La présidente du Mouvement des Générations capables (MGC), Simone Gbagbo a célébré la première édition de la “fête des libertés”, à Bouaké, capitale du centre du pays. Dans son discours, elle est revenue sur le choix de cette ville, qui jadis a été le fief de la rébellion qui a divisé le pays en deux dès septembre 2023. Voici l’intégralité de son discocurs.
(…) Je voudrais particulièrement saluer et remercier le Général Gaston Ouassénan KONÉ, Vice-Président du PDCI-RDA, Doyen des personnalités politiques du District de la Valée du Bandama pour son soutien et sa présence à nos côtés. Je voudrais, à travers vous, mon Général, saluer et remercier le Président Henri Konan BÉDIÉ et le PDCI-RDA.
Cela fait 15 ans que je n’avais pas remis les pieds à Bouaké
Mesdames et Messieurs, Cela fait 15 ans que je n’avais pas remis les pieds à Bouaké. Depuis mon arrivée le jeudi dernier, j’ai pu saluer les autorités administratives, les responsables de culte, les chefs des communautés Baoulés, et les chefs des communautés étrangères. Partout, j’ai été très bien accueillie. Mes responsables politiques ont visité des communautés ivoiriennes vivant ici à Bouaké. Je voudrais tous, vous remercier de tout cœur pour cet accueil chaleureux. Nous sommes venus à Bouaké pour célébrer la première édition de la Fête des Libertés. Pourquoi le Bouaké ?
Nous avons choisi Bouaké pour 2 raisons :
Nous sommes ici premièrement, pour commémorer une date. Celle du 30 avril. Vous savez sûrement que, le 30 avril 1990, nous avons assisté avec enthousiasme à la proclamation du multipartisme en Côte d’Ivoire par le Président Félix Houphouët-Boigny et le PDCI. Ce pays régi par le parti unique, venait de renouer avec la pensée plurielle, le militantisme pluriel, l’organisation politique et syndicale plurielle. Nous avions de nouveau, la chance de voir s’épanouir les libertés et les droits. Et le FPI a décidé à ce moment-là, de commémorer à cette date du 30 avril, la démocratie et les libertés reconquises par une fête que nous avons baptisée «La fête de la liberté ».
Le Mouvement des Générations Capables (MGC) qui s’intègre dans une vision de liberté plus grande, élargit sa sphère de conquête démocratique
Aujourd’hui, le Mouvement des Générations Capables (MGC) qui s’intègre dans une vision de liberté plus grande, élargit sa sphère de conquête démocratique en initiant « La Fête des Libertés ». Cette fête est à sa première édition. Elle permet à tous les militants du MGC et à l’ensemble des démocrates de Côte d’Ivoire, de célébrer, d’une part, les acquis démocratiques d’antan en vue de leur consolidation et d’autre part, de faire une revue d’ensemble des libertés physiques, des libertés idéologiques, des libertés intellectuelles, des libertés économiques, des libertés religieuses et des libertés morales, pour une Renaissance forte et dynamique de la Côte d’Ivoire.
Aujourd’hui comme avant 1990, je demande que l’on libère à nouveau la parole ; je demande que l’on libère à nouveau les médias ; je demande que l’on libère à nouveau la démocratie.
La deuxième raison de notre présence ici, est que Bouaké est la ville où la rébellion a démarré et s’est incrustée. Et, pour bon nombre d’Ivoiriens, Bouaké est une ville fermée, une ville d’insécurité et même que Bouaké est la deuxième ville du Mali. Mais Bouaké est la 2e ville de la Côte-d’Ivoire, après Abidjan.
Un pays fonctionne comme l’être humain. Avec la rébellion, il s’est produit comme un puissant choc dans la nation toute entière à l’issue duquel, l’âme de la nation est sortie de son corps. Notre pays est resté KO debout. (…) Je suis venue à Bouaké avec le MGC pour adresser un message de paix à toutes les populations qui y vivent, au pays et au monde entier. Il nous faut, à partir d’ici, rebâtir le «revivre ensemble» pour redémarrer l’œuvre de reconstruction de la Nation ivoirienne. Sur les plans spirituel, historique et politique, la Côte d’Ivoire est un pays d’hospitalité. À ce sujet, notre hymne national est formel et clair. Il dit “Salut ô terre d’espérance, pays de l’hospitalité”.
Sur cette terre de la Côte d’Ivoire, nous devons œuvrer à vivre en harmonie
Le destin de la Côte d’Ivoire est d’être ouvert aux autres nations. Sa vocation est donc d’accueillir tous nos frères et sœurs africains et même non africains qui souhaitent y vivre. Ainsi donc, sur cette portion de terre d’une superficie de 322 462 km2 que Dieu a donnée aux Ivoiriens, tout le monde a sa place. Toutefois, sur cette terre de la Côte d’Ivoire, nous devons œuvrer à vivre en harmonie. C’est dire que chaque groupe humain, chaque communauté doit respecter les lois de la République, respecter la vie et la dignité des Hommes.
Les autochtones, propriétaires terriens acceptent déjà d’accueillir des frères et sœurs qui ont quitté leurs pays pour plusieurs raisons (guerre, crise économique, sécheresse, regroupement familial, etc.) pour s’installer chez nous. Il est donc impérieux que ces frères vivent ici dans le respect et la considération de leurs tuteurs, de nos lois, de nos us et coutumes, de notre sécurité. Ils sont d’ailleurs, pour la plupart d’entre eux, déjà intégrés et certains ont acquis la nationalité ivoirienne.
Simone Gbagbo dénonce l’implication de non ivoirien dans les activités “calamiteuses”
Cependant, nous avons une catégorie de frères et sœurs venus des pays limitrophes qui sont impliqués dans des actions calamiteuses telles que :
-La transhumance électorale,
-L’orpaillage clandestin,
-L’appropriation des terres des autochtones par la violence et
-Le djihadisme.
Aucun de nos pays de la sous-région ouest-africaine ne peut demeurer stable si nous ne mettons pas fin à ces fléaux. (…)
La réconciliation vraie, qui est un préalable incontournable à la cohésion nationale, suppose que nous ayons le courage de régler tous les points de désaccords et de mésententes, voire tous les différends entre nous-mêmes populations de la Côte d’Ivoire d’abord ; et ensuite, entre nous et nos frères des pays limitrophes qui ont pris fait et cause pour un camp durant la rébellion de 2002.
Depuis octobre 2000 et pendant 10 ans, mon ex Parti le FPI, a dirigé la Côte-d’Ivoire. Nous avions donc la responsabilité de la sécurité, de la paix et de la cohésion des ivoiriens. De ce point de vue, nous avons notre part de responsabilité dans la crise que notre pays a traversée. En ma double qualité de haut responsable du FPI, Parti au pouvoir d’alors et de Première Dame au moment des faits, je tiens encore une fois, à demander pardon à toute la nation, à tous ceux qui ont subi des souffrances terribles, qui ont perdu des parents, qui ont perdu des biens, qui ont perdu leurs terres, qui ont perdu leurs emplois, qui ont été contraints à l’exil interne ou externe.
J’accorde aussi mon pardon à tous ceux qui ont causé du tort à la nation, à ma personne, à mes proches, à ma famille politique. J’exhorte tous les responsables politiques de la Côte-d’Ivoire à me suivre dans cet exercice, de demander pardon et d’accepter le pardon des autres dans l’intérêt supérieur de notre pays. De nombreux détenus civils et militaires de la crise postélectorale notamment, le Général Dogbo Blé, le Commandant Séka Anselme, de nombreux officiers, sous-officiers et des militaires de rang sont toujours maintenus en prison.
Simone Gbagbo à propos de Soro : « je n’ai pas approuvé le rôle qu’il a joué dans la crise depuis 2002, mais aujourd’hui … »
De nombreux acteurs politiques dont Soro Guillaume, sont toujours en exil. C’est vrai, je n’ai pas approuvé le rôle qu’il a joué dans la crise depuis 2002, mais aujourd’hui, je lui ai pardonné. L’intérêt supérieur de la nation commande qu’il rentre au pays et ait la possibilité de participer au processus de réconciliation. Je continue de plaider en faveur d’une amnistie générale pour libérer tous les prisonniers et pour permettre aux exilés de revenir dans leur pays. La réconciliation nationale et le retour à une paix durable sont à ce prix. Le MGC ne ménagera aucun effort pour ramener la concorde et la cohésion sociale conditions sine qua non de la renaissance de notre pays.
En effet la Côte d’Ivoire a besoin de renaitre. Notre renaissance nécessite une intervention ferme dans plusieurs domaines : les domaines Ethique, Economique, Politique et démocratiques.
Les valeurs cardinales indispensables au changement des mentalités et des comportements
Le MGC invite tout le monde à s’approprier les valeurs cardinales indispensables au changement des mentalités et des comportements. Ces valeurs sont :
-La compétence poussée jusqu’à l’excellence,
-La crainte de Dieu,
-Le respect de la vie humaine,
-L’amour de soi et du prochain,
-L’intégrité qui implique la fidélité, la loyauté, la probité et l’honnêteté,
-L’incorruptibilité,
-La rectitude qui englobe la droiture et la justice,
-Le respect de la parole donnée,
-Le patriotisme,
-L’ouverture à l’Autre,
-Le triptyque «Union-Discipline-Travail».
Au-delà de leur dimension morale et éthique, ces valeurs sont une clef pour provoquer le déclic de la transformation et du développement qualitatif et intégré de notre pays. Et, ne nous y trompons pas ! Quand je parle de renaissance et de développement qualitatif intégré, je ne fais pas référence aux chiffres liés à la croissance qui, on le sait aujourd’hui, ne signifient pas grand-chose pour nos pays d’Afrique. Quand je dis renaissance et développement qualitatif intégré de notre pays, je parle précisément de notre capacité à répertorier sans exclusive, tous les produits de nos districts et de nos régions. Je parle de notre capacité à les transformer et à leur donner une plus-value, c’est-à-dire à les revaloriser pour qu’ils profitent vraiment aux producteurs.
Sans la transformation par nous-mêmes de nos produits, il nous sera difficile de sortir de la crise du cacao, du café, de l’hévéa, du coton et de l’anacarde que nos producteurs vendent souvent à perte. Ils sont donc condamnés à subir le dictat des spéculateurs et à demeurer dans la pauvreté. Je vais insister sur deux exemples de produits agricoles que les populations du Centre et du Nord de la Côte d’Ivoire connaissent très bien. Vous réaliserez à quel point la transformation de nos produits est plus que jamais une nécessité impérieuse.
-Le premier exemple concerne la culture du coton.
Aujourd’hui, dans tout le bassin cotonnier, la population est dans le désarroi. À la fin de l’année 2022, l’on a procédé à un redécoupage des zones cotonnières en Côte d’Ivoire. Cette nouvelle politique appelée zonage ou zoning a consisté à repartir dix-huit (18) zones cotonnières entre six (6) compagnies qui opèrent dans le secteur.