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Monde: les enseignants contractuels ont repris les manifestations

Des enseignants contractuels ont observé, ce jeudi, un sit-in devant le tribunal de première instance de Rabat, en marge de la comparution de leurs camarades devant la même cour ainsi que dans plusieurs autres villes du Royaume. Cette nouvelle escalade intervient en réponse à un appel à un « débarquement massif » de leur Coordination nationale.

Alors que la rentrée scolaire reportée après coup s’approche, les enseignants contractuels ont repris les manifestations. Cette fois ce n’était pas pour demander l’intégration dans la fonction publique, mais plutôt en soutien à leurs camarades poursuivis depuis avril dernier manifestent encore et toujours dans les rues du Royaume. Une escalade qui fait craindre une rentrée scolaire encore plus perturbée qu’elle ne l’est à cause de la pandémie, en plus du fait qu’elle devient comme une sorte de « coutume » à chaque rentrée.

Dans un communiqué qui date d’avant le report de la rentrée scolaire au 1er octobre, la coordination nationale des enseignants contractuels (CNEC) avait appelé ses militants à un débrayage national sous forme de grèves et sit-in dans les régions de Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kénitra, Beni-Mellal-Khénifra ou encore Fès-Meknès les 15 et 16 septembre et les 23, 24 et 25 septembre.

Le 16 septembre dernier, les contractuels ont manifesté devant le Tribunal de première instance de Casablanca contre le silence radio qui entoure leur dossier revendicatif ou encore les arrestations dans leurs rangs. D’autres manifestations ont eu lieu ce jeudi 23 septembre dans plusieurs régions du Royaume, notamment devant le Tribunal de première instance de Rabat, et ce, pour les mêmes raisons.

Joint par Hespress Fr, Mohamed Boulanouar, l’un des enseignants contractuels interpellé et poursuivi pour avoir manifesté à Rabat le 7 avril dernier, nous confie que ce débrayage de la CNEC au niveau de plusieurs villes du Royaume intervient en solidarité avec les enseignants interpellés le 7 avril dont les dates de procès approchent.

Les contractuels se solidarisent
Ce débrayage, poursuit notre interlocuteur, a également été l’occasion pour les enseignants contractuels de rappeler leur revendication centrale, à leur tutelle et à l’État, à savoir l’intégration dans le statut de la fonction publique.

« Bien évidemment, les arrestations ont eu lieu suite aux manifestations que la CNEC a organisées en avril et durant lesquelles les enseignants ont été réprimés par les autorités. Et du coup, suite à ses manifestations ont eu lieu des interpellations d’enseignants avec qui nous nous solidarisons aujourd’hui en tant que coordination. Les sit-in et protestations que nous organisons sont également l’occasion pour rappeler notre revendication d’intégration dans le statut de la fonction publique et annuler le processus de contractualisation« , explique-t-il.

Les motifs des interpellations des enseignants le 7 avril dernier à Rabat ne sont pas encore clairs pour les concernés relève Boulanouar, notant qu’ils ne connaissent même pas le fond de leurs dossiers vu que l’audience a été reportée deux fois.

« On ne connaît pas encore quelles sont les charges retenues contre nous. Ils disent qu’il y a violation de l’état d’urgence sanitaire, rassemblement non autorisé et autres. Pour nous, c’est des accusations qui n’ont pas de fondement vu que la Constitution marocaine nous donne le droit de manifester et de protester pour nos droits. C’était une manifestation pacifique, il n’y avait pas de violence. D’ailleurs, les médias qui suivent nos débrayages depuis le début peuvent confirmer que nos manifestations n’ont jamais été marquées par la violence « , nous dit-il.

Grèves, sit-in… Ce n’est que le début
La rentrée scolaire 2021/2022 a été fixée par le ministère de l’Éducation nationale au 1er octobre. Elle sera marquée encore une fois par la présence de la pandémie et de toutes les mesures qui s’en suivent. Alors que l’école doit se rattraper auprès des élèves pour tous les cours raté ou dispensé à la va-vite pendant la pandémie, les enseignants dits contractuels, eux, vont élaborer un autre programme de lutte spéciale rentrée scolaire, pour faire valoir leur droit auprès de leur tutelle et de l’État.

Selon Mohamed Boulanouar, ce jeudi 23 septembre marque le dernier jour du programme de lutte de la CNEC. « En ce moment même, il y a une réunion pour fixer le prochain programme de lutte des enseignants contractuels, vu que notre combat pour nos droits n’a pas encore pris fin. Il y en aura encore et encore des grèves et sit-in jusqu’à l’intégration de l’ensemble des enseignants recrutés par contrat auprès des AREF dans le statut de la fonction publique« , soutient cet enseignant.

Interrogé sur les retombés des protestations et grèves sur le parcours scolaire et éducatif des élèves du public, Boulanouar avance que » le responsable de cette situation n’est autre que l’État et le gouvernement de Abdelillah Benkirane puis celui de Saad Eddine El Othmani, et non pas les enseignants ».

« Ils ont laissé ce problème grandir jusqu’à atteindre 100.000 enseignants recrutés par contrat auprès des AREF, qui protestent aujourd’hui et mènent des grèves. On ne peut pas aussi travailler dans des conditions vulnérables et défavorables et véhiculer le message noble qui est l’enseignement et l’éducation des futures générations« , dit-il.

L’État est responsable de cette situation aux yeux des enseignants contractuels. Dans ce sens, Mohamed Boulanouar estime que le prochain gouvernement doit également assumer ses responsabilités et trouver une solution équitable à ce dossier dans les plus brefs délais pour garantir l’enseignement aux enfants des Marocains. « Nous aussi on a une jalousie pour notre école publique, dont on est le pur produit, et on veut que nos élèves aient une éducation digne de ce nom« .

Reste à savoir maintenant, si les enseignants contractuels ont foi dans le prochain gouvernement pour résoudre leur dossier ou pas. D’après notre interlocuteur, « il est encore très tôt pour penser quoi que ce soit dans ce sens. Il y a eu des promesses électorales certes. Mais la vie nous a appris que les promesses électorales restent des promesses électorales« , poursuit la même source

« La vérité, nous allons la connaître directement après la formation du gouvernement. À ce moment-là, on verra s’il y a de bonnes intentions pour la résolution de notre dossier ou pas« , conclut Mohamed Boulanouar.

fr.hespress

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