“Ici rien n’existe pour sauver de vie” affirment les témoins . Au centre hospitalier universitaire de Yopougon, l’environnement macabre contraste outrageusement avec la réputation de la commune dite “quartier de la joie” à Abidjan la capitale économique, comme constaté sur place par KOACI.
Infestés de souris, de cafards et de moisissures, la majorité des bâtiments sont proches de la décrépitude. Les locaux et les équipes de soins sont laissés dans une insalubrité et une vétusté, témoignant manifestement d’un irrespect des malades et des personnels.
Chaque jour les morts se succèdent dans une chaîne infernale, qui s’est progressivement établie entre le service des urgences qui nous a été donné de visiter, et la morgue du Chu. Comme en témoignent d’ailleurs plusieurs parents de malades ” Quand on arrive avec un malade aux urgences, les conditions dans lesquels il se trouve, grossissent notre désespoir et effectivement après quelques efforts des infirmiers sous équipés, les pompes funèbres s’emmènent pour débarrasser le corps”.
Sanitaires bouchés, moisissures sur les murs et bureaux de consultation, draps souillés, manque d’équipements au service des urgences chirurgicales …récemment de nombreuses images publiées sur les réseaux sociaux ont jeté une lumière crue sur l’état de cet hôpital public ” de niveau supérieur “. Lesquelles ont suscité un véritable tollé sur le web.
Pire, en raison d’une panne du centreur lumineux le service de radiologie est infonctionnel à ce jour. Les malades gisent alors au sol, comme constaté. Les couloirs grouillent de monde à travers une longue file d’attente. Sans compter que la ventilation est défaillante, et existe pour une vingtaine de lits une seule douche.
” Chaque fois qu’on se plaint, la direction nous répond qu’il n’y a pas assez de moyens” livre un agent du service avant de poursuivre . “Le seul pouvoir qui reste aux docteurs et infirmiers, c’est la confiance des malades. Ils risquent de la perdre à force d’exercer dans des conditions indignes”
Les conditions d’hygiène et le manque de matériel auxquels est confronté le chu deYopougon sont tels qu’ils mettent réellement en danger la vie des patients. ” Assez souvent les parents nous rendent responsables des morts et, nous sommes agressés à longueur de journée”, déplore un autre agent ” alors que comment pouvons nous imaginer un service d’urgence sans paire de gants”.
Pour beaucoup de parents leChu deYopougon est devenu un mouroir. ” Ici toutes les conditions ne sont pas réunies pour sauver des vies” confirment plusieurs, en plus de dénoncer le mauvais comportement des médecins qui n’éprouveraient aucune empathie pour les malades.
Le centre hospitalier universitaire deYopougon a été inauguré en 1990. Malheureusement en raison d’une défaillance dans le système sanitaire, son évolution n’a jamais été adaptée aux réalités quotidiennes des populations.
Adriel, Abidjan