Le quartier « Gonzagueville », dans la commune de Port-Bouët, a enregistré un crime qu’il ne serait pas exagéré de qualifier de gratuit. Un homme a été abattu pour presque rien.
Les faits tragiques se sont produits dans la nuit du vendredi 19 au samedi 20 juin 2015. En effet, nos sources expliquent que l’ambiance est d’ordinaire dans un bar climatisé situé à la Rue Dieudonné. C’est le ballet de bouteilles sur des tables. C’est aussi le spectacle répugnant de clients aux mains baladeuses qui se permettent de peloter des serveuses qui, en pensant au gain, ravalent leur colère.
On en est là, quand deux jeunes gens, loin de montrer des signes de criminels avérés, font leur entrée dans le bar climatisé. Ils consomment de l’alcool pour 5 000 F Cfa et payent. Il est environ 2h du matin. L’un d’eux se lève et va se tenir à l’entrée du bar. L’autre approche l’une des serveuses répondant aux initiales K.P. et exige d’elle le fric qu’ils viennent de payer à l’instant après leur consommation. La jeune fille n’y comprend rien. Elle rétorque qu’il n’y a plus un seul centime à leur donner. Les 5 000 F Cfa représentant la facture de leur consommation. Sur ce, le curieux client empoigne la serveuse et la projette violemment sur le plancher.
Un autre client, le nommé Tapé Anicet qui suit la scène, n’accepte pas une telle violence gratuite. Qui de plus, à l’endroit d’une jeune fille qui ne fait pourtant que son boulot. Il demande à l’individu, ce qui peut motiver son acte ? Hélas, si Tapé Anicet savait à qui il avait affaire, il se serait sans doute retenu. Là, en tout cas, l’homme qui vient de violenter la serveuse, lui lance dans un français approximatif, violant toute règle grammaticale : « Ah bon, c’est toi qui est garçon quoi ! ». Sur ce, il sort subitement un pistolet automatique. Et à bout portant, il tire sur Tapé Anicet à moins d’un mètre de lui. Il l’abat sur le champ. Les autres clients sont médusés. Et posant ensuite fièrement son pied sur le cadavre de Tapé Anicet, comme le feraient des chasseurs avec des bêtes qu’ils viennent d’abattre, il débite un autre discours tout aussi effrayant. « Vous tous qui êtes ici, savez-vous combien de personnes j’ai abattues pendant la crise post-électorale ? Vous allez voir ! Alors, si vous ne voulez pas subir le sort de ce b…qui est couché là ( le pauvre Tapé Anicet), déposez tout ce que vous avez comme biens sur vos tables. Et comme nos chefs ne veulent pas payer notre argent, c’est comme cela que nous on se paye sur le terrain ! ». Mais qui sont ces chefs ? Et de quoi parle-t-il ?
Au même moment, arrive le jeune Bamba Mamoud qui est loin de savoir que le bar climatisé est « miné ». Une fois à l’entrée, il est accueilli par le second malfaiteur, assurant le guet. Ce dernier prend une bouteille qu’il casse. Et le tesson, il l’enfonce avec violence dans la joue du jeune garçon de 17 ans. Le blessant grièvement avec tout ce sang qui gicle. Après quoi, il fonce sur les tables et glisse dans son sac en bandoulière, téléphones-portables, argent, bijoux…. dont se sont débarrassés les pauvres clients qui ne veulent pas se faire tuer. La caisse du bar, les scélérats ne l’ignorent pas. Ils la vident également de tout son contenu avant de prendre enfin la fuite.
Quelques instants plus tard, alertées, les forces de police arrivent sur place. Un constat est fait. Bamba Mamoud, blessé gravement, est évacué dans un centre hospitalier. Le corps de Tapé Anicet, mort pour avoir défendu une jeune fille, est pour sa part transféré par les services des pompes funèbres, à la morgue de l’hôpital général de Port-Bouët. Les éléments de la police investissent tout de suite toute la zone où le crime a été commis. Une battue est organisée en vue de retrouver les deux malfaiteurs. Peine perdue hélas. Toutefois, les enquêtes sont en cours, pour retrouver les tueurs qui disent « se payer sur le terrain ». Leur arrestation permettra sans doute de décrypter leur discours.
KIKIE Ahou Nazaire
linfodrome.com