04232024Headline:

Bamako, capitale de la prostitution en Afrique ?L’histoire d’une jeune très belle fille de 21 ans

Un des plus vieux métiers du monde, elle a atteint aujourd’hui sa vitesse de croisière, car elle semble apporter plus d’argent que n’importe quel métier à Bamako. Nous avons tenté d’en savoir plus sur les raisons qui poussent aux jeunes filles de se prostituer, aux jeunes hommes qui se rendent sur les lieux et les conséquences qui peuvent en découler.
Bibi, comme on l’appelle affectueusement a seulement 21 ans. Elle est belle, très belle. Ne lui demandez pas surtout pourquoi elle se prostitue sinon elle pique la mouche. “Je ne me prostitue pas, je travaille comme toi. Tu es journaliste, tu fais ton travail. Coucher avec des hommes pour avoir de l’argent est mon travail”, réplique-t-elle, avant de continuer : “J’ai commencé à faire ce travail quand j’étais jeune, très jeune d’ailleurs. J’ai perdu ma mère à la naissance et mon père quand j’avais 7 ans. Je suis ainsi allée chez une tante à Sikasso pour continuer mes études. Là j’ai pu étudier jusqu’en 9e année du second cycle. Pour aller à l’école, on ne me donnait rien pour l’argent de la récréation alors que mes copines de classe partaient avec de gros sous. Une année après, j’ai fait la connaissance d’un jeune lycéen avec qui j’ai entretenu mes premiers rapports sexuels. Il me donnait de l’argent et on faisait régulièrement l’amour. Je plaisais à beaucoup de jeunes. Un jour, à l’approche de la fête de Tabaski, j’ai demandé de l’argent à mon copain qui m’a répondu d’une manière pas polie. C’est ainsi que je suis allée voir l’ami de mon copain qui me faisait des yeux doux. Il a accepté, mais en retour, je devais coucher avec lui. Après une longue réflexion, j’ai accepté, car j’avais vraiment besoin de cette somme. Pour la petite histoire, j’ai même fait un avortement pour lui. Quand j’ai fait le trottoir une fois et que ça n’a pas marché, je suis rentrée à Bamako et j’ai rencontré une dame qui est d’ailleurs plus âgée que moi mais qui se vendait aussi. Ensemble nous avons pris un appartement. Beaucoup pensaient que je suis sa nièce, mais en réalité nous faisons le même travail. Alors je peux le dire haut et fort que c’est à cause de l’argent que je suis dans cette situation”.
A la question de savoir si elle a un copain, Bibi sourit et nous exhibe la photo de son mec. “Je l’aime à mourir, mais il ne connait pas ma valeur et ne sais pas sincèrement ce que je fais comme travail. Il pense que je suis coiffeuse, mais je gagne très bien ma vie, 20 000 F CFA par nuit, au minimum, pour la soirée. Des fois, certains m’amènent chez eux, loin de l’hôtel, et le déplacement seulement fait 30 000 F CFA donc faites le calcul vous-même. Nous sommes dans un bar en Commune I du district de Bamako”.

Aïcha, la Kayésienne de 25 ans, une histoire plus abracadabrante. Elle nous a rencontré dans le même bar que Bibi : “C’est en voulant me venger de mes parents que je me suis foutue dans cette merde”, avoue-t-elle.

“Je sortais avec un homme qui, par finir voulait me marier. Le hic est qu’il était un homme de caste, un griot. Après avoir fait trois années ensemble, il a décidé de me marier mais c’était sans compter sur le niet catégorique de ma famille, sous prétexte qu’il est griot et qu’on est pas compatible. Mes parents m’ont formellement interdits de voir mon mec. Du coup, j’ai quitté la maison pour aller chez une copine qui a perdu ses parents. Mon copain a fait un accident de moto et il est décédé. Ma copine chez qui je logeais se prenait en charge. C’est au fil du temps que j’ai compris qu’elle se prostituait et un soir, je l’ai accompagnée et je me suis tapée deux clients. Mon tout premier client m’a posé des tonnes de questions. Et de plus en plus, j’ai pris goût à l’argent facile. Aujourd’hui, j’ai commencé à boire aussi et je vais mourir comme ça”. Mais la seule chose positive aux yeux de notre Kayésienne est qu’elle gagne plus de 800 000 F CFA par mois. “Dites-moi combien un journaliste gagne au Mali ?”, ironisera-t-elle.
Sur l’autre rive, dans un bar très célèbre de la Commune VI, un homme habillé en femme a refusé de nous parler, malgré la proposition que nous lui avons faite pour se dévoiler. Avec une voix imitant la femme il nous signale, “Walayi vous êtes malades, je m’en fous de votre argent. Si vous savez combien je gagne ici, vous n’allez pas me proposer cette minable somme. Attendez seulement vous allez voir”.
A peine a-t-elle terminé qu’une grosse cylindrée avec immatriculation consulaire s’arrête. Elle ou il saute dans ce véhicule et ils disparaissent. La vitre était fumée, ce qui fait que nous n’avions pas pu identifier si c’est un homme ou une femme qui était au volant. Mais nous avons eu satisfaction après quand Kadia, une autre fille de ce bar, s’est résolue à nous parler. En contrepartie, il fallait juste lui acheter deux grandes bières et un petit billet de 2000 F CFA. Aussitôt fait, elle a commencé à narrer la vie du pédé, et bien sûr avec sa vie aussi.

“Le pédé en question est bien parti avec une dame, une célébrité d’ailleurs du monde de la musique”. Et lorsque nous avons insisté afin qu’elle nous dise le nom de l’artiste, elle a catégoriquement refusé mais lorsque nous avons doublé la mise, elle nous le murmura, mais nous demandera de jurer de ne pas dire le nom de l’artiste dans le journal. Elle continuera alors pour dire que le pédé se tape 100 000 F CFA minimum par nuit. Et quant à elle, elle nous avouera que les dimanches sont ces week-end mais signalera qu’elle peut se faire plus d’un million par mois.
Bar-restaurants et espaces culturels – Quel est l’investissement le plus judicieux aujourd’hui à Bamako ?
Beaucoup vont passer à côté parce qu’il s’agit des « bars-restaurants » qui poussent comme des champignons dans la capitale malienne et dans les grandes villes de l’intérieur.
La particularité de ces lieux : contrairement à leur dénomination, le menu est très limité. Ils ne sont ouverts qu’aux consommateurs d’alcool et de… sexe ! « Les bars-restaurants : C’est ce qui marche le plus à Bamako maintenant », affirme une jeune opératrice économique. Difficile de soutenir le contraire si l’on se donne le temps de faire un tour dans le district. En 2000, on ne dénombrait pas moins de 200 espaces de ce nom uniquement dans la capitale. Aujourd’hui, ce chiffre a certainement triplé. Nombre d’honnêtes gens tombent dans le piège de l’appellation. Nous en avons fait l’amère expérience.
Un soir, nous choisissons de sortir pour découvrir Bamako by night et décompresser un peu. Fatigué par la promenade vespérale, nous nous rendons finalement dans un bar-restaurant à Magnambougou afin de déguster un plat et reprendre des forces pour le reste de la nuit.
A notre arrivée, quelques filles presque nues sont attablées dans le jardin désespérément vide. Elles viennent certainement d’arriver et attendent qu’on leur serve à manger. Erreur de jugement !
Mais, apparemment, notre arrivée n’est pas passée inaperçue. Certaines ont tout de suite trouvé un prétexte pour se déhancher sous nos yeux ; histoire d’attirer notre attention. Quand la barmaid se présente, nous lui demandons le menu. Elle est embarrassée visiblement. Néanmoins, elle nous apporte une carte des alcools et apéritifs. Et lorsque nous lui demandons leur spécialité, elle nous répond que le restaurant est déjà fermé. Seul le bar est donc ouvert. Cela nous a paru curieux parce qu’il n’était que 22 h. Il est surprenant qu’un restaurant ferme à cette heure de la nuit, un week-end de surcroît. La curiosité nous pousse à rester et à demander un jus qu’on a mis un temps fou à nous servir parce qu’il fallait certainement l’acheter ailleurs.
Lire aussi: “Mali: Des jeunes filles de Bamako poussées à la prostitution par les forces onusiennes de la MINUSMA“
Il nous a suffi de peu de temps pour comprendre en réalité ce qui se passe dans ce bar-restaurant. Il y a un flux important. Mais, aucun arrivant ne s’assoit à une table. Ils empruntent tous un long couloir après avoir murmuré quelques mots à l’oreille d’un jeune homme apparemment habitué à ce genre de confidence.
Et au fur et à mesure que les clients entrent, le nombre des filles diminue à la table. Elles s’éclipsent discrètement pour emprunter le même couloir. Le bar n’est en fait que la partie visible de l’investissement. Derrière, nous avons découvert au moins une dizaine de chambres et il n’y a aucun doute sur l’usage que le propriétaire en fait : des chambres de passe. Un discret bordel ! Certains y viennent avec leurs maîtresses.
D’autres se contentent de puiser dans le parc de prostituées qui y a élu domicile. Mais là où le bât blesse, c’est que la plupart de ces filles de joies sont visiblement des mineures. Une descente de la Brigade des mœurs confirme cette crainte. En effet, elle y retrouve de nombreuses adolescentes.
Presque tous les bar-restaurants se livrent à ce genre d’activités illicites. « Tu es naïf ! Tout le monde sait qu’on ne trouve dans ces bar-restaurants que l’alcool et le sexe.
Ce sont aujourd’hui des hauts lieux de la débauche où jeunes filles et femmes mariées vont se prostituer, où des pères de famille vont se rajeunir avec des gamines de l’âge de leurs filles », nous dit un confrère lorsque nous lui avons rendu compte de notre mésaventure.
Nous ne sommes pas les seuls pourtant à tomber dans le piège de l’appellation. « En me promenant dans la ville, j’ai tout de suite remarqué qu’il y avait assez de bar-restaurants.
Je me suis dit que ces restaurants marchent à perte ou qu’il y a eu aussi une révolution culturelle dans le pays. Parce que d’habitude, le Malien préfère manger et inviter ses hôtes à la maison que d’aller au restaurant. Ce n’est pas dans leur habitude.
Le visiteur averti ne peut donc qu’être surpris par la floraison des bar-restaurants », commente une consœur béninoise lors d’un récent séjour au Mali.
« Une nuit, par curiosité, j’ai décidé d’inviter des amis participants au même séminaire que moi à venir découvrir les plats asiatiques. Quelle ne fut pas ma surprise de ne trouver rien à manger. Nous avons fait au moins six restaurants sans trouver à manger. C’est à ce moment-là que j’ai compris le vrai usage de ces espaces. J’ai compris pourquoi il y en a tant parce que la débauche est ce qui attire le plus de monde à cette époque de crise de repères morales », ajoute-t-elle dépitée.
C’est la même réalité que nous avons réellement découverte au cours d’une enquête dans les différents quartiers de la capitale. Ces bar-restaurants ne sont en fait que des maisons closes déguisées. Ils sont gérés par des proxénètes qui ont jeté leur dévolu sur des gamines pauvres pour appâter la clientèle. Même s’ils font le bonheur de beaucoup de vicieux, ils sont aujourd’hui décriés par des citoyens.
Les voisins se plaignent de l’ambiance qui les empêche de dormir. Sans compter le risque de voir leurs enfants emprunter le mauvais chemin que leur ouvre cette activité.
Dans les mosquées, les prêcheurs ne ménagent pas leur foi pour dénoncer la prolifération de ces espaces de débauche.
« On dit que le Mali est un pays musulman. J’en doute fort. Sinon comment peut-on tolérer ces espaces sataniques dans nos voisinages ? Comment les autorités peuvent tolérer une telle prolifération de lieux de déperdition et de vice qui ne fait que pervertir sa jeunesse ?… », s’interroge l’imam de l’Immeuble Lafia (Hamdallaye ACI-2000).
Il reconnaît que « ce ne sont pas des étrangers qui fréquentent ces lieux de la débauche. Mais, des fidèles qui sont régulièrement dans les mosquées avec nous. Ce sont des pères de familles au-dessus de tout soupçon d’adultère et d’alcoolisme qui les fréquentent. Et les prostituées qu’ils vont y chercher sont les femmes ou les enfants de leurs coreligionnaires. Allhahou Akbar ». Allah, le Tout Puissant, reconnaîtra les siens le moment venu. La majorité des citoyens souhaitent aujourd’hui que les autorités fassent le ménage à ce niveau. « Nous apprécions beaucoup les rafles de la Brigade des mœurs. Malheureusement, elles ne sont pas régulières. Nous souhaitons que ces actions se poursuivent et que ceux qui sont en infraction soient jugés pour l’exemple. Sinon, notre société va pourrir et il n’y aura plus d’âge pour se prostituer », souligne Yaya Maïga, un jeune informaticien de Boulkassoumbougou.
Un avis partagé par ses camarades de « grin » et d’autres interlocuteurs rencontrés à travers le district de Bamako. ».A Bamako, les Guinéennes sont les plus visibles dans la prostitution. Et ont tellement mauvaise presse que même celles qui ne sont pas des prostituées se voient coller cette étiquette.
Pour s’en rendre compte, il suffit de faire un tour dans les boites et restaurants huppés de Bamako. Au Babylass, une boite de nuit qui se distingue par son espace aéré, la quasi-totalité des prostituées sont des Guinéennes. L’on parle tellement Soussou, Poular et Maninka… au point qu’on se croirait à Conakry. Approchée, une femme qui a vécu plus de 10 ans à Bamako et qui a requis l’anonymat témoigne : « A Bamako, chacun s’occupe de ses problèmes. Mais, c’est vrai que c’est honteux que les Guinéennes ne s’illustrent que par ça. Pour 10.000 à 15 000 FCA, les filles sont prêtes à se livrer. Beaucoup d’entre elles viennent ici pour ça… »
A l’hippodrome et les autres boites et maquis du coin, c’est le même constat. H. D est une des filles de joie : « On ne nous laisse pas de choix. Chez nous en Guinée ça ne va pas. Ici, c’est la zone CFA. Personne ne te donnera gratuitement de l’argent. Ce ne sont pas les Guinéennes seulement qui font ça. Les Maliennes et les autres nationalités, aussi, se prostituent » se défend-elle.
Les Guinéens de Bamako constatent le phénomène avec un certain dépit. Mais que peuvent-ils ? Mamadouba Camara, menuisier vit depuis 7 ans à Bamako : « C’est vraiment honteux pour nous Guinéens. Voir nos sœurs se prostituer comme cela. Elles se foutent de ce que nous pensons d’elles. Pire de ce que les Maliens disent d’elles. C’est révoltant. Que les Guinéens sachent que la plupart de celles qui viennent pour de prétextes d’acheter des Bazin (tenue africaine) sont dedans… ».
Les Bazin sont très prisés par le Guinéens. Et les jeunes filles qui en vendent se rendent à Bamako pour l’achat de leurs marchandises. Une fois à Bamako beaucoup d’entre elles se prostituent.

Source: decryptnewsonline.com

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