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Zoanet Come.S Le reggaeman “Dieu m’a confié une mission ,je vis avec le rein d’un autre

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Zoanet Come.S : “Dieu m’a confié une mission ”

La nouvelle de sa santé avait alarmé l’opinion. Heureusement, Zoanet Come.S a eu beaucoup de chance. Il a été transplanté d’un rein. Et c’est pour partager son expérience de victime de l’insuffisance rénale et de «miraculé» qu’il a publié récemment un livre-témoignage intitulé à juste titre «Vivre avec le rein d’un autre». Le reggaeman en parle.

  • Quoi de neuf Zoanet ?

– La nouveauté, c’est que là je reviens, après plusieurs années d’absence, pas avec un CD mais avec un livre dont le titre est Vivre avec le rein d’un autre. C’est un peu le récit de ma vie, tout ce que j’ai vécu pendant ces nombreuses années d’absence. C’est donc un livre qui parle d’une maladie qu’on appelle l’insuffisance rénale.

  • Le livre parle à la fois de ton état de santé et de toutes tes années d’absence ?

– Ça parle de ce que j’ai subi pendant toutes ces années d’absence. J’ai été très malade. J’ai été victime d’une insuffisance rénale. Par la grâce de Dieu, j’ai pu bénéficier d’une transplantation. J’ai donc écrit ce livre pour non seulement faire un témoignage, rendre gloire à Dieu pour la grâce qu’il m’a faite, mais aussi pour sensibiliser mes semblables. C’est également comme un exutoire.

  • Vivre avec le rein d’un autre. Est-ce évident, ou ça pose problème dans la tête ?

– Non, non ! ça se passe bien. C’est pour juste dire aux uns et aux autres que ma vie a changé, qu’elle n’est plus comme avant. J’ai pu bénéficier d’une transplantation grâce à la technologie moderne. Je veux juste dire à ceux qui souffrent de cette maladie qu’il y a un espoir de guérison, pas de guérison totale, mais de se sentir mieux si on bénéficie d’une transplantation rénale. C’est pour dire aussi à tous qu’il faut qu’on fasse attention à notre état de santé. Surtout nous, les Africains, qui n’avons pas la culture de l’hôpital. Nous laissons traîner les choses et quand un Africain court à l’hôpital, c’est qu’il est déjà trop tard. Alors qu’en Europe, ils ont l’habitude de faire des bilans de santé chaque année.

  • Comment as-tu su que tu avais un problème rénal?

– Ça a commencé un peu par des douleurs aux hanches mais à cette époque, je ne pensais pas que ça pouvait être ça. Chaque fois après un concert, je faisais des crises de crampes et le matin, je me réveillais avec des œdèmes. J’ai fait une consultation médicale et c’est là qu’on me déclare que je souffre d’une insuffisance rénale.

  • Comment tu t’es senti après cette annonce?

– Ah, c’est le ciel qui vous tombe sur la tête ! On se voit tout de suite un pied dans la tombe. Vous voyez tous vos projets qui tombent à l’eau, toute votre vie qui bascule… C’est un drame. Vous-même êtes complètement désemparé… Sur le champ, c’est vraiment la panique… Après, on essaie de se ressaisir et puis bon…on fait face.

  • Comment as-tu rencontré celui qui t’a donné son rein ?

– Je ne le connais pas. C’est un donneur libre. En France, on est sur une liste. Après plusieurs examens et avec un peu de chance, on peut tomber sur quelqu’un qui vous correspond, qui a les mêmes gènes que vous. C’est en ce moment que vous pouvez bénéficier de son rein. Quand on n’est pas compatible, ça ne marche pas.

  • Dans ton cas, avais-tu déjà essayé d’avoir un rein dans ta famille avant d’aller voir ailleurs ?

– Non, je n’ai pas opté pour cette solution-là. D’abord moi vivant, je vis une situation dramatique, je ne voulais pas handicaper quelqu’un d’autre quoi. Bien sûr qu’on peut vivre avec un rein. C’est vrai qu’un frère compatible pouvait me donner un rein. Mais j’ai préféré garder mon calme, croire à mon étoile, garder ma foi et dire que Dieu fera le reste.

  • Qu’est-ce qui t’a permis de résister ?

– C’est la foi. Je suis chrétien et je pratique le christianisme céleste. Je connais un peu la Bible et l’histoire de Job, que Dieu a laissé tenter par Satan, m’a beaucoup inspiré. Elle m’a fait comprendre que tant que je garderai ma foi en Dieu, c’est Lui qui me sortira de là. Donc, je n’ai pas désespéré, malgré mes faiblesses parce que nous sommes des êtres humains. On a des moments de faiblesse et on se demande pourquoi moi, pourquoi ceci, pourquoi cela. Mais au fond de moi, il y a toujours eu cette flamme d’espoir que Dieu ne m’abandonnerait pas. Quand je regarde ma vie, quand je me fais une rétrospective, je me dis que je ne suis pas quelqu’un de si mauvais que ça, pour que mon Dieu m’abandonne. Si je dois partir, c’est que c’est mon temps qui est arrivé. J’ai donc gardé la foi et je continuais de prier, d’être moi-même, d’accepter la situation et de l’affronter. Ce qui est déterminant dans la maladie, c’est qu’il faut l’accepter d’abord. Essayer de la comprendre. Et y faire face. Et ça a été mon cas.

  • Quel est ton état d’esprit aujourd’hui ?

– Positif ! Et je rends grâce à Dieu pour ce qu’Il m’a fait. Je me suis dit que s’Il m’a fait cette grâce, c’est sûrement pour me confier une mission, pour que je puisse être aussi un porte-parole de ce mal-là. Je vais porter ma modeste contribution dans la sensibilisation contre l’insuffisance rénale. Je suis artiste-chanteur et Dieu m’inspire pour lutter contre cette maladie-là. Voilà.

  • Ça ne te gêne pas vraiment de vivre avec le rein d’un autre ?

– Pas du tout ! Au début, c’était un peu flippant, parce qu’on se pose beaucoup de questions. On se met plein d’idées dans la tête, parce qu’on vit avec le rein de quelqu’un d’autre. Mais avec le temps, on s’habitue malgré les contraintes, car il y’en a beaucoup. Le rein peut vous lâcher d’un moment à l’autre, si vous ne faites pas attention. Donc, il fait bien l’entretenir, bien prendre ses médicaments et avoir une hygiène de vie saine. Et puis les choses se feront d’elles-mêmes.

  • Mais quelque chose a quand-même diminué en toi, non ?

– Bien sûr ! Le corps humain n’est pas comme une voiture qui, dès qu’on change une pièce, elle roule. Il faut que le corps receveur accepte le corps étranger. Donc, quelque part, on est un peu diminué. Mais ça ne se voit pas comme ça, surtout si on fait attention à son hygiène de vie.

  • Quelles sont les précautions à prendre au quotidien ?

– Avoir une alimentation et une hygiène de vie saines. Ne pas faire n’importe quoi. Supprimer ou éviter des choses comme l’alcool, la cigarette, la bamboula, etc.

  • Qu’est-ce que tu faisais et que tu ne fais plus ?

– Par exemple, je ne fume plus car je fumais dans  le temps. Dieu merci, l’alcool n’a jamais été mon fort. Donc, je fais sans.

  • Au niveau de la scène, y a-t-il un impact ?

– Un tout petit peu ! Mais bon, ce n’est pas le plus dur quoi. C’est-à-dire qu’on n’est pas à 100%  de sa forme physique, mais on arrive à faire avec. La voix est là et il n’y a pas eu d’impact. C’est au niveau physique, qu’on est peu diminué. Ne pas trop courir sur la scène. Mais ce sont des choses qu’on gère quoi.

  • A quand le retour donc sur la scène?

– Pour le moment, je suis là pour la promotion de mon livre et après, il y aura le projet de musique qui consistera à sortir d’abord un single. Ensuite, l’album entier accompagné de vidéos. On va relancer la machine, pour voir ce que ça va donner. Mais j’ai beaucoup d’espoir.

  • Où trouver «Vivre avec le rein d’un autre » en Côte d’Ivoire ?

– A la Librairie de France.

  • On a entendu dire que tu es membre d’une association des malades du rein…

– Oui, c’est vrai, mais ce n’est pas exactement le terme. Je suis effectivement membre d’une association de transplantés. On fait de la sensibilisation.

  • Tes nouvelles occupations ne vont-elles pas éclipser ta carrière musicale ?

– Non, pas du tout. C’est complémentaire. Quand je suis sur une scène, je peux dire aux enfants : prenez soin de votre santé. Je profite de mon statut de musicien pour avoir une tribune, pour pouvoir parler de ces choses-là. Donc, c’est une bonne chose pour moi. Dieu ne fait rien pour rien.

 

kadertani@topvisages.net

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