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Leadership dans l’Union économique ouest-africaine, ces secteurs dans lesquels Dakar a pris de l’avance.

Dans sa publication N°3005-3006 du 12 au 25 août 2018, l’hebdomadaire panafricain Jeune Afrique a fait une étude comparée des économies de la Côte d’Ivoire et du Sénégal, deux pays qui semblent se disputer le titre de première puissance de la sous-région d’Afrique de l’Ouest francophone.

D’abord, en termes de performances économiques, il est clair que la Côte d’Ivoire tient le haut du pavé depuis la sortie de crise avec la relance économique en 2012 (plus de 9 % de croissance annuelle entre 2012 et 2015). Toutefois, le Sénégal rêve de détrôner la Côte d’Ivoire. Son optimiste est motivé sans doute par les études prospectives du Fonds monétaire international (Fmi) qui prévoient une croissance annuelle moyenne de 7 % sur la période 2016 – 2020. En plus, il y a l’entrée en production (dès 2022) des champs gaziers découverts au large de Saint-Louis. Selon les estimations, ce sont 128 milliards d’Euros (plus de 83 000 milliards de Fcfa) que le Trésor public sénégalais pourrait engranger en trente ans d’exploitation.

Mais les Sénégalais parviendront-ils à réaliser leur rêve ? Surtout quand on sait que les Ivoiriens sont à la tâche pour concrétiser une vision : celle de l’émergence du pays à l’horizon 2020. La Côte d’Ivoire, en effet, mise sur ses richesses agricoles, la taille de sa population (notamment la classe moyenne) et de son économie, l’importance de son secteur manufacturier, ses capacités logistiques en plein renforcement, etc.

Déjà, du point de vue des perspectives de croissance, la Côte d’Ivoire, premier pôle économique de l’Union économique et monétaire Ouest-africaine (Uemoa) et troisième de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) derrière le Nigeria et le Ghana, continue d’afficher de bons résultats. La Côte d’Ivoire maintient un niveau de croissance soutenue de plus de 7 %. Et ses exportations (10,3 milliards de Dollars en 2016, près de 6 000 milliards de Fcfa) représentent trois fois celles de son rival sénégalais. Seulement, le pays de la Téranga, à la différence de la Côte d’Ivoire dont les exportations restent fortement dépendantes du cacao (53,5%), connaît une diversification de ses produits d’exportation. Entre autres l’or (14%), le pétrole raffiné (12%), le poisson surgelé (8,7%).

Finances. En matière de gestion des finances publiques, la Côte d’Ivoire semble être un bon élève aux yeux des institutions de Bretton Woods. Tandis qu’Abidjan a un niveau d’endettement estimé à 42,8 % du Pib au premier semestre 2018 avec un déficit budgétaire maîtrisé (4,5 % en 2017), le Sénégal flirte avec les 61 % (2017) de taux d’endettement. « In fine, la gestion rigoureuse des finances publiques par Alassane Ouattara (..) semble ici donner l’avantage à la Côte d’Ivoire », analyse J.A.

Sur la question des capacités logistiques, « la Côte d’Ivoire dispose d’une nette longueur d’avance sur le Sénégal en tant que plateforme régionale pour l’Afrique de l’Ouest », le port d’Abidjan, étant le leader régional devant Lagos et Dakar. C’est sans compter avec la voie ferrée (Abidjan-Ouaga, 1260 km) qui permet de transporter par an 800 000 tonnes de marchandises et 200 000 passagers. A l’opposé, celle de Dakar qui mesure 1286 km, permet le transport d’à peine 6 000 tonnes de fret par an. Malgré la performance de sa plateforme logistique, Abidjan a engagé depuis 2015 des travaux de réhabilitation et de renforcement de ses ports. Dakar, il faut également le souligner, a lancé un programme de remise à niveau de ses infrastructures de transport.

Secteur privé. Un autre critère de la suprématie du pays d’Houphouët-Boigny dans la sous-région ouest-africaine, c’est le dynamisme de son secteur privé. « Le secteur privé ivoirien est l’un des plus dynamiques et diversifiés de la sous-région (…) », affirme Tiémoko Meyliet Koné, gouverneur de la Bceao, tel que rapporté par J.A. Ce secteur privé contribue à lui seul à la formation du Pib à hauteur de 77, 9 % (2017), concentrant près de 70 % des investissements. De son côté, l’économie sénégalaise, apprend-on, s’est quant à elle longtemps reposée sur le secteur public, la plupart des grands industriels du pays ayant émergé à la fin des années 90. « Les deux principaux regroupements patronaux (sénégalais) n’ont ni le même poids, ni la même influence que leurs homologues ivoiriens », fait remarquer l’hebdomadaire panafricain.

Cela dit, le Sénégal enregistre tout de même des pas d’avance sur la Côte d’Ivoire, par exemple au niveau de la gestion administrative. Le pays est crédité d’une bonne organisation de son administration, où « les services fiscaux et douaniers jouent un rôle essentiel », puisque les impôts et taxes comptent pour environ 60 % dans la formation du budget. « La Côte d’Ivoire est plus encline à se suffire des recettes d’exportation tirées de ses richesses agricoles, contrairement au Sénégal, contraint de valoriser au maximum son potentiel fiscal pour financer son budget », constate notre source.

Gouvernance. Sur la question de la gouvernance, la Banque mondiale attribue la note 29,9 sur 100 à la Côte d’Ivoire et 36,5 au Sénégal (classement 2016) pour l’efficacité gouvernementale. Pour la qualité de la régulation, c’est encore le Sénégal qui est en tête avec 49, contre 39,9 pour la Côte d’Ivoire. Quant à la lutte anti-corruption, l’écart est encore plus grand avec 27,3 pour la Côte d’Ivoire contre 31,6 pour le Sénégal. « Cette analyse prête de meilleures capacités institutionnelles au Sénégal qu’à la Côte d’Ivoire », lit-on. Sur le plan politique, également, le Sénégal a pris l’avantage sur la Côte d’Ivoire, qui a connu une longue période de crise. Aussi, après le retour à la normalité dans le pays, les tensions sociales et politiques continuent-elles de marquer l’actualité nationale.

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J.A. évoque un autre indicateur qui est la « répartition des richesses et de la croissance ». Là encore, la balance est en faveur de Dakar. « Malgré sa bonne santé économique, la Côte d’Ivoire demeure confrontée à une forte pauvreté et à d’importantes disparités sociales », avance le magazine. Même constat au titre de « l’emploi et la formation », où, dit-on, les rivaux ont les mêmes besoins. Toutefois, une analyse de la disponibilité des centres de formation laisse dire à l’hebdomadaire que « le Sénégal semble mieux armé pour former une main-d’œuvre à ces nouveaux besoins ».

En définitive, bien que les deux pays entreprennent des réformes pour améliorer leur positionnement dans la sous-région, l’environnement des affaires en Côte d’Ivoire semble intéresser plus les investisseurs étrangers. Sur la période 2012 – 2017, la Côte d’Ivoire totalise près de 5 000 milliards de Fcfa d’Ide (Investissements directs étrangers) contre à peu près 3 000 milliards de Fcfa pour le Sénégal.

Elysée LATH

linfodrome.com

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