Bien connu dans le milieu de la presse en Côte d’Ivoire, le père Augustin Obrou, responsable de la Communication de l’archidiocèse d’Abidjan, rompt le silence sur les relations entre l’Église catholique de Côte d’Ivoire et le pouvoir. Il fait, au passage, une mise au point sur certaines affaires qui ont suscité des polémiques.
Père Augustin Obrou, vous venez de célébrer vos 20 ans de sacerdoce. Tout métier ayant ses difficultés, vous est-il arrivé d’envisager de quitter l’ordre comme certains prêtres l’ont fait ?
Envisager de quitter, non, mais il y eut des moments où j’étais angoissé, perturbé par la tournure que prenaient certaines choses, mais jamais mon choix n’a été remis en question. Je me suis dit que j’ai choisi de suivre Jésus-Christ qui a, lui aussi, souffert dans sa vie, sans renoncer à son projet de nous sauver par son amour. Je pense que c’est ce qui m’a motivé à toujours rester sur cette voie.
Précisez-nous davantage vos fonctions: êtes-vous chargé de communication de l’évêché ou de l’Église catholique de Côte d’Ivoire ?
Je suis, au niveau de l’archidiocèse d’Abidjan, le responsable de la communication, chargé des affaires extérieures depuis 14 ans. Au niveau de la Conférence épiscopale, je suis le coordinateur national des médias catholiques depuis un an.
N’êtes-vous pas également le chargé de communication de l’évêque d’Abidjan?
Si, je suis le chargé de communication de l’évêque, parce que je suis à la direction de la Communication de l’archidiocèse d’Abidjan.
Le rôle d’un chargé de communication d’un dignitaire religieux est-il différent de celui d’un homme politique ou d’un homme d’affaires?
Nous avons pratiquement les mêmes rôles. Mais il y a tout de même quelques différences, surtout au plan éthique ou spirituel. En effet, en tant que chargé de communication de l’archevêque d’Abidjan, je veille à ce que l’image de l’Eglise et de l’évêque ne soit pas ternie, j’essaie de l’informer sur tous les événements qui se passent dans le pays et à l’étranger, à travers la revue de presse quotidienne. Il y a aussi la gestion de la communication au niveau de l’archidiocèse d’Abidjan, la communication interpersonnelle, c’est-à-dire entre les prêtres et les laïcs, ou bien entre les prêtres eux-mêmes, ou encore entre les prêtres et l’évêque.
Comment se passe la journée du chargé de communication de l’évêque?
Évidemment, je débute ma journée par la prière et la messe. Ensuite, je lis les journaux du jour, une dizaine au moins. Je fais le compte-rendu de cette revue de presse à l’archevêque, nous échangeons. Je lui rappelle souvent ses différents rendez-vous. J’anime aussi des émissions radio, j’accorde des interviews. Je reçois également beaucoup de personnes qui sollicitent des rendez-vous. Enfin, je termine toujours ma journée par la prière.
Quelles sont vos relations avec la presse nationale et internationale?
Ce sont des relations normales et cordiales de collaboration, nous sommes un service de communication, nous avons besoin des médias, de la presse écrite comme audiovisuelle. Depuis que nous sommes à la tête du bureau de communication, il y a pratiquement 14 ans, nous avons essayé de centraliser toutes les informations au niveau de ce service, pour que les journalistes qui ont besoin d’une information sûre concernant l’Eglise et le diocèse y viennent directement se la procurer. Nous avons donc de très bons rapports avec les journalistes. D’ailleurs, lors de la célébration de mes 20 ans de sacerdoce, je les ai tous invités, non pas pour couvrir l’événement, mais surtout pour être à mes côtés. C’était une occasion de les remercier pour ce travail que nous faisons ensemble. Au plan international, nous avons aussi des relations très importantes avec les grandes chaînes Rti, Rfi, Bbc, Kto… le groupe français Bayard, éditeur du journal La Croix. Nous sommes vraiment partenaires des médias.
Vous avez, certes, de bons rapports avec les journalistes, mais ils ne sont pas toujours tendres avec l’Église ! Vous est-il arrivé d’appeler des journalistes pour demander leur indulgence afin qu’ils taisent ou ne publient pas certaines informations gênantes pour l’Église?
Le rôle du chargé de communication que je suis n’est pas d’être un obstacle au droit à l’information, mais plutôt de veiller à ce que des informations justes et vraies soient données. J’ai eu à faire des droits de réponse, parce que des journalistes, n’étant pas venus à la source, ont donné des informations erronées. Il y a aussi des journalistes, et je tiens à les remercier, qui viennent spontanément vers moi dès qu’ils reçoivent une information sur l’Église. On discute ensemble et je donne la position de l’Église. Parfois, je leur dis: vous pouvez écrire ce que vous voulez, mais à partir de ce que je vous ai dit, vous pouvez savoir si ce que vous allez écrire aura un intérêt ou non. Dans tous les cas, si vous écrivez ce qui n’est pas juste, j’aurai droit à une réponse pour rectifier le tir. Il y a aussi des cas où la presse est utilisée par certaines personnes pour régler des comptes, en publiant des faits plus ou moins gênants et scandaleux. En de pareilles circonstances, il m’est arrivé, en tant que prêtre, de mettre le journaliste face à sa conscience, en l’interpellant sur ses motivations et sur l’opportunité de divulguer ce type d’information. Il m’est ainsi arrivé de demander à certains journalistes de taire une information, afin que je puisse mieux la gérer. Car croyez-moi, certains problèmes se règlent plus rapidement dans la discrétion que sur la place publique.
Pour avoir géré depuis une quinzaine d’années la communication de deux cardinaux, feu Bernard Agré et l’actuel évêque d’Abidjan, Jean-Pierre Kutwa, ”votre ventre doit être comme une valise” bourrée de secrets, pour parler comme les Ivoiriens, n’est-ce pas ?
(Rires). En fait, un chargé de communication n’est pas un secrétaire. C’est vrai, j’ai été chargé de communication de feu Bernard Cardinal Agré, j’ai vraiment été proche de lui, je suis également très proche de son éminence Jean-Pierre Cardinal Kutwa. J’ai vu et entendu beaucoup de choses et je verrai et entendrai encore beaucoup de choses sûrement. Je crois avoir divulgué 90 % de ces choses.Mais un homme sage doit toujours avoir une réserve.
Et les 10% restants, qu’en avez-vous fait ? Sont-ils classées ”top secret” ? Y a t-il dans l’Église, des dossiers marqués du sceau du secret ?
Non, ce ne sont pas des dossiers classés top secret. Ce sont des affaires que je n’ai pas le droit d’évoquer, c’est à la hiérarchie catholique de le faire. Les choses qui ont été divulguées étaient celles que j’étais autorisé à divulguer.
Les dignitaires religieux ont une certaine influence sur les hommes politiques. On prête à chaque évêque d’Abidjan sa proximité avec tel ou tel chef d’État. Feu Agré aurait été proche de Gbagbo, tandis que Kutwa serait proche de Ouattara. D’ailleurs le président ne l’a pas caché, il a récemment affirmé à la cathédrale que le cardinal Kutwa est son ami et son conseiller. Le président-consulte t-il souvent son éminence ?
J’ai aussi entendu cette déclaration du président de la République. Mais je n’en sais rien. Sachez que le conseil spirituel se fait de façon strictement privée, discrète. Je ne saurais vous confirmer si le cardinal est vraiment le conseiller spirituel du chef de l’État. Je sais que son éminence Jean-Pierre Cardinal Kutwa était aussi proche de l’ex- président Gbagbo. Lorsqu’il était archevêque de Gagnoa, ils se voyaient très souvent. Son éminence connaît aussi très bien le président Ouattara et son épouse. Mais cela ne veut pas dire que chaque évêque a son président. C’est parce que ces dignitaires religieux sont à la tête d’une institution qu’ils sont souvent en contact avec les autorités politiques et administratives. Il peut y avoir parfois des relations privilégiées avec ces personnalités religieuses.
Pour la réhabilitation de la cathédrale, le chef de l’Etat a apporté une importante aide financière. Mais lorsque l’Église se fait aider par le pouvoir politique, cette aide ne la lie-t-elle pas d’une manière ou d’une autre ? En clair, peut-elle encore être critique vis-à-vis du pouvoir ?
Je voudrais être clair sur la réhabilitation de la cathédrale. Au niveau de l’Église, lorsqu’une personne ou un Etat veut aider à la construction d’un édifice religieux, ou participer financièrement à une activité, soyez rassurés, cela n’empêchera pas l’Eglise de dire ce qu’elle a à dire sur certains événements ou certains faits. D’ailleurs, ce n’est pas dans ce sens que les autorités du pays ont voulu aider l’Église catholique. Les autorités politiques savent bien qu’elles ne pourront pas bâillonner l’Église, pour lui avoir donné telle ou telle chose. La deuxième précision, c’est que la cathédrale d’Abidjan est quand même un monument. Elle venait d’être réhabilitée par les fidèles catholiques eux-mêmes. Nous avons essayé de la restaurer à notre manière avec nos moyens. Il y a eu ensuite la guerre, et des obus ont touché l’édifice. Les dégâts étaient d’une telle ampleur que nous ne pouvions pas ne pas demander le soutien de l’État. Je disais que c’est un monument ! Depuis sa restauration, les touristes viennent nombreux. Les agences de tourisme appellent pour avoir l’autorisation de faire visiter ce joyau architectural aux touristes. Il est donc normal que l’État de Côte d’Ivoire, à travers le président de la République, contribue financièrement à la réhabilitation de la cathédrale. Je profite de l’occasion pour remercier le chef de l’Etat et son gouvernement. Mais, je précise que les fidèles aussi ont contribué à la restauration. C’est vrai que l’État a donné une grande partie, mais il faut aussi saluer la générosité des fidèles. Celui qui pense que c’est parce que l’État a donné de l’argent à l’Église catholique qu’il peut la bâillonner, n’a vraiment rien compris.
Pourtant l’un des vôtres, le père Jean-Claude Djéréké, soutient le contraire. Il dénonce les relations trop étroites, voire de complicité que l’Église catholique de Côte d’Ivoire entretient avec l’actuel pouvoir, au point de fermer les yeux sur de nombreux faits liés à la crise ivoirienne. Il s’agit, entre autres, de crimes, du gel des avoirs des dignitaires de l’ancien régime, de l’embargo sur les médicaments, etc. Qu’en dites-vous ?
Je respecte les opinions du père Djéréké, il a le droit de dire ce qu’il pense. C’est la liberté des enfants de Dieu. Cependant, je pense, pour ma part, qu’il approche de trop loin la réalité du pays. Il me donne l’impression d’être comme certains journalistes occidentaux qui sont chez eux et qui se disent de manière prétentieuse spécialistes de l’Afrique, du Moyen-Orient, etc. A propos du gel des médicaments, l’Église a évoqué le sujet, j’ai même un document audio dans lequel une radio qui émettait durant la crise montait les populations contre l’archevêque, tout simplement parce que celui-ci avait déclaré qu’il est inconcevable qu’on bloque les médicaments. J’ai relayé cet appel, et lesdites chaînes nous ont traités de tous les noms. Le père Djéréké a le droit de penser ce qu’il veut, mais nous qui sommes ici, nous savons ce que nous avons fait et dit. L’Eglise est en marche et nous attendons qu’il rentre au pays pour apporter sa pierre à sa construction.
En 2004, au plus fort de la crise entre l’ancien régime et la France, l’Eglise catholique avait fait déplacer le Saint sacrement jusqu’à la résidence de l’ex-président Laurent Gbagbo. Ce geste avait suscité une vive polémique parmi les fidèles et même au sein du clergé. Comment expliquez-vous ce geste, pourquoi l’Église n’a jamais clarifié cette affaire aux fidèles ?
Je n’ai appris cette affaire qu’après la crise. Mais au fait, de quoi s’agit-il ! Parmi les autorités qui s’étaient retranchées à la résidence de l’ex-président Gbagbo, se trouvaient des catholiques qui avaient besoin de prier et de communier. L’Église est donc allée vers eux. Ce n’est pas seulement chez l’ex-chef de l’Etat que nous l’avons fait. Lors de la crise post-électorale de 2010, l’Église catholique est aussi allée dire la messe de Noël à l’hôtel du Golf. Là où il y a des chrétiens, l’évêque ou le prêtre doit aller à leur rencontre. C’est parce qu’il y avait beaucoup de chrétiens à ces endroits, qui ne pouvaient pas se rendre à l’église, c’était extrêmement risqué. Un prêtre aurait pu aller dire la messe à la résidence de l’ex-président, mais c’était aussi risqué. Il faut qu’on retienne une chose: quand les chrétiens sont rassemblés quelque part, ils ont besoin de la nourriture spirituelle, de l’eucharistie. A la Pergola aussi, pendant la crise, lorsque des personnalités s’y étaient réfugiées, Mgr Kutwa et moi étions allés les rencontrer et prier avec eux. Lorsque des personnalités politiques étaient détenues à Katiola et à Bouna, nous nous sommes rendus, Mgr Kutwa et moi, dans ces villes. Nous y avons dit la messe et prié avec ces fidèles détenus. Nous vous l’apprenons aujourd’hui. Mais nous n’y sommes pas allés avec la télévision et des journalistes.
Après la nomination de Mgr Paul Siméon Ahouana à la tête de la Conariv, la conférence épiscopale s’est ”désolidarisée” de l’archevêque métropolitain de Bouaké. Comment expliquez-vous cette réaction de l’Eglise ?
Les évêques se sont-ils vraiment désolidarisés de Mgr Ahouana ? Non, je ne le pense pas. Ils ont simplement expliqué comment l’Église fonctionne. La conférence épiscopale a tenu à faire cette mise au point au gouvernement et au peuple. L’Église de Côte d’Ivoire a aussi des comptes à rendre à l’Église universelle. La conférence a dit ce qu’elle pensait de cette nomination, mais elle n’a pas refusé de soutenir Mgr Ahouana dans la mission que le pouvoir venait de lui confier. De toute façon, il est évêque de l’Église catholique, il n’est pas à la Conariv en son nom propre. Il y est en sa qualité d’archevêque de Bouaké et fait partie de la conférence des évêques catholiques de Côte d’Ivoire.
Mais avant d’accepter cette charge qui est, somme toute politique, en a t-il informé sa hiérarchie, ou bien la conférence épiscopale? Les prêtres doivent-ils faire de la politique ?
J’ignore ce qui s’est passé entre les évêques. Je sais seulement que la conférence épiscopale a publié un document dans lequel elle affirmait qu’elle n’a pas été consultée. Elle a expliqué ce que le droit canon dit dans le cas d’espèce. Aujourd’hui, la situation s’est régularisée, il y a eu des rencontres et tout est rentré dans l’ordre. Quant à savoir si le prêtre doit faire la politique, dans le cas de la Conariv, c’est du social avant tout, même si des gens veulent lui donner une connotation politique. C’est bien du social, il s’agit de dédommager des victimes d’une crise, des gens qui ont été blessés, qui ont perdu des proches. Il s’agit d’aller vers eux pour les consoler, apaiser leurs cœurs, leur redonner de l’espoir. C’est aussi le rôle de l’Église d’aller vers les pauvres, les veufs, les veuves et les orphelins, en somme tous ceux qui souffrent. Il n’y a rien de politique en cela ! Mgr Ahouana est à la Conariv pour une mission purement sociale.
Il y a des événements qui se sont produits dans ce pays sur lesquels l’Église a peu ou pas du tout communiqué. Ce qui laisse planer le doute sur son implication présumée ou son rôle supposé dans ces événements. C’est le cas de l’assassinat en 2002 du général Robert Guéï qui a été arrêté à la cathédrale. L’Église serait-elle prête à donner son témoignage dans le cadre de l’instruction du dossier?
L’instruction a déjà commencé, tous ceux qui sont considérés comme des sachants dans cette affaire sont allés témoigner. Des prêtres et autres personnes sont déjà allés dire ce qu’ils en savent. L’Église a parlé, elle va encore parler.
Qu’est-ce que l’Église a dit au cours de l’instruction ?
Ceux qui sont allés témoigner ont dit ce qu’ils ont vu, ce qu’ils ont vécu, en tant que prêtre, en tant que vicaire général, en tant que gardien de la cathédrale. Les autorités judiciaires ont tout consigné. L’instruction a débuté il n’y a pas longtemps.
L’Eglise a-t-elle reconnu que l’ex-chef de l’Etat s’était bel et bien réfugié à la cathédrale?
Mais il n’y a aucun mystère à ce niveau, c’est su de tous ! Il était à la cathédrale et ils sont venus le chercher manu militari. Le vicaire général d’alors avait témoigné dans les journaux. Seulement, nous ignorons l’identité de ceux qui sont venus le prendre. Les gens veulent qu’on dise que ce sont les partisans de telle ou telle formation politique qui sont venus le chercher. L’Église n’en sait rien.
On avait parlé d’un coup de fil que feu le cardinal Bernard Agré aurait passé, mais l’intéressé avait affirmé qu’il n’était même pas sur place au moment des faits. Qu’en savez- vous?
En effet, il n’était même pas sur place, c’était son jour de repos.
Mais il peut être à l’extérieur et passer un coup de fil !
Mais qui lui aurait signalé la présence du général à cette heure tardive ? De toute façon, l’instruction qui est en cours nous situera.
Le pape François vient de simplifier les procédures permettant aux chrétiens catholiques de divorcer et de se remarier, tout en restant dans l’Eglise. La mesure sera -t-elle appliquée par l’Église de Côte d’Ivoire, et quand ?
L’Église de Côte d’Ivoire fait partie de l’Église universelle, donc elle applique aussi ce que l’Eglise universelle recommande, notamment ce que dit le pape. Mais, il faut que les gens fassent attention. Ce n’est pas parce qu’on a demande de faciliter les choses qu’on peut divorcer aussi facilement ! C’est la procédure qui est simplifiée, mais ce que dit le droit canonique est clair : aucun mariage ne peut être cassé, s’il n’y a pas à la source des vices de procédure, ou bien des problèmes au niveau de la qualité des personnes qui contractent ce mariage. Sinon, le reste ne change pas. C’est la procédure, qui était très longue (4 à 5 ans) qui a été simplifiée. Le pape a demandé de simplifier les choses pour que les couples en conflit soient rapidement situés sur leur sort.
Quels sont les cas qui pourraient motiver l’Église à autoriser le divorce?
Je vous donne quelques exemples. Un homme marié aux USA arrive en Côte d’Ivoire pour se remarier. Le prêtre qui ne mène pas suffisamment les enquêtes célèbre ce mariage. Plus tard, on se rend compte que cet homme était déjà marié aux Etats-Unis. Ce mariage est donc nul. Il y a aussi le cas où il y a un dol. C’est lorsque l’un des conjoints est stérile, mais le cache à l’autre. Après le mariage, l’un des conjoints constate que l’autre ne peut pas faire d’enfant. Il y a donc eu dol, c’est -à-dire que la personne a menti sur sa situation. Dans ce deuxième cas également, le mariage est nul. En fait, l’Église considère qu’ il n’y a pas eu mariage.
L’adultère est-il une cause de divorce dans le mariage chrétien catholique?
L’adultère n’annule pas le mariage chrétien, il n’est pas source de divorce. Dans tous les cas, dans l’Eglise, on ne peut même pas parler de divorce, on ne divorce jamais dans l’Église catholique.
L’autre décision importante du Saint père est son indulgence par rapport à l’avortement. Le pape s’est montré indulgent sur l’avortement, en accordant à tous les prêtres pendant le jubilé de la miséricorde (du 8 décembre 2015 au 20 novembre 2016), ” la faculté d’absoudre du péché d’avortement, tous ceux qui l’ont provoqué et qui, le cœur repenti, en demandent pardon”. N’est-ce pas là un blanc-seing accordé aux avorteurs?
Vous avez bien dit : « ceux qui viennent confesser ce péché le cœur repenti.» Je pense que ce sont ceux qui ont la conscience émoussée, je m’excuse du terme, qui peuvent penser cela. En prenant cette décision, le pape réalise pleinement la volonté du Christ: ”Je ne suis pas venu pour les biens portants, mais pour les malades” ” Il y a plus de joie dans le ciel pour un pécheur qui se repent, que pour un juste qui entre au royaume des cieux”. L’Église est très rigoureuse à l’égard de ceux qui font l’avortement, et ces personnes souffrent énormément. La procédure de pardon était particulièrement longue. Il fallait des prêtres mandatés par l’évêque pour donner l’absolution à ces fidèles en question. Voici qu’avec l’année de la miséricorde, le souverain pontife donne le pouvoir à tous les prêtres d’absoudre tous ceux qui auront commis le péché d’avortement. Ce n’est pas parce que ton père te pardonne après que tu aies désobéi que tu vas récidiver ! En accordant le pardon, le pape veut libérer et faciliter l’accès à ce sacrement à ceux qui prennent la ferme résolution de ne plus retomber dans ce péché. Celui qui va redoubler d’ardeur à avorter, parce que c’est l’année de la miséricorde, subira les conséquences de son acte.
Pour les élections qui approchent, l’Eglise aura-t-elle un message au peuple ivoirien?
La conférence épiscopale a déjà sorti un document à Taabo qui est actuellement en édition, et qui sera donné à tous les fidèles pour que ceux-ci puissent savoir comment vivre les élections et qu’est-ce qu’un chrétien doit faire. Mais, il y a un grand document, que les évêques ont publié depuis et dont le titre est : ”Le chrétien face à la politique”. C’est un document qui est passé inaperçu. Il est très profond et parle de la conception biblique de la politique, la vision sociale et anthropologique de la politique. Il y a deux ans, Son éminence Jean-Pierre Kutwa, dans son message pastoral, avait évoqué de larges extraits de ce document, dans lequel l’église s’adressait aux hommes politiques, aux hommes des médias, aux juristes, aux militaires, aux étudiants, à tout le monde. Ce document est encore disponible dans les librairies.
Interview réalisée par Charles D’ALMEIDA
linfodrome.com