Dans une interview qu’il a accordée à Jeune Afrique dans sa parution N°3013 du 7 au 13 octobre 2018, le directeur général adjoint de Bolloré transport et logistics (Btl), Philippe Labonne, a donné des explications sur l’attribution, à la firme française, du deuxième Terminal à conteneurs d’Abidjan (Tc2), qui, apprenait-on, souffrirait d’irrégularité.
En effet, Philippe Labonne explique que le Tc2 a été attribué à l’issue d’un appel d’offres « très disputé ». Et que la proposition de Btl a été retenue parce qu’elle anticipait au mieux la reprise de l’économie ivoirienne. « C’est notre connaissance du terrain, de son attractivité régionale et des grands flux maritimes qui nous ont permis de faire l’offre la plus audacieuse », a-t-il explicité. Selon lui, le défi pour les opérateurs du secteur présents en Afrique consiste à être en mesure de faire jouer les économies d’échelle pour faire des terminaux du continent de véritables leviers de croissance pour leur pays. Pour cela, les prestations sur les quais doivent, à l’en croire, être fournies à un prix compétitif, « comme c’est le cas à Abidjan ».
Par ailleurs, Btl estime que ses contrats sont transparents. Quant à ceux qui taxent la firme de pratiquer des tarifs chers comparés aux concurrents, M. Labonne affirme : « Nos tarifs sont réglementés et bien souvent publiés dans les appels d’offres. Nous n’avons aucun intérêt à proposer des tarifs élevés. Au contraire, c’est en proposant une logistique performante, au meilleur prix, que nous attirons les volumes qui nous rendent compétitifs ». Il a saisi l’opportunité pour relever les freins à la compétitivité du secteur de la logistique en Afrique, qui, selon lui, relèvent essentiellement des coûts additionnels autour du port, liés notamment à la congestion urbaine. « Notre priorité, aujourd’hui, c’est la transformation des comportements logistiques en Afrique », a-t-il indiqué. Pour ce faire, Philippe Labonne a rappelé que depuis 10 ans, la firme à investi près de 300 millions d’Euros (plus de 196 milliards de Fcfa) chaque année pour améliorer la qualité des infrastructures et accroître l’attractivité du continent. « Or, si nous avons réussi à pallier cette déficience portuaire en Afrique, nous ne sortons toujours pas les marchandises des terminaux de manière satisfaisante. Quand, en Asie, un conteneur reste en moyenne trois jours, les temps d’attente sont cinq fois plus longs en Afrique », se désole un tant soit peu M. Labonne.
N’empêche, les investissements se poursuivent, en collaboration avec les États, pour corriger tous ces dysfonctionnements. C’est, par exemple, le cas au Port d’Abidjan, où des travaux de modernisation et d’extension sont en cours. Dans ce cadre, le Tc2 concédé à Btl va démarrer ses opérations en 2020. A ce jour, le chenal d’accès a été porté à une profondeur de 18 m et les travaux au titre du terminal roulier sont également achevés. Les quais et la plateforme brute du prochain Tc devraient être livrés en 2019. Le concessionnaire se donne jusqu’en 2020 (soit un an après la livraison) pour terminer l’équipement des 35 hectares de la plateforme. Le Tc2 aura une capacité de traitement de 1,5 million d’Evp (Equivalent vingt pieds) par an, soit le double des volumes actuellement conteneurisés traités à Abidjan.
Elysée LATH
jeune afrique