06032023Headline:

La goélette «Tara» repart explorer l’impact des pollutions sur les côtes européennes

Du nord au sud, en différentes saisons, à toutes les échelles, l’expédition scientifique Tara Europa a pour objectif d’analyser et de comprendre tout le fonctionnement de l’immense diversité de la vie sur les côtes européennes.

Le bateau chargé de nouveau matériel d’analyse, épaulé à terre par un laboratoire mobile, quitte le port de Lorient ce dimanche 2 avril. 68 000 km de côtes européennes riches en vies, fortes de leur économie, mais aussi sensibles aux multiples polluants que l’homme y déverse… Des écosystèmes complexes entre terre et mer que la mission de la goélette Taraet de laboratoires mobiles du Laboratoire européen de biologie moléculaire (EMBL) se donnent pour objectif de décrypter.

« Le monde visible, c’est la pointe de l’iceberg »
« Un des buts, c’est de pouvoir comprendre quel est l’impact de la pollution, des changements climatiques, de tout ce que l’homme fait pour abimer ces régions, développe Edith Heard, directrice de l’EMBL. Puis c’est aussi unique parce que ce n’est qu’aujourd’hui que nous avons les technologies pour réellement regarder les écosystèmes à toutes les échelles. Il y a dix ans, ce projet n’était pas possible. »

Des relevés climatiques, des études génétiques et comportementales sur la faune et la flore, et des milliers de composants étudiés : pesticides, résidus de médicaments ou d’hydrocarbures. Les expériences se veulent les plus larges possibles car il reste encore beaucoup à découvrir, explique l’océanographe Colomban de Vargas, directeur scientifique de l’expédition sur le bateau de la fondation Tara : « On sait maintenant que l’essentiel de la biodiversité est en fait invisible, et que tout le monde visible qui nous entoure qui a été étudié par tous les grands naturalistes, c’est la pointe de l’iceberg, souligne-t-il. On ne connaît pas l’essentiel encore du vivant, ce qui est quand même assez conséquent. »

Un voyage digne de celui de Darwin
Pour Edith Heard ce voyage promet d’être aussi important que celui de Charles Darwin sur son bateau, le Beagle, entre 1831 et 1836, qui permit à l’illustre naturaliste d’élaborer la théorie de l’évolution. « J’espère qu’on va découvrir des organismes ou des communautés qu’on ne soupçonnait même pas, s’enthousiasme-t-elle. Pour moi, c’est vraiment un voyage de découvertes qui va nous donner une nouvelle vision de la vie sur terre. C’est aussi réellement comprendre quels sont les écosystèmes qui sont les plus précieux et qui sont les plus à risque parce que, quand on perd un écosystème, c’est très difficilement retrouvable. Donc, pour nous, c’est très important de capter les écosystèmes qui sont encore entiers et riches, et de pouvoir mesurer quels sont les organismes qui sont réellement les plus importants pour protéger ces écosystèmes. On peut donc permettre non seulement à la planète d’être en bonne santé, mais à l’homme de continuer à l’exploiter comme on veut et on sait faire. C’est ambitieux, mais je pense que c’est extrêmement réaliste. On espère tous être de nouveaux Darwin. »

Avec ces nouvelles connaissances, les chercheurs ambitionnent de révolutionner les connaissances scientifiques sur les littoraux européens. La mission Tara Europa doit prendre fin mi-2024.

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