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PHOTOS/Côte d’Ivoire/Steve Gohouri, le footbaleur conduit à sa derniere demeure /les mystères d’une disparition

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La mort de l’ancien international ivoirien, Steve Gohouri, retrouvé sans vie dans le Rhin le 31 décembre, continue de susciter des interrogations, surtout en Côte d’Ivoire.

En cette fraîche soirée du 10 janvier, la paroisse Sainte-Claire, au nord de Paris, prend des allures de refuge chaleureux. A l’intérieur d’une salle annexe, une centaine de chaises garnissent une pièce résonnant aux chants évangélistes. Autant de sièges qui permettent à la cinquantaine de personnes venues rendre hommage à Steve Gohouri de se placer librement.

Au bord d’une estrade, plusieurs cadres rappellent les exploits de l’Eléphant (10 sélections) retrouvé mort dans le Rhin le 31 décembre dernier. A leurs pieds, les flammes des bougies à peine déposées virevoltent au rythme des allées et venues des proches présents pour la veillée en l’honneur de l’ancien défenseur. «Pour le moment, c’est le temps du deuil, témoigne Toussaint Alain, un parent de Gohouri. Ce qui n’empêche pas des interrogations légitimes.» Car les conditions de la disparition du joueur passé par l’Israël, l’Italie, la Suisse, l’Allemagne, l’Angleterre, la Suisse ou encore le Liechtenstein, sont encore mystérieuses.

«Un ami de Steve nous demandait s’il était chez nous»

Un mois plus tôt, le soir du 11 décembre, Steve Gohouri se trouve en Allemagne. Dans le centre du pays, il participe au dîner de Noël du TSV Steinbach (D4). Le directeur général du club que l’Ivoirien vient tout juste de rejoindre, Matthias Georg, raconte: «On faisait une fête pour Noël, Steve était heureux.» Le manager du club, Thomas Brdaric, assure que le défenseur ne s’est pas éternisé lors de la soirée, prétextant un départ tôt le lendemain en direction de Paris où il doit retrouver sa famille.

Deux jours plus tard, dans la capitale française, ses proches reçoivent un appel inquiétant. «Un ami de Steve nous demandait s’il était chez nous», raconte le cousin du joueur. L’ancien joueur du Borussia Mönchengladbach n’est jamais arrivé à Paris. Inquiétées par cette alerte, la mère et les soeurs du défenseur de Steinbach s’envolent alors pour l’Allemagne, le 15 décembre. Débute un va-et-vient entre Düsseldorf et Paris, auquel se joint le beau-père de Steve Gohouri. «On a rencontré sa belle-famille sur place et on a ensuite fait les démarches auprès des autorités allemandes», explique celui auprès duquel l’arrière central a grandi.
Prévenue dès le lendemain de la disparition de l’international ivoirien, la police allemande lance des recherches dans la région de Düsseldorf pendant que les amis du joueur disparu s’activent sur Facebook pour alerter leurs contacts. Le 31 décembre, dix-neuf jours après sa disparition, le corps de Steve Gohouri est retrouvé dans le Rhin. L’autopsie du défunt ne révèle aucune action d’une tierce personne et situe le décès au 13 décembre, soit le lendemain de la disparition du joueur.

La thèse du suicide ne convainc pas du tout la famille
En parallèle à l’enquête de la police, certains journaux allemands et italiens ont avancé la thèse du suicide. Voici leur version : victime d’une déception amoureuse, l’ancien joueur de Bologne (2002-03), qui avait également des soucis d’argent et de drogue, aurait souhaité mettre fin à ses problèmes. Une version à laquelle Magloire Grobry, le beau-père de Steve Gohouri, toujours sous le choc, a du mal à souscrire.

Installé dans une petite salle du bâtiment de la paroisse Sainte-Claire, juste avant d’assister à une messe à l’étage en l’honneur de son beau-fils, il peste à l’évocation des révélations des journaux italiens et allemands. La drogue ? «Ce n’est pas du tout son genre !» L’entourage de Steve Gohouri reconnaît néanmoins que le joueur de trente-quatre ans a pu avoir quelques problèmes financiers.

Des soucis auxquels il souhaitait mettre fin avec sa récente signature au TSV Steinbach, dont il avait porté les couleurs pour la première fois quelques jours avant sa disparition. «Son agent lui avait trouvé ce club de D4 et lui avait également promis de lui trouver une D2 en juin. Il avait donc une perspective», précise Magloire Grobry qui n’en finit pas de ressasser des interrogations. «La police a conclu à une “noyade volontaire”, ça veut dire suicide, explique Magloire Grobry, dubitatif. Comment un gaillard comme Steve, qui sait nager en plus, aurait pu faire ça ?»

Aucune trace de drogue ou d’alcool révélée à l’autopsie
Son beau-père privilégie la thèse de l’accident. Le 8 janvier, le quotidien allemand Bild a publié un long article confortant cette hypothèse. Après le dîner de Noël avec ses nouveaux coéquipiers du TSV Steinbach, l’ancien défenseur aurait pris la direction de Düsseldorf, cent cinquante kilomètres plus au nord, pour rejoindre un ami. Au cours de la soirée, il aurait également confié à quelques connaissances être rongé et affecté par la décision de sa copine d’aller faire ses études à Munich. Selon le récit du journal allemand, la trace de Steve Gohouri se perd à 5h30. Son corps sera retrouvé dans la commune de Krefeld, à vingt-cinq kilomètres de Düsseldorf.

La thèse du journal allemand prétend que le défenseur ivoirien serait tombé, ivre, dans le Rhin. Une version qui se heurte à une nouvelle contradiction puisque Franck Gnaly, le cousin du joueur, affirme que l’autopsie n’a révélé aucune trace d’alcool ou de drogue. «Il y a encore des zones d’ombre», résume, sibyllin, le beau-père de Steve Gohouri. En particulier autour de la compagne de l’ancien Eléphant. Du 3 au 9 janvier, la famille parisienne du joueur s’est rendue en Allemagne. Il était prévu au programme une rencontre avec la belle-famille au moment d’aller à la morgue pour confirmer l’identité du défunt.

Les proches de l’arrière central s’y rendront seuls. «Ils nous ont dit que la copine de Steve était à l’hôpital, qu’elle avait fait un malaise. Pour moi, c’est du chiqué», s’emporte Franck Gnaly. De la belle-famille du défenseur, les proches de Gohouri n’ont obtenu qu’une seule chose: le passeport du défunt, indispensable pour faciliter les démarches. Mais aucune trace de prétendu billet pour se rendre à Londres pour voir Didier Drogba comme l’a affirmé Bild, ni de billet pour Paris afin de se rendre chez sa famille.

Victime d’un agent escroc ?
«Entre le 15 et le 17 décembre, la famille était dans l’appartement dans lequel Steve et sa copine étaient censés vivre, poursuit le cousin de Steve Gohouri. Dans l’appartement, il n’y avait pourtant quasiment aucune de ses affaires. Ce n’est pas un appartement dans lequel vous sentiez qu’un couple vivait…»

D’après le cousin du joueur, cette relation aurait été favorisée par un certain Rui Alves. Cet ancien ami de Steve Gohouri a travaillé avec lui à l’époque où il était au sommet de sa carrière, au Borussia Mönchengladbach puis à Wigan. Franck Gnaly accuse ce «pseudo agent» d’avoir carrément escroqué son cousin. Le personnage mystérieux apparaît également dans la bouche d’un ami de Steve Gohouri, encore à Abidjan, qui se souvient des propos de Steve Gohouri datant de 2013. «Il se plaignait d’un de ses amis qui se prenait pour son manager. Il m’avait alors semblé que cette personne avait droit à ses cartes et à ses comptes. Steve a juste coupé les ponts avec cet ami.» Contacté par nos soins, Rui Alves n’a pas répondu.

”Sa mort reste un mystère”
Si la justice allemande a décidé de cesser les investigations sur la mort du défenseur en classant l’affaire, la famille n’est pas satisfaite des résultats de l’enquête. Magloire Grobry veut poursuivre les recherches. «On a engagé un avocat.» Le corps de Steve Gohouri se trouve désormais en Côte d’Ivoire, un pays qu’il a quitté à l’âge de six ans avant de sillonner l’Europe pendant toute sa carrière. Dans la matinée du samedi 16 janvier, un dernier hommage a été rendu à l’ancien joueur dans le sud d’Abidjan. A Treichville exactement, là où, trente-quatre ans plus tôt, Steve Gohouri est né. Au siège de la Fédération ivoirienne de Football, des membres de la FiF, des joueurs et les supporters du Comité national des supporters des Eléphants ont honoré sa mémoire. A Abidjan, quelques-uns de ses coéquipiers en sélection ont assisté à la cérémonie. Parmi eux, Amara Diané, Kandia Traoré ou encore Bonaventure Kalou. «C’était un homme bien. On a du mal à accepter sa disparition», regrette l’ancien milieu international passé par Auxerre et le PSG.

L’assemblée s’est ensuite dirigée dans l’après-midi vers le nord de la capitale, en direction du cimetière de Williamsville. Pour des funérailles entièrement prises en charge par le gouvernement de Côte d’Ivoire. Des membres de la Fédération, le ministre des Sports et un représentant du Président de la République (Alassane Ouattara) ont entouré la famille de l’ancien joueur, toujours troublée par les circonstances du décès. «Sa mort reste un mystère» ressasse son oncle, Toussaint Alain.

francefootball.fr

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