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Covid-19 en Côte d’Ivoire: « Si nous jouons avec cette maladie, nous risquons d’avoir de très mauvaises surprises », Venance Konan

Le Coronavirus Covid-19 repart à la hausse ces jours-ci en Côte d’Ivoire. Et si nous n’étions qu’au début de notre crise sanitaire ?

Tout son personnel et elle-même avaient profité de l’occasion pour subir le test et, en attendant les résultats, elle avait décidé de fermer son réceptif. Elle rouvrit quelques jours plus tard, lorsque tous les tests se révélèrent négatifs. J’eus l’occasion, lorsque je retournai chez elle, de rencontrer un jeune médecin de l’Institut d’hygiène, très brillant, qui était venu sensibiliser le personnel à la réalité de la Covid-19. Il me dit ceci en substance : « Faisons attention. Cette maladie est très vicieuse. Elle vous mate si vous ne la prenez pas au sérieux. Elle a maté Boris Johnson qui voulait jouer avec elle. Elle a, semble-t-il, maté aussi le Président Pierre Nkurunziza du Burundi qui disait que Dieu protégeait son pays contre elle, et elle est en train de faire des ravages aux États-Unis et au Brésil où les Présidents ne veulent pas la prendre au sérieux. Les morts se comptent dans ces pays par dizaines de milliers. Si nous jouons avec elle, nous risquons d’avoir de très mauvaises surprises. »

La réalité aujourd’hui est que les chiffres montent de façon inquiétante. On pourrait imputer cela au fait que les populations font de plus en plus de tests, mais cela pourrait être dû au fait que nous avons relâché notre vigilance. Si tant est que nous avons été une fois vraiment vigilants depuis que cette pandémie a commencé à sévir dans notre pays. Ils sont encore nombreux parmi nous à ne pas croire en son existence ou à la négliger, en se disant qu’elle ne touche que les personnes nanties, ou à se dire que si elle fait si peu de morts depuis que l’on en parle, cela veut dire qu’elle n’est pas si dangereuse.

Et il y a aussi ceux qui croient que notre couleur de peau et/ou nos climats nous confèrent une sorte d’immunité. Que l’on se détrompe très vite ! La Guyane et Mayotte, deux territoires français peuplés essentiellement de Noirs, placés à peu près sur les mêmes latitudes que nous, avec à peu près les mêmes climats, sont très durement touchés en ce moment et le nombre de morts commence à y grimper. Le Brésil dont je parlais plus haut, où il fait chaud et où vit aussi une importante population noire est en train de devenir le nouvel épicentre de la pandémie. Donc enlevons-nous de la tête que les Noirs vivant dans des pays chauds sont naturellement protégés !

« Et si nous n’étions qu’au début de notre crise sanitaire ? », avait interrogé le jeune médecin de l’Institut d’hygiène que j’ai rencontré au restaurant de mon amie. La Chine fut le premier pays touché par le coronavirus. Elle prit des mesures draconiennes qui arrêtèrent la propagation de la maladie. Elle chanta peut-être trop tôt victoire, puisqu’il semble que la maladie se développe à nouveau dans certaines parties du pays. Mais la Chine sait désormais comment traiter avec elle. Puis la maladie se déporta en Europe.

On y prit aussi des mesures draconiennes, notamment en confinant toute la population chez elle, et la maladie recula. Aujourd’hui, la plupart des pays européens sont en train de se déconfiner et de reprendre une vie normale. Elle finit par arriver chez nous. Aussitôt, nous prîmes nous aussi des mesures fortes, notamment en fermant les frontières, les écoles, les lieux de culte et autres lieux publics, en imposant un couvre-feu, le port du masque, la mesure de distanciation sociale, et en isolant le « grand Abidjan » du reste du pays. Nous ne sommes pas allés jusqu’à confiner la population dans les domiciles.

Cependant, la maladie sembla marquer le pas. Mais nous voyons qu’elle repart à la hausse ces jours-ci. Il faut dire qu’à la vérité, peu d’entre nous observent les mesures édictées. Combien de personnes portent le masque dans l’espace public, gardent la distance avec les autres, se lavent régulièrement les mains ? Qui empêche-t-on vraiment de sortir du « grand Abidjan » ? Ne nous faisons pas d’illusions, il se pourrait que nous ne soyons qu’au début de notre crise sanitaire, au moment où les pays européens sont en train d’en sortir. Si nous ne nous disciplinons pas, nos capacités d’accueil et de traitement des malades risquent d’être bientôt dépassées, et là, nous serions dans de sérieux problèmes.

Mon amie, la restauratrice, a mis son employé malade en quarantaine, a décidé de désinfecter régulièrement son restaurant et de faire tester son personnel, car, comme elle le dit, il faut bien que quelqu’un brise la chaîne de contamination. Chacun de nous doit chercher à être cette personne qui brisera cette chaîne. En nous imposant un peu de discipline et de rigueur.

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