Au moment où les bœufs, comme de véritables animaux, reprennent, à la queue-leu-leu, le sinistre « labyrinthe » à l’abattoir de Port-Bouët qui conduit à leur abattage quotidien, il me reste, malgré le bon état général de ma dentition, un gros os à ronger.
Avant de prendre notre place habituelle autour de la table à manger domestique, remettons à César ce qui est à César. Prosterné ou pas, j’invite les consommateurs ou non de la viande de bœuf, à dire, comme un seul homme, merci à la « révolte » civilisée des chevillards. Car l’action qu’ils viennent de mener avec à la clef, un ajournement d’un mois qui ressemble goutte pour goutte à une décision définitive, vient soulager surtout, les consommateurs que nous sommes.
Cependant, les chevillards, je ne sais s’il y a une différence avec les bouchers classiques, vu que ceux-ci mènent une activité a priori très lucrative, pouvaient trouver les ressources pécuniaires chaque jour pour satisfaire à la soudaine boulimie de la société AFAM qui gère la vie commerciale et environnementale de l’abattoir. Ils savent qu’en le faisant, ils seront obligés de le répercuter sur le prix du kilo de viande qui est déjà hors de panier.
Pour ne pas condamner leur secteur et donc par pure stratégie, ils ont choisi sagement de contester la décision du gérant qui consistait, pour eux, à satisfaire à une nouvelle taxe (3 000 à 22 000) dont la procédure de taxation et les motifs restent à élucider.
Selon Monsieur Soumahoro Farikou, président de la Fédération des commerçants de Côte d’Ivoire, le coût initial de la réhabilitation/construction de l’abattoir était de 4 milliards (voir le nouveau Réveil n° 5183 du 31 mai, 2019).
Malheureusement, lorsque l’entreprise qui a exécuté les travaux a remis les clefs de l’abattoir pour son exploitation grandeur nature, elle a fait observer probablement au maitre d’ouvrage que finalement, pour l’achèvement des travaux, le budget initial s’est laissé multiplier par 3 fois et demie, ce qui nous donne une dépense totale de 18 milliards. Naturellement devant le fait accompli, l’investisseur et le gestionnaire du site se sont posé la question : comment on fait pour rattraper nos manquements ?
Passons de 3 000 à 22 000 francs, se sont-ils dit, de taxe quotidienne ; c’est-à-dire chaque boucher/opérateur économique qui intervient sur le site de Port-Bouet doit verser à la société AFAM sous forme de taxe, la rondelette somme de 22 000 francs tous les jours ! Ce qui donne par mois 660.000 qu’il faut multiplier tout de suite par le chiffre de 1424 bouchers qui opèrent sur ce site : 939.840.000 francs CFA, c’est la rondelette somme qui descend précipitamment dans la caisse de l’AFAM une fois par mois.
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