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VIDEO/Le dérapage de trop /Donald Trump ne veut pas d’immigrés venant de «pays de merde»”(Afrique,Haiti,..

 Discutant jeudi d’une réforme de l’immigration avec des sénateurs démocrates et républicains invités à la Maison-Blanche, le président américain a provoqué un nouveau tollé avec des remarques jugées « racistes ». Ce dernier a démenti avoir utilisé cette expression qui provoque un tollé international.

De notre correspondant à Washington

Le dédain de Donald Trump pour le «politiquement correct», son sens aléatoire de la diplomatie et ses positions radicales en matière d’immigration se sont combinés jeudi pour provoquer un nouveau dérapage verbal, qui a déclenché des hauts cris chez ses adversaires, sans risque de choquer pour autant ses partisans.

Discutant d’une réforme de l’immigration avec des sénateurs démocrates et républicains invités à la Maison-Blanche, le président est intervenu lorsque le républicain Lindsey Graham et le démocrate Richard Durbin ont évoqué l’accueil de ressortissants de pays africains, du Salvador ou d’Haïti. «Pourquoi fait-on venir ici tous ces gens de pays de merde?», s’est exclamé le président. Il a déclaré que les États-Unis feraient mieux de s’ouvrir à des immigrants de pays comme la Norvège, dont la première ministre était à Washington la veille. «Quel besoin avons-nous d’Haïtiens en plus? a déclaré Trump. Qu’on les vire.» La tirade a choqué plusieurs sénateurs présents, qui l’ont rapportée au Washington Post.

 

Ces propos ont également été condamnés à l’ONU. «Si c’est confirmé, il s’agit de commentaires choquants et honteux de la part du président des Etats-Unis. Désolé, mais il n’y a pas d’autre mot que ‘racistes’», a déclaré le porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, Rupert Colville, lors d’un point de presse à Genève. L’Union africaine a également condamné des remarques «blessantes» et «dérangeantes». Le Bostwana a annoncé, ce vendredi, avoir convoqué l’ambassadeur des États-Unis pour lui faire part de son «mécontentement». En France, le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a déclaré que «l’honneur» des dirigeants politique commande de «garder un langage châtié» à l’égard des pays «en grande détresse».

 

Ce vendredi, Donald Trump a pourtant laissé entendre dans un tweet qu’il n’avait pas utilisé l’expression «pays de merde». «Le langage que j’ai utilisé lors de la réunion était dur mais ce ne sont pas les mots utilisés», a-t-il écrit, ajoutant qu’il n’avait «jamais dit de mal des Haïtiens». Le président américain, qui pourrait désormais enregistrer ses réunions, accuse les démocrates d’avoir inventé de tels propos. Pourtant, ce vendredi, le sénateur démocrate Dick Durbin, qui assistait à la réunion jeudi, a confirmé que le chef de l’État avait utilisé «plusieurs fois» l’expression «pays de merde».

«Certains politiciens de Washington préfèrent se battre pour des pays étrangers, mais le président se battra toujours pour les Américains, avait justifié jeudi soir un porte-parole de la Maison-Blanche, Raj Shah, dans un communiqué. Comme d’autres pays ayant adopté un système d’immigration au mérite, le président Trump se bat pour une solution permanente qui renforce notre pays en accueillant ceux qui peuvent contribuer à notre société, à la croissance de notre économie et s’assimiler à notre grande nation.»

«Remarques cruelles, clivantes, élitistes»

Aux États-Unis, la polémique a démarré aussitôt, focalisée en partie sur les mérites d’une immigration ouverte ou sélective, mais plus encore sur le caractère «raciste» prêté aux propos du président. Cedric Richmond, chef du Black Caucus à la Chambre, y a vu «une nouvelle preuve que son programme de ‘rendre sa grandeur à l’Amérique’ consiste en fait à rendre sa blancheur à l’Amérique.» La républicaine de l’Utah Mia Love, d’origine haïtienne, a dénoncé des «remarques cruelles, clivantes, élitistes qui contredisent les valeurs de notre nation.»

Fin décembre, le New York Times avait relaté une réunion du mois de juin à la Maison-Blanche sur l’immigration durant laquelle Donald Trump aurait déclaré que les Haïtiens «ont tous le sida» et que les Nigérians, une fois accueillis aux États-Unis, «ne retourneront jamais dans leurs huttes». La porte-parole du président, Sarah Sanders, avait démenti tout commentaire désobligeant de sa part en cette occasion.

Les adversaires de Trump font le rapprochement avec ses critiques virulentes des joueurs de football américain noirs qui posent le genou à terre pendant l’hymne national pour protester contre les violences policières visant leur communauté. Ils évoquent aussi ses commentaires ambigus en août après les incidents de Chalottesville où, malgré la mort d’une militante antifasciste provoquée par un néonazi, il voyait «des gens bien dans les deux camps».

Réaction timide chez les conservateurs

L’élu démocrate de l’Illinois Luis Gutiérres a estimé que ce dernier dérapage pourrait faire échouer la négociation en cours sur une réforme de l’immigration: «Démocrates et républicains ont fait une proposition au Sénat. La réponse est cette explosion raciste. Comment peut-on le prendre au sérieux?», a-t-il lancé. L’Administration Trump avait annoncé mardi que 200.000 Salvadoriens devraient quitter le pays avant 2019 ou risquer l’expulsion.

Dans le camp conservateur, la fermeté du président est applaudie plutôt timidement. «Le président déplore l’immigration de pays de m…de», annonce Fox News, tout en ne citant que des républicains critiquant ses remarques. «La politique d’immigration de l’Amérique d’abord’ est très populaire», affirme de son côté le site Breitbart News. La commentatrice radicale Ann Coulter, qui critiquait la veille les ouvertures du président aux démocrates sur l’immigration, a tweeté: «Il essaie de me reconquérir».

 
 

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