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Extradition vers l’Italie d’une Nigériane accusée d’être la cheffe d’un réseau de prostitution

« Jeff Joy », de son vrai nom Omoruy Chrity, aussi surnommée « Mommy », elle-même ancienne prostituée, jouait un rôle prépondérant dans l’organisation d’un trafic visant à faire venir des jeunes femmes du Nigeria, selon la police italienne. Cela en leur payant leurs billets d’avion pour les prostituer en Italie, en Espagne et aux Pays-Bas.

Selon les enquêteurs, ces femmes devaient se prostituer parfois sous la contrainte, subissant des menaces de violences ou d’usage de sorcellerie contre elles ou leurs proches restés au Nigeria.

Recherchée depuis 13 ans, « Jeff Joy » a été arrêtée au Nigeria il y a neuf mois, le 4 juin dernier, par les services de renseignements nigérians.

Elle est arrivée, menottée, à Rome, à l’aéroport de Ciampino, mercredi 8 mars. En Italie, où elle a été jugée et condamnée par contumace, « Jeff Joy », doit purger une peine de 13 années de prison.

Une meilleure coopération judiciaire avec le Nigeria ?
Son extradition est la première du genre entre les deux pays, depuis qu’un traité d’extradition est entré en vigueur en 2020. Elle a été rendue possible par une décision de la Haute cour fédérale d’Abuja, confirmée par les autorités politiques nigérianes, puis officialisée lors d’une rencontre le 10 février entre le ministre nigérian de la Justice Abubakar Malami et l’ambassadeur italien Stefano De Leo.

Le journaliste Joan Tilouine, chef des enquêtes à Africa Intelligence, est co-auteur du livre Mafia Africa sorti ce mercredi 8 mars chez Flammarion.

« Il y a beaucoup d’enquêtes, que ce soit sur les ” cults “, les organisations criminelles assez structurées et internationales, mais aussi sur les réseaux de proxénétisme, avec donc ces ” madams ” qui sont des anciennes prostituées devenues des mères maquerelles. Cette extradition s’inscrit dans le cadre d’une série d’enquêtes qui ont démarré au début des années 2000, et le fait que Rome obtienne cette extradition, ça révèle une coopération judiciaire entre Rome et Abuja, qui était jusque-là assez compliquée. C’est un signal que le gouvernement nigérian est peut-être plus enclin aujourd’hui à coopérer d’un point de vue judiciaire avec des partenaires européens… Jusque-là, c’était très dur à la fois d’avoir des réponses de la justice nigériane, mais aussi d’avoir une action commune pour permettre de traquer, d’arrêter et d’extrader des personnalités recherchées. »

 

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