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Côte d’Ivoire-Reportage/ De nuit comme de jour -Dans l’univers des prostituées-les prix varient selon les quartiers d’Abidjan

Reportage/ Marcory,Treichville, Adjamé: Dans l’univers des prostituées-leur prix varie selon les quartiers
De nuit comme de jour, les prostituées et racoleuses opèrent (Photo d’archives)

Elles vendent leurs charmes. A combien? De 1000 à 5000 FCfa la passe, selon la catégorie et le lieu. A l’air libre ou dans les chambres de passe, 1000 FCfa. Et dans les bars climatisés 5000 FCfa. Nous avons fait une incursion dans le monde du racolage et de la prostitution. Notre reportage.

Dans la commune de Marcory, la nuit tombée, les marchés sont transformés en lieu de prostitution. Le marché de Belle-ville, situé non loin de l’espace de divertissement appelé “les mille maquis” devient un antre des prostituées, dès la tombée de la nuit. Pour en savoir plus sur ce milieu, il faut être d’une extrême discrétion. Parler le “nouchi” (argot ivoirien), s’habiller en jeans, tee-shirts, paires de basket. En ce lieu, des centaines de jeunes filles déambulent. Aux abords du bitume jouxtant le marché de Belle ville, elles sont habillées en tenues choquantes : Jupettes et décolletés, par exemple. Certaines fument, d’autres accostent de potentiels clients pour proposer leurs services. Ce business se fait avec la complicité de certains jeunes du quartier. Ils occupent les étals des commerçants, en prenant soin d’entourer le lieu de barrières faites de tables relevées sur le côté. A l’intérieur de cet abri de fortune, il n’y a pas de couchette. Seulement des bancs formant un U. Mais comment font-ils l’amour dans cet endroit? “Les filles prennent appui sur le banc, le partenaire fait sa chose et se barre”, explique Kra, un jeune homme d’environ 26 ans qui gère le “gbatta”. C’est ainsi que l’on nomme ce lieu où des riverains servent de gardes de corps et de surveillants des filles. Ces jeunes montent la garde, chaque nuit, à tour de rôle, devant le “gbatta” qui se trouve à l’intérieur du marché, dépourvu de tout éclairage. En contre-partie, les filles de joie louent le local pour accomplir leur libido. Au premier passage, selon notre interlocuteur, elles donnent 200 F CFA aux jeunes de service et le deuxième passage, elles déboursent 1000 F CFA. Par nuit poursuit-il, les gérants engrangent, au bas mot, 150 000 FCfa. “Le week-end, la recette avoisine les 200 000 FCfa. Ils partagent cet argent entre eux. Ils sont souvent 5 personnes par nuit. Quant aux filles, elles peuvent empocher plus de 50 000 F CFA en une nuit”, nous confie Robert, un autre jeune homme de 25 ans. « Sous le hangar, trois à quatre couples peuvent entrer en même temps. Chacun faisant sa chose dans un coin du “gbatta”, dans la pénombre », poursuit-il. Assis à à peine trois mètres de là, les jeunes regardent les filles et leurs partenaires rentrer et sortir. Avant d’entrer, le client paye la fille qui, sur le chemin passe chez le jeune de garde verser “son dû”. Au moins 50 m séparent le “gbatta” du bitume. Souvent, c’est lorsque le client met du temps pour éjaculer qu’éclate la bagarre. Dans la nuit du 29 juin 2015, au marché de “Belle-ville” où se trouve le “gbatta”, nous observons comme les jeunes gardes du corps en face du “gbatta”, au moins trois couples à l’intérieur. Soudain, des voix s’élèvent de l’intérieur. Une prostituée sort du “gbatta” en tempêtant dans un français approximatif. Le garde du corps lui demande ce qui se passe. “C’est pas ce missié-là, il me fatigue”, se plaint-elle. Au même moment, le client sort en remontant sa braguette. Le jeune garde du corps lui dit de s’en aller. L’homme veut s’expliquer mais le jeune est catégorique: “tu te barres où je te saigne”. Le client se fond dans la nature sans dire mot. La fille reprend la position en bordure de route, attendant d’éventuels clients.

Des proxénètes

De temps en temps, des agents de police effectuent des descentes en ce lieux. Cette nuit -là, ils sont une vingtaine, portant à l’épaule des fusils d’assaut. Ils forment des groupes en fonction du nombre de “gbattas”. Les gérants ne sont nullement inquiétés. Ils se saluent les flics dans leur jargon: “Bonsoir mon vieux… “, en signe de respect. “Ils viennent prendre pour eux”, nous souffle, l’un d’eux. C’est-à-dire qu’ils viennent racketter les clients des racoleuses. Sur le champ, l’un des clients sort du “gbatta”. L’un des policiers l’arrête. Ils est conduit dans le marché, loin des yeux et des oreilles indiscrets. Pendant ce temps, les va-et-vient des filles de joie, suivis de leurs clients , continuent. Les flics, après avoir pris quelques billets, disparaissent. Selon certains jeunes, ils peuvent exiger soit 500 ou 1000 F Cfa, selon “le gaou” qu’ils ont entre les mains. Des fois, ce sont quelques prostituées qu’ils ramassent pour aller se soulager et revenir les déposer, explique un des tenanciers. Les mineures de 10 et 13 ans sont également de la danse. Chaque soir, elles déambulent dans les environs de la pharmacie de l’amitié située à Marcory et, aussi en face du maquis “chez grand Bao” de l’autre côté de la voie. Quand elles ont un client, non loin de là, elles se trouvent des « chambres de passe » dans un couloir, où la location est à 1000 F CFA, l’heure. Ces « chambres de passe » procurent à leurs propriétaires, entre 300 000 et 500 000 FCfa de recettes. “Les jours ordinaires, le patron nous demande de faire une recette de 300 000 F CFA, le week-end, il demande 500 000 Francs Cfa”, nous apprend Ange G, employé dans un hôtel de passe, au quartier Remblai, à Marcory. Selon ses explications, ils réunissent cette somme comme “si c’était un jeu d’enfant”. Dans ces chambres de passe, des jeunes se sont transformés en proxénètes. Ils proposent de trouver des filles de joie. Ils ont des numéros de téléphone des prostituées qu’ils contactent en cas de besoin. En retour, la prostituée, en fonction de ce qu’elle gagne, verse un pourcentage au jeune. “La commission peut aller jusqu’à 10% de la somme”, affirme Ousmane, un jeune du milieu. Cependant, dans la plupart des cas, le prix de la passe est fixé par le jeune homme à la prostituée avant qu’elle ne vienne rencontrer le client. Et, chacun sait déjà combien lui rapporte l’opération. A la rue 12, à Treichville, des immeubles sont squattés par les prostituées. Dès 16 H, on les voit assises, dans les couloirs, à l’entrée de ces immeubles, sur des chaises. Un tour dans l’une des chambre nous fait découvrir des mûrs bariolés d’images et de photos obscènes. La hauteur du lit est à près de 30 cm du sol. Un miroir, d’environ 1m, est accroché à l’entrée de la porte. Au bas du miroir sur une étagère, se trouvent des produits de beauté. La passe ici est à 2000 Francs Cfa. A Adjamé, l’une des communes d’Abidjan, c’est sur des tabourets qu’elles s’asseyent, en pleine journée, attendant des clients. La journée rapporte souvent 10 000 F Cfa.

KOUAKOU N’Dri

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