04242024Headline:

« Vincent Tout-puissant (Afrique, politique, Canal+, réseaux Vivendi): L’enquête que Bolloré a voulu empêcher.

« Vincent Tout-puissant (Afrique, politique, Canal+, réseaux Vivendi) : L’enquête que Bolloré a voulu empêcher ». C’est le titre de l’enquête exclusive publiée par des journalistes français, Nicolas Vescovacci (l’un des réalisateurs du documentaire sur le Crédit Mutuel-Cic, actuellement journaliste à l’agence Premières Lignes pour le magazine de France 2 Cash investigation) et Jean-Pierre Canet (qui était rédacteur en chef du documentaire sur le Crédit Mutuel-Cic, rédacteur en chef du magazine de France 2 Envoyé spécial saison 2016-2017 et co-fondateur de Cash investigation). Et dont L’inter a reçu copie de la version numérique. Au-delà de l’idée de vouloir « comprendre les motivations de cet industriel français (Vincent Bolloré, Ndlr) entré dans nos vies professionnelles par effraction, au mépris, croyons-nous, de certaines règles éthiques et démocratiques », les enquêteurs ont poussé loin leurs investigations. Ils se sont intéressés à « ses méthodes, ses réseaux, ses ambitions » tant en France, en Europe qu’en Afrique. Les activités de Bolloré en Côte d’Ivoire, particulièrement, n’ont pas échappé à cette fouille minutieuse dans la vie de ce riche homme d’affaires français.

Trafic d’influence. Dans le chapitre intitulé : ”Des affaires en « Françafrique »”, l’enquête de 284 pages démontre comment entre 2007 et 2012, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, le groupe Bolloré a connu un développement fulgurant de ses activités, particulièrement dans la branche transport et logistique. Un tel succès, les enquêteurs l’attribuent in fine à ses « relations de pouvoir et d’intérêt avec certains chefs d’Etat africains, et (…) avec les deux derniers présidents français ayant précédé Emmanuel Macron, Nicolas Sarkozy (2007-2012) et François Hollande (2012-2017) ainsi que leurs entourages ». L’on apprend, en effet, qu’avec l’arrivée au pouvoir de Sarkozy (en France), Vincent Bolloré s’est retrouvé en situation extrêmement favorable. « Entre 2007 et 2012, le milliardaire breton obtient plusieurs concessions portuaires très convoitées en Afrique », lit-on. L’enquête évoque les terminaux à conteneur des ports d’Abidjan et de San Pedro, ainsi que de bien d’autres pays d’Afrique. Le président Nicolas Sarkozy l’aurait-il aidé à acquérir ces concessions ? Officiellement, il se serait juste contenté d’inciter les chefs d’Etat africains à privilégier la France sans accorder de faveur particulière au groupe Bolloré, rapporte l’ouvrage. « Pour certaines de nos sources, l’amitié ‘’Sarkozy-Bolloré’’ aurait bien joué en faveur du milliardaire breton », exposent les enquêteurs, qui ne manquent pas de mettre en évidence le fait que Bolloré « règne en maître au port d’Abidjan ».

Le document révèle également que l’homme d’affaires a été entendu par la Brigade financière (Paris) sur ces affaires de concessions portuaires africaines. En effet, il répondait à une plainte contre X déposée en 2012 pour des faits de « trafic d’influence et de corruption ». « Depuis, cette plainte a permis l’ouverture d’une information judiciaire pour les mêmes chefs d’inculpation dans ces affaires de concessions portuaires au Togo, au Gabon, en Côte d’Ivoire et au Cameroun », expose l’enquête. En clair, l’homme d’affaires français était soupçonné d’avoir commis les infractions de corruption d’agents étrangers et trafic d’influence sur la période 2003-2011, selon qu’il aurait été informé par le commandant de police de la brigade financière qui conduisait l’interrogatoire. « Nous terminons cet ouvrage sans lui (Vincent Bolloré, Ndlr), là où nous aurions pu sans doute le croiser, à la tour Bolloré, le siège de son groupe à Puteaux (Hauts-de-Seine). Il ne l’a pas souhaité. Nous le regrettons », ont conclu les investigateurs.

En développement. Le groupe français Bolloré Transport & Logistics (Btl) est bien implanté en Côte d’Ivoire. Il a réceptionné le 20 février 2018, sur sa base logistique du port d’Abidjan, un nouvel entrepôt de stockage de 10 000 mètres carrés et une station d’empotage de fèves de cacao destinées à l’exportation. Ces ouvrages représentent un investissement de plus de 6 milliards de Fcfa. Ils permettront l’augmentation des exportations en vrac de cacao dans des conditions de qualité. Le groupe français est concessionnaire du terminal à conteneurs 1 du port d’Abidjan, qui lui permet de collecter plus de 420 milliards de Fcfa de recettes fiscales pour le compte de l’État, selon les chiffres officiels. Il a, en outre, remporté, en 2013, la concession du deuxième terminal, représentant un investissement de 380 milliards de Fcfa de l’État de Côte d’Ivoire. Btl et ses partenaires prévoient d’investir 160 milliards de Fcfa pour l’installation des équipements et de la logistique. Bolloré Transport & Logistics a prévu de poursuivre son développement à Abidjan avec une deuxième base logistique, dans la nouvelle zone industrielle de Yopougon, où il a récemment acquis un terrain de 40 hectares.

Élysée LATH

 

abidjan.net

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