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Voici pourquoi Orange dévoile : Un Français sur 1800 est espionné par l’Etat

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Orange a rendu public, mercredi 10 juin, un rapport dévoilant les nombres de mises sur écoute et de consultations de données de ses abonnés, dans chacun de ses pays d’implantation.

C’est une initiative assez rare pour être soulignée : le rapport dévoilé ce matin par l’opérateur téléphonique Orange place dans le domaine public des éléments d’information souvent impossibles à obtenir. Parmi eux : les quantités d’interceptions (mises sur écoute) et de consultations de métadonnées (détails d’appel, de facturation, localisations de mobiles, identités…) pratiquées par les autorités pays d’implantation de la société.

Le premier constat qui se dégage de ce rapport : nous, citoyens, sommes espionnés. A L’heure où la loi sur le renseignement est sur le point d’être promulguée, cet élément d’information donne du grain à moudre au débat sur les atteintes à la vie privée dans le cadre des technologies numériques. En effet, si l’on part du postulat que les opérateurs concurrents d’Orange sont aussi sollicités par les gouvernements pour ce genre de pratiques, un basique calcul nous permet de conclure qu’un Français sur 1 800 fait l’objet d’une surveillance étatique.

Le nombre dinterceptions et de consultations de métadonnées par pays dimplantation dOrange Orange dévoile ses chiffres en matière de surveillance: Un Français sur 1 800 espionné par lEtat

En profondeur, que nous dévoile ce rapport ? Rien de flagrant, d’après Félix Tréguer, chercheur et activiste de l’association la Quadrature du Net, qui défend et recense les atteintes aux libertés de la vie privée à l’ère du numérique. «Ces données sont exclusivement quantitatives», explique le chercheur. «Elles ne donnent pas de détails, que ce soit dans le cas des mises sur écoute ou des consultations de métadonnées. Par ailleurs, Orange n’évoque pas les chiffres qui concernent ses activités d’hébergeur web, mais uniquement ceux de son activité d’opérateur téléphonique».

Pour expliquer la maigreur des informations dévoilées, Félix Tréguer tempère son jugement : «Orange ne peut pas tout dévoiler. En France par exemple, il est interdit à une société de donner des détails concernant les demandes d’interceptions ou de consultations émises par les services de renseignement», explique-t-il. «Ce rapport ne peut pas être complet alors que des données aussi sensibles y sont évoquées».

L’État français est actionnaire d’Orange à hauteur de 25% du capital de la société. Cette dernière réalise environ 50% de son chiffre d’affaire dans l’hexagone. Des éléments qui laissent à penser que les rapports entre l’État et la société peuvent créer un effet de censure naturelle pour la divulgation de certaines données.

Félix Tréguer Co fondateur de La Quadrature du Net 1024x576 Orange dévoile ses chiffres en matière de surveillance: Un Français sur 1 800 espionné par lEtat

Pourquoi publier un tel rapport ? «C’est un coup de com’», avance Félix Tréguer. «La société a besoin de montrer patte blanche après quelques scandales dans le domaine de la surveillance. On se rappelle qu’Orange s’était fait épingler lors du printemps arabe, notamment en Égypte et en Tunisie, pour avoir transmis des SMS à la demande des autorités, incitant les gens à rester chez eux». Et l’activiste d’ajouter : «cette initiative s’inscrit dans un contexte où la transparence est devenue à la mode, avec de plus en plus d’associations et de multinationales adhérant aux principes du Global Network Initiative (ONG qui lutte contre la censure sur internet des états dits autoritaires et pour la protection du droit à la vie privée sur internet – NDLR) et avec, en France, le vote de la loi sur le renseignement qui fait polémique».

Coup de com’ ou sincère volonté altruiste ? Le rapport d’Orange a au moins le mérite de tomber à pic, alors que loi sur le renseignement et liberté d’expression sont au cœur des débats politique et citoyen, en France comme en Europe.

Source: Russia Today

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