04242024Headline:

Yopougon: Affaire une fille abuser par un prêtre, voyez la suite de l’affaire

Mlle A.J, 19 ans, étudiante en Droit dans une université publique de Côte d’Ivoire, a confié à ses parents avoir « été violée par l’Abbé Kouamé Sylvain Anderson », de la paroisse Notre Dame de l’Espérance de la Riviera-Faya. Une accusation que ce médecin « des âmes » a reconnue devant la justice, qui l’a placé en détention… Un cas de conscience pour sa famille dont le représentant, Attoh Achi N’dja Paulin, frère aîné du père, plaide pour la libération du prêtre. Il lève un coin de voile sur ce qui s’est passé, à travers cette interview exclusive.

Comment se porte J.A. qui dit avoir été violée par l’Abbé Kouamé Sylvain Anderson ?

En ce moment, elle se porte bien. Après avoir lu le point-presse de l’église catholique, je vais donner la version exacte au nom de la famille paternelle et d’une partie de la famille maternelle.

Que savez-vous de qui s’est passé réellement entre le prêtre et votre nièce A.J. ?

En fait, au mois d’avril, ma nièce qui a 19 ans a informé son papa de ce qu’elle a vécu. Il s’est trouvé qu’au mois d’avril 2018, elle devrait recevoir le baptême à l’église du père Anderson. Son père est fonctionnaire, il est Directeur. Je précise qu’elle vit avec son père, et sa mère ne sont plus ensemble depuis qu’ils avaient 2 ans. Elle est jumelle et elle vit avec son père depuis l’âge de 2 ans. Elle devait être baptisée et vous allez voir pourquoi je dis qu’elle devait être baptisée dans ce mois de mai. Alors, il s’est trouvé qu’elle a demandé une certaine somme d’argent à son père. Elle dit à peu près en ces termes : « Papa, tient, j’ai eu mon Bac, c’est vrai que tu m’as acheté un téléphone portable tactile mais, moi je veux vraiment une forte somme d’argent pour mon baptême ». Son géniteur lui a indiqué sagement qu’elle n’était pas la seule de la famille et qu’il fallait faire les dépenses de manière équitable, en prenant en compte son frère jumeau qui est en Terminale, et sa grande-mère, c’est-à-dire notre maman paralysée qui est au village, ainsi que d’autres frères. Donc, son père a décidé de lui donner juste un peu d’argent. Ce à quoi, elle s’est opposée. Il y a eu un malentendu entre son père et elle. C’est ainsi qu’elle est allée voir sa maman à Abobo.

Avez-vous eu vent de la teneur des échanges avec sa mère ?

Oui. Et elle est allée dire à sa mère qu’elle a été violée par un prêtre. Aussitôt, sa génitrice a commencé à lui poser des questions pour en savoir un peu plus. Elle lui a révélé que l’acte ignoble s’est passé entre elle et le prêtre, juste après la proclamation des résultats du Bac, session 2017. Sa mère a aussitôt cherché à savoir si elle a informé son père. Elle a répondu par la négative. Sa mère, choquée et inquiète, se déporte avec elle chez mon petit frère qui est le géniteur de la petite. Sa mère explique les faits. Son père qui n’en revient pas, les embarque et les conduits immédiatement chez le prêtre mis en cause. Or, la femme de mon petit frère fréquente la paroisse du père Anderson qui est à Faya.

Avant de partir, le père de la présumée victime a-t-il informé sa femme qui fréquente elle aussi l’église du prêtre Kouamé Anderson ?

Oui, mon frère a appelé sa femme et lui a relaté les faits. Au départ, nous avions cru que sa femme s’était rendue complice du prêtre. Puisque la petite fille partait toujours dans la même église avec elle. Finalement, les choses se sont dissipées. En clair, elle n’a rien à voir avec ce qui s’est passé.

Y a –t-il un lien de proximité entre la famille de la fille et le père Anderson ? Ce prêtre fréquentait-il la famille ?

Effectivement, le père Anderson vient prier de temps en temps chez mon petit frère à la maison. Au-delà, il faut comprendre que mon petit frère a une statue de la vierge Marie au salon. De temps en temps, les paroissiens viennent prier et le père Anderson vient à la maison.

Où cette relation sexuelle avec le prêtre a-t-elle eu lieu, selon la victime ?

Cela s’est passé à la paroisse, exactement au presbytère, dans la chambre du prêtre. C’était la nuit. C’est à son retour qu’elle a dit que le prêtre la violée. Certes, il y a eu rapport sexuel, mais en ce qui concerne le viol, j’ai des réserves. Nous ne sommes pas en train de blanchir le prêtre. D’abord un, je ne le connais même pas et je ne cherche même pas à le connaître.

Quelles preuves avez-vous pour douter d’un viol ?

Quand mon frère est parti avec la fille et sa génitrice chez le prêtre, j’étais avec eux. Le prêtre a dit effectivement qu’il a eu des rapports avec elle. Il a reconnu qu’il a eu des rapports sexuels avec elle. Ce qui est sûr et ce que l’on peut l’attester, c’est que c’est lui, le prêtre qui la déflorer. Ça, je peux le confirmer. Je connais bien ma fille et son père avait pour habitude de la suivre un peu. Donc, c’est le prêtre qui lui a pris sa virginité.

Selon vous, c’est de manière consentante qu’il y a eu rapport sexuel entre votre fille et le prêtre ?

Bon ! Ce qu’il faut savoir, est-ce que c’est un viol ? Je ne suis pas juriste. Moi je suis comptable de formation. Je pense que le viol c’est un acte sexuel forcé. C’est-à-dire où il n’y a pas de consentement. Dans le cas d’espèce, on se rend compte que l’acte a été posé depuis la proclamation du résultat du Bac, fin juillet début août 2017. Et il n’a été dévoilé qu’en avril 2018. Notre fille a eu tout ce temps de bien se porter. Elle a été baptisée le dimanche 29 avril 2018 à la cathédrale Saint Paul du Plateau. Et ça été une très belle fête.

Pourquoi au départ votre fille a accusé la femme de son père?

Parce qu’en fait, notre belle-sœur, la femme à mon frère, était chez le prêtre, après la proclamation des résultats du Bac. Et le prêtre a demandé à la femme de mon frère de dire à notre fille de venir chercher son cadeau, après son admission au Bac. C’est ainsi que notre fille s’est rendue chez le prêtre. Il a dit à la femme de mon frère : « La petite a eu son Bac, dit lui de venir prendre son cadeau. Ma belle-sœur est venue à la maison dire à sa ‘’fille’’ que le père Anderson, très heureux de la bonne nouvelle de son Bac, veut lui faire un cadeau. La petite toute naïve, s’est aussitôt rendue chez le prêtre la nuit. C’est comme cela qu’il y a eu relation sexuelle.

Que vous a dit le prêtre lui-même ? A-t-il reconnu avoir eu des rapports sexuels avec elle ?

Oui, le prêtre a reconnu avoir eu des rapports sexuels avec elle. Mais ce que je suis en train de dire, avec mon petit frère qui est le père de la fille, est qu’il est fort possible et à 99 % que le prêtre soit le copain de la petite. Dans cette hypothèse, moi je ne vois plus de cas de viol.

Pourquoi dites-vous cela ?

Car, elle a confié, en secret à quelqu’un qui est proche de son père, que le prêtre Anderson l’avait invité un soir et l’avait embrassé. Qu’au départ, elle avait refusé qu’il l’embrasse mais après, les choses ont semblé aller dans le sens voulu par les deux. Vous voyez ? Nous nous sommes en face sur deux cas de figure.

Lesquels?

Il y a eu rapports sexuels entre le prêtre et notre nièce. Mais pour le cas de viol, ça, je ne vous le cache pas. Nous mettons cela en doute.

Soutenez-vous également qu’elle a été déflorée par le prêtre Anderson. Est-ce que ça été attesté par un médecin avec un certificat médical ?

Oui, oui. Son père a commis un médecin. Ce dernier a effectivement révélé qu’elle a des petites douleurs au bas ventre et au niveau du sexe. Mais ce sont des douleurs bénignes.

Quelle a été votre première réaction face à une telle situation ?

Notre première réaction fut l’étonnement. Nous avons été choqués. Car nous connaissons nos enfants. Moi qui vous parle, j’ai ma fille qui a 17 ans aujourd’hui. Nous savons quelle éducation nous donnons à nos enfants au village. Notre père fut le premier député de la ville d’Akoupé, de 1985 à 1990. Il fut aussi le premier adjoint au maire de la ville d’Akoupé. Nous savons quelle éducation nous donnons à nos enfants.

Devant une telle situation, est-ce que votre foi religieuse a pris un coup ?

Oui ! Notre foi a pris un coup. Mais comme je l’ai dit dans l’introduction, nous ne sommes pas venus pour blanchir parce que la justice est en train de faire son travail. Mais nous, de façon collégiale, la grande famille, nous sommes venus vous dire que nous ne sommes pas pour une incarcération du prêtre. Nous ne voulons pas de cela. Ni son père géniteur, ni moi même son grand-oncle, ni mes sœurs.

Qui a requis donc la justice alors ?

C’est la grande sœur à la petite. Parce qu’en fait, mon petit frère a eu une première fille avec la mère de la fille qui a eu des relations avec le prêtre. Au total, ils ont trois enfants. La première se trouve à San Pedro. La fille violée est jumelle. Et c’est sa grande sœur qui a été informée par sa maman de ce qu’un prêtre a violée sa petite sœur. Sans demander l’avis de son père (comme on lui a dit que c’est sa belle-mère qui fréquente cette paroisse), automatiquement, elle a été prendre une convocation. Une pour son père et une pour la femme à son père. C’est une fois à la Préfecture de Police que mon petit frère m’a informé. J’étais à Akoupé quand mon frère m’a appelé. Il m’a dit, mon grand frère, vient à Abidjan il y a un problème, en m’expliquant en détail. Aussitôt, je suis venu à Abidjan, car je suis l’aîné.

Que vous a dit la victime présumée de viol lorsque vous l’avez rencontrée ?

Nous lui avons clairement demandé pourquoi avoir attendu 8 mois après pour dire à son père qu’elle a été violée, alors qu’elle se porte bien et que son père lui avait donné de l’argent ?

Quelle a été sa réponse ?

Elle dit qu’elle n’a jamais voulu aller porter plainte. Et que c’est sa grande sœur qui l’a poussée à le faire. À la Préfecture de Police, les enquêteurs ont demandé à ce que le prêtre vienne. Une fois sur place, l’auxiliaire de Justice a demandé que la Justice s’applique au prêtre. Mon petit frère, le père de la fille, a fait une déposition à la deuxième chambre du tribunal, au Plateau. Et il a dit, quand on lui a demandé s’il voulait se constituer partie civile, en tant que père, victime ? Il a dit non.

Mais la plainte demeure, elle n’est pas pour autant éteinte ?

Nous, au niveau de la famille, nous ne sommes pas pour la plainte.

Si cela en tenait qu’à vous, vous auriez retiré la plainte ?

Mon petit frère a dit qu’il n’a jamais porté plainte contre un prêtre. C’est la mère à sa fille qui a porté sa plainte contre le prêtre Anderson. Quand j’ai lu les propos du Cardinale dans Soir Info du mardi 8 mai 2018, à travers la couverture du point presse du père Obrou, je me suis dit : voici les personnes responsables et le père Anderson était un maillon de la chaîne. Le Cardinal Kutwa a dit qu’ils sont prêts à s’occuper de notre fille. Je pense que nous, famille, avons le devoir de conscience, pour dire que cette plainte ne vaut plus la peine. Déjà, au niveau du clergé, des mesures conservatoires ont été prises. On nous a dit qu’il sera suspendu. Je pense que c’est déjà suffisant. Mais la peine pénale, faire la prison, nous n’en voulons pas. Jamais nous ne voulons qu’un prêtre soit incarcéré.

Avez-vous introduit une requête dans ce sens auprès du Tribunal ?

Je ne sais pas encore si mon petit frère déposé la requête. Mais quand il a été faire sa déposition auprès du juge, durant des heures, il a été interrogé par la présidente. Il a dit au juge qu’il n’est pas pour la procédure judiciaire enclenchée contre l’homme de Dieu.

Quelle est la position de la famille ?

La famille veut qu’on libère le prêtre. Quand vous écoutez les propos du Cardinal, vous voyez que c’est le père Anderson, ce prêtre-là qui est la gangrène de l’église catholique de Côte d’Ivoire. Il ne peut et ne doit empoisonner tout le corps du Christ.

Vous pensez que cet acte du prêtre salit l’image de l’église ?

Ah oui ! Ça il faut le reconnaître. Je pense que l’acte du prêtre salit l’église catholique. Aujourd’hui, le président de la République, pendant ses grandes sorties, invite le clergé catholique, la hiérarchie musulmane, les chefs traditionnels et autres dans le processus de la réconciliation. Même si quelque part nous avons raison, parce que notre fille a été violée, mais lorsque vous voyez son baptême, nous pouvons dire qu’elle n’a pas été violée. Tout simplement, parce que la fête a été belle. Elle a été baptisée dans la même paroisse.

Que veut concrètement la grande famille aujourd’hui ?

En fait, je suis venu vous dire que la grande famille à Akoupé et celle d’Abidjan demandent la libération pure et simple du prêtre Anderson. Dans tous les cas, au niveau déjà du clergé catholique, il y a des sanctions qui ont été pris à son encontre. Le fait de perdre son poste, le fait de ne plus être prêtre, nous estimons que c’est déjà quelque chose. C’est pour cela que nous avons tenu à être à votre rédaction, pour le dire.

L’église a décidé de prendre en charge la jeune fille. Est-ce qu’il y a eu un début ?

Je suis à Akoupé. Mon frère m’a appelé pour me dire que, concernant les petits soins de la fille, dès qu’elle a un mal, les soins sont pris entièrement en charge par le cardinal Jean-Pierre Kutwa. Il fait vraiment beaucoup. Il y a des émissaires qui viennent à la maison. Mon petit frère m’a dit que cette situation le gêne parce que, lui, un petit cadre, des prêtres viennent chez lui tout le temps. Et que ça le dérange.

Qu’est-ce que vous demandez à l’église en plus de ce qui est fait ?

Tous les membres de la femme m’ont chargé de dire que nous ne voulons pas d’argent. Nous ne voulons pas non plus que le père Anderson fasse la prison. Nous demandons sa libération. Notre fille est mineure, elle n’a pas d’avis à donner. Notre doléance auprès de l’Église catholique est toute simple. La grande famille souhaite que l’Église catholique de Côte d’Ivoire fasse partir notre fille en Europe pour la suite de ses études. Depuis l’éclatement de cette affaire, notre fille est perturbée. J’étais avec une de ses meilleures amies et celle-ci m’a confié que notre fille est gênée. Car tout le monde sait que c’est d’elle qu’il est question dans cette affaire de viol perpétré par un prêtre. Elle leur a fait cette confidence : « Si papa pouvait m’envoyer en Europe » ?

Comment vit-elle cette situation ?

Elle est certes affectée, mais elle vit relativement bien. Nous demandons que le clergé prenne des sanctions contre le prêtre. Nous demandons que notre fille parte faire ces études en Europe, loin des railleries.

 

 

linfodrome.com

What Next?

Recent Articles