La zone Franc fête depuis quelques jours ses 40 ans d’existence. L’union monétaire de l’Afrique au Sud du Sahara a tenu bon malgré les vents et marrées qui l’on secoués. Elle a plié les genoux en janvier 1994 ou elle connut sa deuxième dévaluation, la première datant de 1948. La zone franc est parmi les unions monétaire les plus vieilles et plus stables du monde. Quarante ans après ses pays membres connaissent cependant de différents destins. Pendant que certains expérimentent une croissance assez remarquable, d’autres sont condamnées à lutter contre les vieux démons de l’instabilité économique. Cet article justement a pour but de passer en revue les forces et faiblesse de cette union monétaire à taux de change fixe.
La Moitié des Pays dits « Fragiles » sont membres de la zone Franc
Le FMI dans son dernier rapport régional sur les pays de l’Afrique au Sud du Sahara classifie 6 pays de la zone franc appartenant au groupe des pays dits fragiles. Ces pays sont les suivants : La Cote d’Ivoire- la Guinée- la Guinée Equatoriale-le Togo-la République Centrafricaine-les Iles du Comores. Une analyse détaillée de ces six pays, indique que cette fragilité est plus tôt liée au fonctionnement des institutions ; à la sécurité et non pas forcement aux fondements macroéconomiques. L’union monétaire a sans doute consolidée les acquis économiques sans pour autant permettre d’asseoir sur quarante ans la stabilité socio-politique.
Faibles Performances inter et inter-régionales en terme de PIB :
Quand on compare les performances inter-régionales (PIB par tête de 2001 à 2011) de la zone franc vis-à-vis des autres groupes régionaux, il se dégage un constat clair : La zone franc est globalement l’economie la moins performante. Entre 1997 et 2011 le PIB par tête des pays de la zone franc en moyenne (1.85) a été inférieur à celui des pays de la SADC (2.25), la EAC5 (2.7).
Au sein même de l’union monétaire, l’on remarque une certaine hétérogénéité de la croissance. L’UEMOA qui regroupe les pays de l’Afrique de l’Ouest se range derrière le CEMAC qui est Le seul groupe qui s’élève au-dessus du lot avec une croissance moyenne de 3.4 entre 1997 et 2011. Le poids lourd des pays exportateurs de pétrole tel que le Gabon, le Tchad, la République du Congo, la Guinée Equatoriale et le Cameroun explique l’hégémonie du CEMAC.
La bonne maitrise de I ’inflation : Un trait caractéristique du succes de l’union monétaire.
Le faible niveau de l’inflation des pays de la zone Franc CFA comparée à celui des autres pays de l’Afrique est un exemple qui revient très souvent sur le bout des lèvres des analystes. Cette bonne gestion de l’inflation provient de la politique monétaire commune émanant du régime du taux de change fixe. Les deux banques centrales BCEAO (Ouest Africain) BCEAC (Est Africain) veillent au grain a la création de monétaire tant au niveau centrale que nationale en imposant des taux de réserves obligatoire appropriées. Le tableau ci-dessous convaincra les sceptiques !
Taux d’Inflation | 1997-2002 | 2004-2012 |
Zone Franc | 2.7% | 3% |
COMESA | 41.4% | 12.24% |
SADC | 21.4% | 7% |
Tableau 1 : Inflation et les groupements économiques régionaux
Les Réserves en Devises
Compte tenu de son régime de taux de change fixe, la zone Franc-CFA doit être en mesure de détenir dans son coffre-fort une bonne quantité de devises étrangères pour soutenir la parité fixe. Quand cette condition n’est pas remplie, il y a de forte chance que cela conduise à une dévaluation de la monnaie. Cela a été l’une des raisons de la dévaluation de 1994 ou le déficit jumelé (budgétaire/commercial) a épuisé le stock de réserves.
Mois de RéservesEn devise | 1997-2002 | 2004-2012 |
Zone FrancUEMOA
CEMAC |
2.23.3
0.9 |
4.45.8
4.6 |
COMESA | 2.4 | 2.9 |
SADC | 3.4 | 4 |
Tableau 2 : Réserves en devises et groupements économiques régionaux. La pratique impose un stock de réserves en devises de 3 mois pour les régimes de taux de change flexible. Je préfère allouer un stock de 4 à 6 mois pour les régimes de taux de changes fixes.
Entre les périodes 1997-2002 et 2004-2012, la Zone Franc a pratiquement doublé son stock de réserves qui passe de 2.2 à 4.4 mois. Au niveau régional, l’UMOEA (5.8 Mois) apparait comme étant le plus nantis en réserves. Le CEMAC dont les membres sont de gros exportateurs de pétrole (gains en devises) a paradoxalement un faible stock de réserves par rapport à l’UEMOA. Cela pourrait être expliqué par la forte volatilité du stock de devises due à un niveau élevé de transaction financière internationales net.
Ou en est la vielle dame après ces quarante bougies ? La zone franc tient le bon bout quand son partenaire privilégié la zone euro se bat pour sa survie. Beaucoup de langues, cependant ne cessent de remettre en doute sa viabilité et son rattachement à l’euro qui est en eaux troubles. Faut-il laisser les pays membres avoir total contrôle de leur monnaies ? Faut-il continuer à s’accrocher à la parité fixe ou laisser le marché de changes dicter la valeur du Franc CFA vis-à-vis de l’euro ? Quelle sera le visage de la zone franc dans les 10 prochaines années? Violentes Questions !
Francis Konan
Economiste,
Chargé de Politique Economique « Les Afriques »
Diplômé de l’Institut des Etudes Avancées de Vienne, Diplômé de l’Université d’Economie et de Gestion de Vienne-Autriche
UEMOA : Union Economique Monétaire Ouest Africain
CEMAC : Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale
COMESA : Marché Commun des pays de l’Afrique de L’Est et du Sud (Common Maret for Ester and Soutier Arica (COMESA))
SADC : Communauté de Développement Economique des pays au Sud de l’Afrique.