La grande faucheuse, dénomination relativement glamour de la mort, a encore frappé. C’est dans les rangs de la Police nationale qu’elle est allée étendre son obscur voile. Et c’est l’adjudant Mélagne Agnès Théodore, en service à la Brigade anti-émeute (Bae), qui est lâchement fauché.
En effet, au regard de ce que rapportent nos sources, on apprend que, comme d’habitude, lors des matinées dominicales, le petit stade de football de Williamsville, dans la commune d’Adjamé, est investi. Investi par ceux que l’on appelle abusivement, anciennes gloires de notre football. Mais il n’y a pas qu’eux. Il y aussi des pensionnaires actuels, de notre championnat, sans compter des anonymes. Tous, des amis, viennent de diverses communes, pour se retrouver là, sur ce petit stade de foot, à Williamville. Et tous ces joyeux lurons, se livrent à des parties de « maracana ». C’est bien ce qu’il se passe, ce dimanche 19 septembre 2017. Parmi tous ces amateurs du ballon rond, figure l’adjudant de police, Mélagne Agnès Théodore. Dans la gaieté, la joie, les matches se déroulent très bien, dans un esprit de convivialité, d’amitié. D’ailleurs, c’est la règle là-bas. Il n’y a pas de place, ici, pour les histoires et les esprits belliqueux. On est ici, pour se faire plaisir et revivre de vieux souvenirs de notre football. Et cet esprit est respecté.
Plus tard, quand se terminent les rencontres où l’adjudant de police montre tout son talent, arrive l’autre articulation, de ces retrouvailles dominicales Celle-là, c’est la « troisième mi-temps », comme on l’appelle dans le jargon. C’est l’autre temps fort que tous ces joueurs aiment d’ailleurs. C’est bien le moment où tous ces potes s’offrent, cette fois, une bonne partie de bouffe et surtout de beuverie, avant de se quitter. Et pour s’offrir ce grand moment de détente, tous se « déversent » dans le maquis juste à côté, dénommé « Au sable ».
En ces lieux, les plats d’attiéké au poisson frit et autres soupes, garnissent les tables de ces hommes, encore en sueur. Mais il y a surtout l’alcool qui coule à flot, pour ceux qui aiment bien lever le coude.
Mais alors qu’il est tout gai, dans cette mêlée, l’adjudant de police Agnès Théodore, est pris d’un soudain malaise. Il s’écroule, incapable de prononcer un seul mot. D’ailleurs, il commence à se raidir. Les autres qui volent à son secours, lui placent une cuillère entre les dents, pour empêcher que ses mâchoires se croisent fatalement. On tente alors de le réanimer, en attendant de le faire évacuer dans un centre hospitalier.
Hélas, il n’y a plus rien à faire pour l’infortuné. Ainsi, le malheureux Agnès Théodore rend, au Seigneur, son dernier soupir, dans les bras mêmes de son ami du nom de Gnabozi, un ex-talentueux footballeur. Avec ce gros malheur, tout s’arrête net dans le maquis. L’hilarité de l’instant, cède la place à la tristesse, à la consternation. Personne ne veut y croire. Mais hélas, c’est bel et bien la réalité. L’adjudant de police ne fera plus jamais partie des effectifs de la Bae. Il est mort.
Il est alors fait appel à d’autres agents de police, qui se déportent sur les lieux et procèdent au constat d’usage. Puis, le corps sans vie est enlevé et transféré à la morgue, en présence de tous ces amateurs de « maracana », dont certains ne peuvent contenir leurs larmes. Terrible moment, pour les amis du « maracana » de Williamsville, qui s’interrogent encore, sur les causes de la mort subite, de l’un des leurs. Une interrogation à laquelle ils n’arrivent toujours pas à trouver une réponse.
KIKIE Ahou Nazaire
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