04202024Headline:

USA /Le president Trump limoge la ministre intérimaire de la justice

 critiqué de toutes parts, y compris par son prédécesseur, le président américain Donald Trump a défendu lundi 30 janvier sa décision de fermer les frontières aux ressortissants de sept pays musulmans.

Il a de nouveau riposté aux critiques lundi dans une série de tweets. Pour expliquer la situation parfois chaotique dans les aéroports américains, M. Trump a mis en cause une défaillance informatique au sein de la compagnie aérienne Delta, les manifestations d’opposants et les réactions faussement outrées selon lui d’élus du Congrès.

Il a dû faire face à une complication de taille quand la ministre intérimaire de la justice a appelé les procureurs à ne pas défendre le décret. Il a répliqué par la manière forte, en la relevant de ses fonctions.

  • Sally Yates remerciée après sa prise de position

L’ancienne numéro deux du ministère de la justice sous l’administration Obama faisant office de ministre par intérim, Sally Yates, a ordonné lundi 30 janvier aux procureurs de ne pas défendre le décret anti-immigration signé vendredi par le président républicain Donald Trump.

La réponse du président américain n’a pas tardé. « La ministre intérimaire, Sally Yates, a trahi le département de la justice en refusant d’appliquer un décret destiné à protéger les citoyens des Etats-Unis », a déclaré la Maison Blanche dans un communiqué. « Le président Trump a relevé Mme Yates de ses fonctions et a nommé Dana Boente ministre intérimaire dans l’attente de la confirmation par le Sénat de la nomination du sénateur Jeff Sessions. » Sans surprise, le nouveau ministre appliquera le décret. « Je donne instruction aux hommes et aux femmes du département de la justice de faire leur devoir comme nous l’avons juré et de défendre les ordres légaux de notre président », a déclaré M. Boente dans un communiqué.

Un peu plus tôt, Sally Yates a mis en doute dans une note interne la légalité et la moralité de ce décret qui interdit l’entrée aux Etats-Unis des ressortissants de sept pays à majorité musulmane, et à tous les réfugiés.

« Ma responsabilité est d’assurer que la position du ministère est non seulement légalement défendable mais est également formée par notre meilleure interprétation de ce qu’est la loi, après avoir pris en considération tous les faits. A l’heure actuelle, je ne suis pas convaincue que la défense du décret présidentiel soit cohérente avec ces responsabilités, pas plus que je ne suis convaincue du fait que ce décret présidentiel soit légal. »

« Par conséquent, pendant toute la période où je suis ministre par intérim de la justice, le ministère de la justice ne présentera pas d’arguments pour défendre le décret présidentiel, sauf si je finis par être convaincue qu’il est approprié de le faire », a-t-elle affirmé.

M. Trump a tweeté peu après la divulgation du mémo de Mme Yates : « Les démocrates retardent mes choix pour mon cabinet uniquement pour des raisons politiques. Ils n’ont rien à y gagner sauf à faire de l’obstruction. Actuellement, j’ai un A.G. d’Obama », autrement dit un « attorney general » (ministre de la justice).

  • Le chef intérimaire du service de l’immigration et des douanes remplacé

Dans sa lancée, le président américain a continué à faire le tri dans son administration. Il s’est notamment empressé de remplacer, lundi, le chef intérimaire du service de l’immigration et des douanes (ICE), Daniel Ragsdale, un ancien de l’administration Obama.

Thomas Homan, qui prendra la direction de l’ICE en remplacement de M. Ragsdale, « œuvrera à l’application de nos lois sur l’immigration sur le territoire des Etats-Unis, en conformité avec notre intérêt national », a déclaré le secrétaire à la sécurité intérieure, John Kelly, dans un communiqué.

Plusieurs diplomates américains ont protesté contre le décret en utilisant un canal officiel dit de « dissidence ». « Soit ils acceptent le programme, soit ils s’en vont », les a avertis Sean Spicer, le porte-parole de Donald Trump.

  • Des exemptions au cas par cas

Après Londres et le Canada, qui ont bénéficié d’exemptions pour leurs citoyens naturalisés ou ceux ayant également la nationalité d’un des sept pays concernés par le décret, c’est au tour de l’Australie et de l’organisation des Nations unies.

Canberra a annoncé mardi que les Australiens binationaux étaient exemptés des restrictions sur l’entrée aux Etats-Unis imposées aux ressortissants de sept pays musulmans par le décret migratoire du président américain Donald Trump.

« Les détenteurs de passeports [australiens] pourront aller et venir aux Etats-Unis de la manière habituelle, quel que soit leur lieu de naissance, qu’ils soient ou non binationaux ou s’ils détiennent ou non un autre passeport », a déclaré Malcolm Turnbull, le premier ministre australien, qui a reçu cette confirmation du conseiller à la sécurité nationale, Michael Flynn.

Washington a également assuré aux Nations unies – dont le siège est à New York – que leurs employés, venant des sept pays concernés et détenteurs de visas G4 valides, pourraient continuer à entrer aux Etats-Unis.

Après avoir dans un premier temps affirmé à la presse qu’une poignée d’employés de l’ONU n’avaient pas pu embarquer à destination des Etats-Unis au cours du week-end, le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, a précisé n’avoir recensé aucun cas confirmé de personnel affecté par le décret américain.

  • La nomination d’un « sage » avancée

Le président américain a aussi tweeté que le magistrat choisi pour occuper le siège vacant depuis presque un an à la Cour suprême des Etats-Unis serait annoncé mardi soir. Il devait initialement l’annoncer jeudi mais, confronté au tollé international suscité par son décret de fermeture partielle des frontières, il a décidé de l’avancer de quarante-huit heures.

Depuis la mort, en février 2016, d’Antonin Scalia, les « sages » ne sont plus que huit car le Sénat – aux mains des républicains – a refusé d’auditionner le candidat qui avait été choisi par son prédécesseur démocrate Barack Obama.
lemonde.fr

What Next?

Recent Articles