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Pourquoi Je ne veux plus vivre avec un homme

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Quand j’étais enfant, mes parents m’ont fait exciser. J’avais à peu près 10 ans. Cela n’est que le point de départ de la frustration qui me pousse aujourd’hui à vous raconter mon histoire. Mes tantes, mes cousines m’ont dit que l’excision était la condition pour devenir une femme accomplie. Pour m’encourager, elles me disaient qu’elles sont toutes passées par là. Et, selon la coutume, nous avons été réunies, car nous appartenions à la même classe d’âge. Je vous passe les détails de « l’opération », ainsi que le calvaire que nous avons vécu. C’est une chose terrible.

 

Bien avant notre tour, j’avais été témoin de ce qu’on avait fait subir à nos aînées et combien celles-ci avaient souffert. Eh bien, quand notre tour est arrivé, nous n’y avons pas échappé. J’ai perdu beaucoup de sang les jours suivant la mutilation. Malgré les pansements traditionnels, les saignements ne se sont pas arrêtés. J’ai dû être emmenée dans un village voisin où un guérisseur m’a traitée durant une semaine environ. J’étais en classe de CM1. L’année suivante, après le CEPE auquel j’ai échoué, mon père a décidé que je n’irais plus à l’école. Il n’y voyait pas d’importance. J’étais la seule à avoir été scolarisée, car mes autres frères et sœurs allaient au champ. J’ai donc arrêté les études à sa demande, au grand étonnement de mon maître. Le directeur de l’école est même venu le voir à la maison pour lui parler. Mais il a maintenu sa décision.

J’ai passé 3 ou 4 ans ainsi, entre les travaux ménagers et les activités champêtres. Puis, à l’âge de 14 ans, mon père m’a présentée à l’homme qui sera mon mari. L’affaire avait été conclue depuis longtemps, sans que je sache quoi que ce soit. Je ne connaissais pas cet homme, alors comment pouvais-je l’aimer ? C’était un inconnu ! Mais par peur de mon père qui n’hésitait pas à employer la manière forte, j’ai été contrainte d’aller vivre chez cet homme. A partir de ce moment-là, ma vie a été un enfer, une violence continue. Je n’ai pas connu l’amour, la tendresse, mais seulement la violence. Cet homme n’avait pas besoin de mon avis, à chaque fois qu’il avait envie de moi. Pendant toute cette période, j’ai connu beaucoup de souffrance. Je n’avais plus qu’une idée en tête : m’enfuir ou mourir. Finalement, j’ai opté pour la première idée. J’ai pris mon courage à deux mains et j’ai fui l’homme auquel on m’avait «vendue». Je ne voulais pas qu’on me retrouve. Je suis donc venue à Abidjan. Je n’avais pour seuls bagages que les habits que je portais ainsi que la somme de 10.000 Frs. J’ai quitté le village ainsi pour ne pas attirer l’attention des gens.

Je ne connaissais personne à Abidjan. J’avais confié mon sort entre les mains de Dieu. La première nuit, j’ai dormi à la gare. C’est une dame à qui j’ai expliqué ma situation qui a eu pitié de moi et m’a recueillie chez elle. J’ai commencé ensuite à faire des petits métiers : j’ai été tour à tour servante, technicienne de surface, vendeuse d’attiéké, etc.

Malgré les difficultés de la vie, c’est à Abidjan que j’ai découvert pour la première fois ce que cela veut dire être libre. En effet, j’étais libre de faire ce que je voulais, libre aussi de choisir la personne avec laquelle je voulais faire ma vie, quelqu’un que j’aime et qui m’aime. Cependant, tout n’a pas été facile. Mon expérience précédente avait créé en moi une méfiance vis-à-vis des hommes. Le sexe était devenu une expérience effrayante pour moi. J’avais aussi des douleurs lors des rapports sexuels. J’ai fini néanmoins par accepter les avances d’un homme. Il avait l’air bien. Je l’aimais. Il faisait ses petites affaires et on s’entraidait. Ma bienfaitrice, la dame qui m’avait recueillie à mon arrivée à Abidjan, était devenue pour moi ma deuxième maman. C’est à elle que j’ai présenté l’homme que je venais de rencontrer. Pour elle, il n’y avait pas d’inconvénients, du moment que nous nous aimions et que nous étions sûrs de vouloir vivre ensemble. C’est ainsi qu’avec son accord, j’ai emménagé chez cet homme, à Marcory.

J’avais peur d’expliquer ma situation à mon compagnon. Je ne pouvais pas lui dire que je ne ressentais aucun plaisir lors des rapports sexuels. Je lui cachais cette dure réalité. Mes rapports sexuels étaient soit douloureux, inconfortables, soit tout simplement sans plaisir. Plus le temps passait et plus je réalisais que je ne serais probablement jamais une épouse normale. J’avais tellement peur et honte de la réaction de mon homme si je lui disais ce que je vivais. Ce n’est qu’à une amie, Patricia, que je me suis ouverte sur ce sujet aussi délicat. Elle venait souvent me rendre visite à la maison. Son mari et elle ne s’entendaient pas toujours. Généralement, pour échapper à la colère de son homme, Patricia venait s’asseoir chez moi pour causer. C’est comme ça que j’ai su tout ce qui se passait sous leur toit et même jusque sous leur lit. Patricia m’expliquait tout. Notamment le fait que son homme était impuissant. Dans la vie, chacun a son problème.

Une fois, une dispute assez sérieuse a éclaté entre Patricia et son mari. Ce dernier a mis ses bagages dehors. Malgré les interventions, il a refusé de la recevoir chez lui. Comme il était intransigeant, j’ai recueilli Patricia chez nous, croyant que la colère de son homme finirait par se calmer, comme c’était le cas souvent. Mais là, l’homme ne voulait rien savoir. Pendant une semaine, il n’a pas fléchi. Il refusait même d’entendre parler d’elle. Cela nous étonnait tous. Mais c’est moi qui vais finir par regretter ma grande générosité.

En effet, un soir, après avoir fini de vendre, je suis rentrée à la maison. A mon arrivée, je surprends Patricia et mon homme en pleins ébats sexuels ! Ils ne m’ont pas entendu entrer, car, ils avaient mis la musique pour couvrir les bruits de leurs ébats. Et c’est ainsi que je les ai surpris ! Patricia s’est mise à mes pieds pour me supplier. Contre toute attente, mon compagnon, toute honte bue, a pris sa défense. C’est là que j’ai su que Patricia lui avait révélé tous mes secrets que je lui avais confiés. Il est allé même jusqu’à dire que je ne l’aimais pas et que je vivais avec lui par intérêt. Ce qui était aberrant, vu que nous n’avions pas de grands moyens. Au contraire, on s’entraidait.

Depuis ce jour, l’entente n’a plus régné entre nous. Je n’arrivais pas à oublier ni à pardonner. J’ai quitté la maison et pris un studio. Pendant ce temps, Patricia est restée chez lui. Je pouvais à présent comprendre la réaction de son compagnon.

 

De mon côté, je me suis fait une raison depuis cette autre mauvaise expérience. Je suis toujours célibataire, mais avec un enfant. Je n’envisage pas me marier, à cause de ma propre condition physique et la trahison des hommes. Je n’arrive simplement pas à faire confiance.

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