Dossier/Placement d’argent en Côte d’Ivoire (Acte 1): Comment le régime Gbagbo a grugé les Ivoiriens
Le E-business ou placement d’argent en Côte d’Ivoire n’a pas encore fini de révéler tous ses secrets. Plus de 6 ans après la fin du régime de Laurent Gbagbo, les victimes de cette vasteescroquerie, n’ont pas encore séché leurs larmes et continuent de réclamer justice. Enquête sur une affaire qui a rendu malheureuses près de 2 millions de personnes sous le règne de l’ex-refondation de Laurent Gbagbo.
En septembre 2002, éclate une crise militaro-politique en Côte d’Ivoire. A cette époque, c’est le Président Laurent Gbagbo qui est au pouvoir. Plusieurs mois après l’éclatement de cette crise sans précédent, les Ivoiriens vont voir naitre de nouveaux établissements appelés maisons de placement d’argent. Citons pêle-mêle ABG inter, JESA, Plan-net inter connexion, ZKM pour ne citer que celles-là. Et un peu plus tard dans le courant des années 2004-2005, ces maisons pousseront comme des champignons. Selon l’Association des souscripteurs en E-business de Côte d’Ivoire (ASEB.CI), on pouvait dénombrer plus d’une soixantaine de maisons de placement d’argent.
Des bénéfices de 50 à 150% promis
Ces maisons promettaient des bénéfices allant de 50 à 150% à leurs souscripteurs sur le capital investi par ceux-ci. Vous comprenez que la situation de crise que vivait le pays avec son corollaire de misère et du gout à la facilité vont pousser de nombreuses personnes à souscrire dans ces boites. Ainsi plus de 2 millions de personnes se feront avoir par ces bandits à col blanc avec la complicité avérée du régime Gbagbo. Dès les premières années en effet, ces boites vont s’installer au vu et au su des autorités sans qu’elles ne soient inquiétées. Ces banques volantes, selon les termes du pouvoir d’alors, vont fonctionner normalement. Certains prometteurs iront même à respecter leurs engagements vis-à-vis de leurs clients jusqu’à ce que le 10 avril 2006, le gouvernement produise un communiqué traitant ces structures de ‘’banques volantes’’ et demandent aux Ivoiriens de s’en méfier. Débute alors le malheur des millions de personnes qui avaient déjà souscrit.
La descente aux enfers des souscripteurs
En prenant une telle initiative, le gouvernement d’alors devrait prendre des mesures pour faire en sorte que tous ceux qui avaient déjà investi, puissent rentrer en possession de leurs fonds. Car le rôle de l’Etat, en plus d’interpeller les malfrats, est avant tout la protection des biens et des personnes. Comment comprendre que les ex-refondateurs n’aient rien fait pour empêcher ces voyous d’exercer et c’est après 3 ans, c’est-à-dire au moment où presque le quart de la population ivoirienne ait investi, qu’une telle décision est prise. Aucune mesure n’a été prise à l’encontre des patrons de ces boites pour les contraindre à dédommager leurs clients. L’environnement dans lequel les opérations étaient menées, ne pouvaient que rassurer le souscripteur ou le citoyen lambda. Car devant toutes les boites, des gendarmes et policiers assuraient la sécurité des travailleurs et des clients qu’ils accueillaient.
Des barons du FPI cités
Certains agents commerciaux n’hésitaient pas sur le terrain à utiliser le nom de certains barons de l’ancien régime pour mieux appâter leurs clients. C’est ainsi que l’on attribuait la maison Nat-Sarl située alors aux II-Plateaux-Sococe, à Simone Gbagbo ; et cela, était su de tous. Selon des sources, cette maison serait la dernière née des maisons de placement d’argent. Pendant que les autres fermaient, il n’était pas rare d’entendre dire qu’elle était la plus fiable parce qu’elle appartenait à la l’ex-Première Dame. D’ailleurs pour corroborer cela, ce sont des gendarmes de l’UGN à Agban qui y assuraient la sécurité, dit-on. On parle même d’un des frères du promoteur, un certain Toh Amedé, qui convoyait tous les soirs l’argent des clients de la boite Nat-Sarl chez Simone Gbagbo. Un agent des forces de l’ordre qui, selon des indiscrétions, vivrait aujourd’hui dans une opulence qu’un gendarme ordinaire ne peut s’offrir par le fait de son simple salaire. Ce fut pareil pour la maison Hosana Prestige dirigée par Koffi Paterne qui appartenait en réalité à BohounBouabré. La maison Ceve et Senewe Gold était parrainée par le prophète Koré Moïse, un des barons du régime Gbagbo. Vous comprenez pourquoi, Michel Amani N’Guessan ministre de la Défense d’alors, confiait lors d’une rencontre avec les responsables del’Association des souscripteurs en E-business de Côte d’Ivoire, que le dossier sur les placements d’argent, était : « un panier à crabes où l’on peut trouver des scorpions, des serpents et toutes sortes de reptiles dangereux. Par conséquent, dis ait-il, s’il essayait d’intervenir, il perdrait son poste ». Un aveu qui vient confirmer l’implication au plus haut sommet des ex-refondateurs dans cette affaire savamment planifiée avec les prometteurs de ces banques volantes pour escroquer des millions de personnes. Nous y reviendrons !
Junior Ouattara
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