Le voyage à Kiev a donc fini par avoir lieu : Emmanuel Macron, président français tout juste réélu et de l’Union européenne pour encore quelques jours, s’est rendu en Ukraine cette semaine. Une visite teintée des polémiques passées, mais aussi de nombreuses promesses. Peut-on parler de revirement historique ?
Une visite de rattrapage, un engagement sur le fil, les commentateurs ukrainiens reflétant l’esprit général dans le pays, ne se sont pas privés d’abondamment débattre sur ce voyage à la fois tardif et in extremis, n’hésitant pas même à user de l’analogie ferroviaire, alors que le dirigeant français traversait l’ouest ukrainien pour secrètement, rejoindre la capitale en wagon-lit, estimant qu’il avait, « un train de retard ». Mais les Ukrainiens, attaqués militairement par la Russie depuis quatre mois et mis en grandes difficultés à l’est dans le Donbass, n’ont sans doute plus le luxe des polémiques. Le président Volodymyr Zelensky a donc choisi de faire table rase des crispations suscitées par les médiations françaises et la mansuétude à l’égard de Moscou pour saluer un jour historique en marge de la réunion à Kiev du président Macron et de ses homologues allemands, italiens et roumains.
Une visite riche en promesses et en cadeaux à l’Ukraine ?
« L’Europe est à vos côtés, elle le restera autant qu’il le faudra jusqu’à la victoire, qui aura le visage du retour de la paix dans une Ukraine libre et indépendante », a déclaré Emmanuel Macron dès son arrivée, alors que les mines sombres et solennelles des quatre dirigeants européens devant l’horreur de la destruction des faubourgs de Kiev laissaient présager un message fort et unanime en faveur des Ukrainiens. Aide militaire bien sûr, mais aussi, et peut-être surtout, un engagement à ce que le pays rejoigne un jour l’Union européenne.
« Les Ukrainiens sont prêts à mourir au nom de l’Europe. Nous voulons qu’ils vivent désormais avec nous ce rêve européen… », a d’ailleurs déclaré, dès le lendemain, Ursula von der Leyen, présidente de l’exécutif à Bruxelles. Au passage, c’est le chancelier allemand Olaf Scholz qui s’est réconcilié lui aussi avec l’Ukraine, très critiqué pour son manque d’entrain sur le volet de l’adhésion européenne ainsi que pour les livraisons d’armes. Le Président Zelensky s’est félicité du soutien du peuple allemand.
Pékin affirme son soutien à Moscou, quelle portée cette annonce peut-elle avoir ?
Si la visite du trio européen a immédiatement été critiquée à Moscou, l’ancien président Medvedev moquant ces « fans de grenouilles, de pâté de foie et de spaghettis », ce revirement pro-ukrainien isole encore un peu plus Vladimir Poutine. Aussi, le coup de fil entre Moscou et Pékin cette semaine, se soldant par la réaffirmation de leur soutien mutuel sur les questions de sécurité et de souveraineté, peut apparaître comme un blanc-seing chinois bien opportun. Il faut dire que la Chine observe très attentivement la réaction internationale à l’invasion russe de l’Ukraine à l’aune de ses propres tentations à Taïwan.
Preuve de cette cordiale entente de circonstance, Moscou et Pékin ont d’ailleurs mené, il y a peu des patrouilles aériennes communes au-dessus de la Mer de Chine.
Melv