi sont concernés par cette situation qui prévaut depuis de longues années. Ce sont, entre autres, Houphouët-Boigny 1 (Koumassi nord-est) et Houphouët-Boigny 2 (Campement), Divo 3 (Zambakro). Selon le chef de la cité Houphouët-Boigny 1, Kouao Antoine, c’est au moment où feu le président Félix Houphouët-Boigny était encore au pouvoir en Côte d’Ivoire qu’ils ont acquis les terrains qui posent problème aujourd’hui. «Le problème qui nous mine ici, c’est que nos terrains nous ont été arrachés. Celui dont le terrain n’est pas arraché, il est confisqué.

Concernant le quartier Houphouët-Boigny, certains ont eu des lettres d’attribution et d’autres ont poussé jusqu’au titre foncier. Pourtant jusque là, nous ne pouvons pas construire parce que le maire a fait une mainmise sur le quartier.

Quel que soit ton titre, tu n’as pas le droit de construire. Et il a fait établir des attestations émanant de la mairie et ce sont ces attestations qu’il considère.

Lorsque nous allons à la conservation et que les vérifications sont faites, on voit que les terrains sont là mais on ne peut pas y construire. Les lettres d’attribution que nous avons sont signées par le ministre Tiapani. Raymond N’Dohi n’était pas maire à cette époque. Mais quand il est arrivé à la tête de la Mairie, toutes les lettres que M. Tiapani a délivrées, il ne les reconnaît pas. Ce sont ses attestations de mairie qu’il reconnaît en lieu et place des lettres du ministère, des titres fonciers.

Et c’est ce problème-là que nous avons au quartier Houphouët-Boigny (Koumassi nord-est)», explique-t-il longuement.

Kouao Antoine a aussi fait cas du quartier Divo 3 dont des populations ont été spoliées des terrains. «Il y a aussi le quartier Divo 3 (Zambakro).

Dans le temps, nous sommes allés voir les Ebrié pour leur dire qu’on voulait de cet endroit, ils nous ont dit que c’était inhabitable puisqu’il y avait de l’eau.

On a insisté et finalement ils nous ont donné la permission de construire. Et le monsieur à qui on s’était adressé a fait une lettre sur laquelle il a mis son empreinte digitale qui nous autorise à nous installer. Nous avons donc fait les remblais à nos propres frais et nous avons construit. Au lendemain de la guerre de 2002, quand le gouverneur d’Abidjan a demandé de nettoyer autour des casernes, le maire est allé voir le District d’Abidjan pour payer 1.200.000 FCFA pour qu’on lui donne la permission de nous déguerpir disant qu’il y avait des voyous parmi nous. Nous avons été déguerpis nuitamment. Dès qu’il a cassé nos maisons, il a amoncelé et aujourd’hui l’endroit est encore en chantier.

Dans le même temps, comme c’est le gouvernement qui avait demandé de chasser les gens autour des casernes, la Banque mondiale est venue nous recenser.

Elle nous a promis des terrains, nous avons tout fait mais jusqu’à présent nous n’avons rien eu. On aurait pu retourner sur nos terrains mais tout a été vendu par le maire», a-t-il poursuivi.

CONFLITS DE COMPETENCES

  1. Kouao a en plus souligné que ce sont les personnes qui ont les attestations de la mairie qui arrivent à construire alors que ceux qui ont les papiers ‘’authentiques’’ ne peuvent pas le faire de peur de voir leur bâtisse cassée. Concernant le quartier Houphouët-Boigny 2 (Campement), un des plaignants que nous avons également rencontré, a expliqué que c’est le premier président de Côte d’Ivoire qui, en son temps, a donné l’ordre d’attribuer les terrains de cette cité aux pauvres venus de Port-Bouët 2.

C’est à partir de cette décision que les voies ont été tracées. Tous ceux qui avaient donc leurs lettres d’attribution ont commencé à construire des baraques.

C’est ainsi que la Banque mondiale a demandé d’attribuer des bornes à plusieurs quartiers précaires dont la cité Houphouët-Boigny. «Nous avons vu que les Blancs sont venus borner le quartier. Le maire N’Dohi a profité de cette situation pour demander aux habitants de payer 300.000 Fcfa pour entrer en possession des papiers de leurs terrains. Mais nous avons remarqué que les lettres que nous avions reçues étaient toujours valables. Malgré cela, il y a certains parmi nous qui ont payé la somme indiquée. Et lorsqu’il a été réélu, M. N’Dohi a demandé aux gens de payer désormais 601.000 Fcfa, alors que ceux qui avaient déjà payé 300.000 Fcfa n’ont pas tous reçu leur lettre.

Nous refusons de payer l’argent qu’on nous demande parce que nous avons reçu gratuitement ces terrains et nous en avons les papiers. Nous ne voulons plus de la magouille», martèle Martial Konan, l’un des fils des premiers habitants des lieux. Déplorant tout le préjudice qui leur est causé, Rigobert Gnézé, un collaborateur du chef Kouao qui dit avoir son titre foncier, est revenu sur toutes les démarches entreprises afin de lui permettre de construire. Tout cela n’a visiblement rien donné puisqu’il n’a pas encore pu construire sa maison. Il explique d’ailleurs que c’est le maire de Koumassi qui l’empêche sur le terrain qu’il a acquis depuis plusieurs années.

Voici son récit : «Quand feu le président Félix Houphouët-Boigny était au pouvoir, nous nous sommes constitués en comité Ad hoc pour aller le rencontrer.

Et c’est lui qui nous a donné l’ordre de nous installer là. Pour les bornages, il nous a demandé de prendre un géomètre à notre propre frais. C’est ce que nous avons fait. Pour couper les bornes, l’argent est sorti de nos poches. Et en son temps, il ne voulait pas d’étrangers là-bas.

Donc tous les travaux ont été faits à notre propre frais. Moi par exemple, j’ai mon titre foncier, j’ai tout ce qu’il faut. J’ai commencé mes travaux et ils sont venus les arrêter. On me dit que je n’ai pas le droit de construire. Je suis parti à l’antenne avec mes papiers, le monsieur que j’ai trouvé sur place m’a dit : ‘’ce sont de ces papiers authentiques que nous avons besoin. Il y a des gens qui nous amènent des papiers de la mairie et ce sont eux qui ont le droit de construire. Entre les attestations de la mairie et les titres fonciers que le ministre Tiapani a signé, qu’est-ce qui a plus de valeur ?’’ Voilà le problème. Il y a le grand District qui m’a amené une convocation d’urgence me demandant de me présenter avec mes papiers afférents à mon lot. Je me suis rendu à Marcory à la zone non loin de Nescafé. On me demande mes papiers, je montre les mêmes papiers que j’ai présentés à l’antenne de Koumassi. On m’a dit que ce sont ces papiers qu’ils veulent. Mais ils ont posé la question de savoir pourquoi je n’ai pas fait le permis de construire et je leur ai dit que j’étais sans moyens et que c’est juste une maison basse que je voulais faire. Ils m’ont donc dit que je pouvais construire. J’ai payé tout ce qu’on m’a demandé de payer à cette occasion. C’est ainsi qu’ils ont mis un cachet sur la convocation et m’ont dit de montrer ce papier à toute personne qui voudra arrêter mes travaux. Mais jusqu’ici, le maire N’Dohi Yapi Raymond, puisque c’est de lui qu’il s’agit, m’empêche de construire. Il veut forcément qu’on paye 350.000 fcfa alors qu’on nous a dit que la nouvelle restructuration ne remet pas en cause les anciens titres fonciers.

Nous qui avons eu nos papiers auparavant, nous ne sommes plus concernés par ces droits». En clair, toutes les personnes avec lesquelles nous avons échangé n’ont cessé d’acculer le maire qu’ils accusent d’agir dans l’illégalité sans tenir compte des décisions qui ont été prises par le ministre Tiapani. Ils expliquent qu’ils ont même saisi la Cour suprême et que jusqu’à ce jour M. N’Dohi refuse de s’aligner sur l’arrêt de la Cour.

L’ETAT SOLLICITE

«Nous avons saisi la Cour suprême et la chambre administrative a traité les dossiers puisqu’il avait deux arrêtés de la mairie de Koumassi, un arrêté d’approbation et un arrêté d’annulation. La chambre administrative a approuvé l’arrêté d’approbation du plan de restructuration du quartier Houphouët car cet arrêté permet au maire de travailler dans le quartier mais l’arrêté de suspension des lettres d’attribution et des titres a été annulé. Donc si le maire a fini les travaux, il devait se retirer. Car la Chambre administrative a été claire, une restructuration ne remet pas en cause les anciens titres. Donc nos titres sont valables. Contrairement à cette décision, le maire a pris le même plan, changé la numérotation et il a vendu les terrains. Aujourd’hui, nous sommes dans des problèmes à cause de cette situation», a expliqué le chef de Divo 3, Kocoré Maturin. Vu toutes ces difficultés auxquelles ces populations disent être confrontées, Moussa Kamagaté, notable du chef des 19 communautés baoulé de la cité Houphouët-Boigny 2, a lancé un appel au secours à l’Etat ivoirien qu’il sollicite pour faire barrage au maire de Koumassi qui, selon lui, ‘’ne tient pas compte des problèmes que rencontrent ses administrés’’. «Nous voulons que l’Etat se saisisse de cette affaire. Nous avons des titres que le maire de Koumassi remet en cause et il nous a arraché nos terrains pour les revendre à d’autres personnes. Nous ne sommes pas d’accord et nous demandons que l’Etat arrête les travaux entamés sur nos terrains», a-t-il souhaité.

Face à ces accusations et autres plaintes de ces responsables de quartiers de Koumassi, nous avons approché les autorités de cette commune pour en savoir davantage sur cette affaire. C’est le Directeur de cabinet du maire, Wayoro Guy Charles, que nous avons eu au téléphone, le lundi 10 octobre 2016. Il a indiqué, dans un premier temps, que le maire ne pouvait pas vendre de terrains, avant de nous inviter à nous rendre à son bureau pour plus d’échanges. Ce que nous avons fait. Une fois sur place, ce dernier nous a mis en contact avec Assi Hortense du service juridique.

Nous avons commencé les échanges avec cette dame qui a expliqué que c’est le maire N’Dohi qui a voulu la restructuration des terres qui demande que chacun entre dans son périmètre et prévoit aussi la construction d’écoles, d’hôpitaux, etc. «Tout cela va faire des grincements de dents», estime-t-elle. Mme Assi qui, visiblement, était très occupée ce jour-là, nous a proposé un second rendez-vous, le mardi 11 octobre 2016, pour approfondir nos échanges. Mais lorsque nous l’avons jointe dans la matinée de mardi, elle a indiqué qu’elle nous rappellerait dans l’après-midi. Ne l’ayant pas fait, nous l’avons jointe à nouveau dans la journée du mercredi 12 octobre. Elle nous a laissé entendre que les agents de mairie étaient en grève pour trois jours et qu’elle ne pouvait nous recevoir que le lundi 17 octobre.

Avant de mettre cet article sous presse, nous n’avions pas encore obtenu de rendez-vous. Nous espérons néanmoins que la mairie de Koumassi pourra, dans les prochains jours, nous donner sa version des faits qui sont reprochés au premier magistrat de cette commune.

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