04202024Headline:

Côte d’Ivoire : Le “Piment-dollar” à Ferke, un business fructueux qui fait oublier la pauvreté

Les paysans de Ferkessédougou s’adonnent de plus en plus à la culture du piment qui se vend à prix d’or sur le marché local, a constaté l’AIP, dans les grands bas-fonds du quartier Bromakoté.

Les bas-fonds de Bromakoté, autrefois, occupés par des bananeraies par endroit, sont aujourd’hui des parcelles de cultures maraîchères comme la tomate, la laitue, le chou, etc.

Le piment, le nouveau gagne-pain des paysans

Depuis le début du mois d’octobre, le piment occupe d’importantes surfaces au détriment des autres légumes parce qu’il se vend à prix d’or sur le marché local ces temps-ci, ont indiqué des jardiniers.

« Depuis le jeudi passé, le prix est bon sur le marché local. Il se vend à 8500 frs la cuvette. Ce n’est que le début et ce prix va monter chaque semaine », a confié Tayirou Traoré, un cultivateur.

Tayirou et son oncle Issa Coulibaly cultivent le piment malgré le problème d’eau qui se fait sentir dans les bas-fonds, à cause de l’arrêt inattendu de la pluie.

« Dans les prochaines semaines, le prix va passer à 15.000 FCFA et jusqu’en mars, le piment sera tellement rare que le prix de la cuvette ou du sac passera  à 25.000 FCFA. La culture du piment est très juteuse », a renchéri Issa qui soutient que le « piment-culteur »  gagne dans cette période mieux qu’un fonctionnaire.

« Un quart d’hectare peut lui rapporter suffisamment d’argent pour se construire une maison et s’offrir des loisirs. La culture du piment n’est pas ingrate », a-t-il soutenu.

Une culture adaptée aux bas-fonds

Selon les cultivateurs des bas-fonds, c’est en période de sécheresse que le piment qui aime être arrosé se fait rare, d’où la montée des prix sur le marché local. Les bas-fonds, une fois creusés, regorgent du potentiel d’eau requis pour sa croissance.

« Mais le piment ne pousse pas seulement que dans les bas-fonds. Il réussit encore plus sur les terrains jonchés de termitières, le problème, il faut beaucoup l’arroser, c’est l’avantage qu’ont les gens des bas-fonds par rapport à nous », fait savoir Souleymane.

« Il faut juste de l’eau, car la plante en demande suffisamment de l’engrais et un suivi quotidien pour réussir son piment et le vendre très bien sur le marché local », a-t-il dévoilé.

Pour lui, « c’est à cette période d’octobre à avril que les paysans qui s’adonnent à la culture du piment deviennent des riches à Ferkessédougou ».

Les riches du piment ou les « piments-dollars »

Les exportateurs font plus d’affaires que le paysan mais déjà sur le marché local, ce dernier ne se plaint pas de ce qu’il gagne du fruit de ses labeurs. Les paysans qui font plus de récolte se font beaucoup d’argent et s’offrent tellement de loisirs que certains ont obtenu le sobriquet de  « piments-dollars ».

« Les piments-dollars » est une appellation péjorative, quasi-ironique donnée à des paysans qui font la belle vie du fait de la richesse inespérée qu’ils ont gagnée grâce au piment. Ils s’offrent des maîtresses en ville et leur louent des maisons qu’ils meublent pour elles, y passent du bon temps, oubliant leurs familles au village.

Aujourd’hui, cette appellation tant à disparaître, certains parmi eux, ayant compris leurs erreurs, soit désillusionnés par la vie en ville, soit raisonnés à temps par la famille. Mais il n’en demeure pas moins que d’autres se dorent encore la pilule quand la période de récolte du piment arrive.

« C’est une activité à laquelle devraient s’adonner les jeunes qui n’ont pas d’emploi. Il leur suffit de se mettre en coopérative, de disposer de bas-fonds, d’une motopompe pour arroser régulièrement leur piment », a conseillé M. Coulibaly Issa. Il a affirmé avoir pu s’offrir  une grosse moto toute neuve d’une valeur de 500.000 FCFA alors qu’il n’avait qu’un vieux vélo quand il commençait cette activité.

AIP

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