Fidel Ramos avait dirigé les Philippines entre 1992 et 1998. Il est décédé ce dimanche à l’âge de 94 ans. La délégation de l’Union européenne dans le pays a rendu hommage à un « homme d’État dévoué » et un « pilier de la démocratie ».
« C’est avec une grande tristesse que nous apprenons le décès de l’ancien président Fidel V. Ramos », a annoncé la présidence philippine. « Il laisse derrière lui un héritage haut en couleur (…) dans l’histoire pour sa participation aux grands changements de notre pays, à la fois comme officier militaire et comme chef de l’exécutif ».
« Eddie », comme le surnomment les Philippins, restera dans les mémoires comme l’homme qui a dirigé le pays pendant l’une des rares périodes marquées par la croissance et la paix. Regard malicieux derrière ses éternelles lunettes en acier, ce militaire de carrière résolument pro-américain a combattu avec les contingents philippins aux côtés des soldats américains en Corée et au Vietnam.
Haut fonctionnaire à l’allure frêle, Fidel Ramos sert comme ministre de la Défense sous le dictateur Ferdinand Marcos, son cousin. Mais dans les années 80, il se retourne contre son maître et sera l’une des figures clés de la révolution pacifique pro-démocratie qui portera Cory Aquino au pouvoir. Durant sa présidence, il aide à déjouer sept tentatives de coup d’État militaires.
Fidel Ramos fut le premier protestant à accéder à la fonction suprême dans ce pays majoritairement catholique, malgré l’opposition de certains membres de l’Église. Connu pour son attitude imperturbable dans les moments de crise, il n’était pas rare de le voir mâchonner, l’air laconique, des cigares en public.
L’ex-président a mené une campagne agressive en faveur du planning familial afin de freiner la croissance rapide de la population. Il a également résolu une crise énergétique majeure causée par des années de sous-investissement dans le domaine de l’énergie. Il a également brisé les cartels des secteurs des télécommunications, de l’aviation et du transport maritime, stimulant ainsi l’économie qui a connu une période de croissance. Cet ancien militaire a aussi tendu la main aux guérillas communistes, aux séparatistes musulmans et aux militaires putschistes dans une tentative de conciliation. Au final, seuls les communistes ont refusé de signer des accords avec son gouvernement.
En 2016, Fidel Ramos sera l’un des premiers soutiens notoires du populiste Rodrigo Duterte, quand ce dernier se présente aux élections présidentielles. Il faut attendre la guerre anti-drogue qui fait des milliers de victimes, pour que l’ex-président Ramos prenne publiquement ses distances.
Né dans une famille de diplomates, Fidel Ramos, diplômé de la prestigieuse école militaire de West Point, aux convictions pro-américaines, a combattu avec les contingents philippins au côté des États-Unis en Corée et au Vietnam. Patient et secret derrière ses lunettes d’acier, il s’est forgé une réputation d’homme travailleur et sérieux afin de conquérir la présidence en 1992.
Mais comme d’autres hauts fonctionnaires de sa génération, Fidel Ramos a joué un rôle dans la dictature de Ferdinand Marcos, au cours de laquelle des milliers de personnes ont été tuées et des milliers d’autres emprisonnées arbitrairement. Il n’a cependant pas hésité, par conviction démocratique, à se retourner contre son maître – et cousin – pour porter Cory Aquino au pouvoir en 1986.