CHU de Cocody/ Service Obstétrique : Une erreur de débutants… le virus du VIH/SIDA s’invite au bloc opératoire!
Ce n’est surement pas le genre de situations auxquelles on aimerait être confronté, lorsque notre mission est de sauver des vies! Mais pour ce jeune chirurgien obstétricien du Chu de Cocody, les choses risquent de tourner au vinaigre dans trois mois, à moins que le sort ne décide de l’en épargner…
Une simple opération, et le CHU est contaminé!
L’incident s’est produit le 28 mars, jour de la Fête des rameaux. C’est aux environs de 14h que notre chirurgien obstétricien rentre au bloc opératoire pour une césarienne sur une parturiente déjà prête pour la délivrance. Mais alors qu’il procède à l’incision, le sang de la patiente gicle et pénètre dans les yeux de notre jeune chirurgien, qui n’avait pour toute protection contre un tel incident éventuel qu’un cache-nez. C’est qu’excepté un cache-nez et des gants, aucune protection supplémentaire n’avait était prise. Un test de VIH est rapidement fait à l’effet de dissiper tout doute sur la qualité du sang. Malheureusement, il se trouve que la patiente enceinte, est infectée par le virus du VIH-SIDA. Une grande panique s’empare alors du CHU. Un test général du VIH-SIDA est effectué sur toutes les femmes admises au service obstétrique. Que cela soit marqué dans le carnet de santé ou pas! Toutes les femmes enceintes et à terme sont soumises audit test. La ministre de la Santé Raymonde Goudou, est informée de la situation. Injonction ferme: ne plus admettre de femmes au CHU, en ce jour. Consigne ferme à tous ceux qui étaient présents dans ce bloc en ce jour : observer le secret de l’omerta, pour ne pas jeter l’opprobre sur le CHU. Mais celles déjà enregistrées, sont au nombre d’une cinquantaine. De 14h à 23h environ, ce jour de la Fête des Rameaux, 19 femmes enceintes ont été dépistées séropositives. Le CHU bouillonne. Au fur et à mesure que les femmes sont déclarées séropositives, leurs bébés sont immédiatement isolés des autres placés en salle pédiatrie, pour les premiers soins. Ces bébés dont les mères ont été déclarées séropositives ont, comme on le sait, besoin d’un suivi particulier. Il y en avait même, des bébés dont on avait oublié d’écrire le nom de leur mère sur une sorte de brassard ou sur leurs couches, en guise de reconnaissance. Eh bien, pour savoir à qui appartenait ces bébés non identifiés, les sages-femmes ou infirmières se promenaient alors dans tous les recoins du service obstétrique avec un morceau de pagne qui a servi à emballer les bébés en question, histoire pour elles de retrouver la mère ou les parents venus accompagner la mère. On peut dire que c’est une vraie reconnaissance digne des temps anciens!
Une erreur de débutants…
Mais la question est de savoir comment une telle situation a pu se produire au CHU? Etant attendu que le test du VIH-SIDA est, depuis quelques années, obligatoire pour la femme enceinte. Histoire d’épargner la santé du bébé, à travers un suivi particulier. Et d’éviter par ricochet, à la naissance, de transmettre le virus du VIH-SIDA au bébé par le sang de sa mère. Bref! Qui a préparé la femme enceinte qui a mis en émoi tout le service obstétrique? Les renseignements cliniques avaient-ils été bien fournis? Afin de parer à toutes éventualités, un dossier médical des parturientes admises au CHU est-il ouvert conformément au protocole? Autant de questions qui restent sans réponse. Depuis lors, une enquête est menée en interne, pour situer les responsabilités. Et pendant ce temps, notre jeune chirurgien s’en remet à Dieu! Ce jeune médecin dont la mission est de sauver des vies, ne sait plus à quel saint se vouer. Mais il faudra attendre un peu. C’est dans trois mois qu’on saura si oui ou non, sa prière a porté !
P.P (In L’Eléphant déchaîné N°341)