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Côte d’Ivoire /Didier Drogba : raconté par son oncle/ce qu’il a fait pour lui

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La Carrière de Footballeur de GOBA Michel a commencé dans les championnats de foot inter villages à Niaprahio (Commune de Guiberoua). Il est très vite remarqué par les dirigeants de Guiberoua qui le recrutent pour la Coupe nationale de Côte d’Ivoire. Face à l’AS Divo est remarqué encore par le club Djiboua qui l’enrôle à son tour. L’année suivante l’AS Divo rencontre l’Africa Sport de Simplice Zinsou en Coupe Nationale. Là encore l’Oncle de Didier DROGBA séduit le Club Vert et rouge. Il marque un but extraordinaire face à Bodo Mailler. Une fois à Abidjan il est sélectionné en équipe Nationale par Gabo Gérard pour la CAN 80 à Lagos. Après une saison passée dans le Club Vert et rouge, il débarque à Brest pour y poursuivre sa carrière Professionnelle. Pendant plus d’une décennie il évoluera dans le championnat Professionnel français en 1ère et seconde division (Brest, Dunkerque, Abbeville, Besançon et autres). C’est un retraité du foot depuis 1993. Ce passionné du ballon rond n’a véritablement pas raccroché les crampons qu’il chausse, après avoir passé son diplôme d’entraineur. Le fondateur du Centre de Formation Goba Michel à Paris vient d’être recruté comme entraineur de Moossou FC. Goba Michel, c’est aussi l’oncle de Didier Drogba. C’est lui qui l’a fait partir en France. Entretien.

Michel Goba, lorsqu’on évoque votre nom je pense immédiatement à ce but entre les jambes du gardien togolais Assogba Yaïvi pendant la CAN 84 à Abidjan ?
Oui vous avez raison c’est un de mes plus beaux souvenirs en sélection. Je m’en souviens comme si c’était hier. C’était le 3ème but des Éléphants contre le Togo. Une CAN qui se jouait dans mon pays devant notre public. Je me suis retrouvé face à face avec le gardien, je ne savais pas quoi faire et l’inspiration de Dieu m’a permis de placer le ballon entre ses jambes. Magnifique !  Ce sont des souvenirs que je n’oublierai jamais.

Ça fait combien de temps que vous avez raccroché les crampons de footballeur Professionnel ?
J’ai arrêté ma carrière Professionnelle en 1993, après le dépôt de bilan de mon dernier Club Abbeville. J’ai joué au moins 6 ans en 3ème division et ça été la retraite définitive. J’ai aussitôt passé mon diplôme d’entraineur.

Ce n’est plus un secret. C’est vous qui avez fait venir votre neveu Didier Drogba en Europe. Au regard de ce que ce Monsieur a apporté au Football Ivoirien quel sont vos sentiments ? Ceux de quelqu’un qui se dit qu’il n’y a pas en faire un plat. J’ai juste jouer mon rôle de tonton. Ou ceux de quelqu’un qui se dit ah oui sans moi la Côte d’Ivoire n’aurait pas ce monument ?
Ah non ! Pas du tout. Il faut reconnaitre le talent et la personnalité de ce garçon qui a eu l’intelligence de saisir la chance qui lui a été offerte. Je ne suis que celui qui lui a tendu la perche, celui qui lui a prodigué des bons conseils au moment où il fallait. Comment aller au premier poteau, comment percuter devant le but, comment lui faire comprendre qu’il a les capacités de jouer en attaque. Le reste ce sont ses propres compétences. Moi j’ai joué mon rôle de père si on veut parler africain. Lorsque je suis venu en Europe j’étais seul il me fallait quelqu’un chez moi et c’est à mon neveu que j’ai pensé. A cinq ans quand on lui demandait ce qu’il allait faire plus tard, il répondait qu’il veut faire comme son tonton : devenir footballeur. Il y a beaucoup de personnes qui font venir des frères, des cousins, des neveux mais qui n’ont pas la chance que j’ai eu d’avoir un garçon intelligent comme Didier Drogba. Mais je ne vais pas me le cacher, il est ma plus grande fierté. Quand tu donnes la chance à un gamin qui réussit tu ne peux qu’être heureux. C’est ta propre réussite. Tu te dis wahoo ! Moi au moins j’ai apporté quelque chose à l’humanité. Ce garçon me fait honneur par sa réussite et il n’a pas encore fini. Je le vois plus loin encore avec cette nomination à la Fifa. C’est dire qu’il ne faut pas hésiter de tendre la main à celui qui en a besoin.

Vous avez été son Coach. Je comprends pourquoi vous être devenu un entraineur dès votre retraite…
C’est tout à fait logique. Quand on fait ce métier de footballeur professionnel, on va toujours parler foot partout où on est, toujours chercher à analyser les phases de jeux. On est coach sans s’en rendre compte. Même si on n’en fait pas un métier quand tu discutes avec les enfants pendant un match, c’est comme un coach. Tu essaies de leur expliquer le pourquoi et le comment de tel ou tel positionnement, dans telle ou telle phase de jeux. Comme piquer une balle au 1er poteau, comment il faut reculer au second poteau. Pour moi que ce soit Didier ou mes deux Garçons qui jouent au Foot aussi l’un à Sedan et l’autre en Bretagne, ils ont le même déplacement que Didier, parce qu’ils sont de la même école, Goba Michel. Lorsque je les vois jouer ils me copient. Ça fait plaisir. Ils écoutent ce que papa dit. Je ne pouvais pas ne pas devenir un entraineur.

Je comprends sinon on aurait pu vous retrouver dans une autre activité ?
Après ma carrière j’ai été commerçant mais toujours autour du Football. Depuis que je suis gamin, je ne me suis intéressé qu’au football. Pour ceux qui me connaissent, jamais je n’ai mené une activité qui ne tourne pas autour du football. Mon nouveau métier d’entraineur a été une vocation. Mon rêve était de devenir un jour entraineur de l’équipe nationale de Côte d’Ivoire et en 91 lorsque j’ai eu mon diplôme d’entraineur. Je dis enfin, je suis sur la bonne voie pour réaliser mon rêve d’enfance ; de prendre un jour les rennes des Éléphants de Côte d’Ivoire. Mais pour y arriver il me fallait franchir des étapes. J’ai entrainé comme formateur à Antony, Wissous, une école de foot à Paris et Aujourd’hui je prends le banc de Moossou FC.

Pourquoi le choix de Moossou FC pour ton premier poste en Côte d’Ivoire au lieu de l’Africa ton club de cœur, où tu as évolué ?
???? ???? (Rire) Je suis passé par FC Niaprahio aussi. Moossou parce que les dirigeants de ce club ont eu confiance en moi et sont venus me chercher ici en Europe. Ce que l’Africa pour qui mon cœur bat n’a pas fait. C’est comme en Amour, va vers la femme qui t’aime si tu veux être heureux. Parfois la femme que tu aimes ne t’aime pas. J’ai fait plusieurs appels de pied à l’Africa il n’y a jamais eu de retour, donc je vais vers ceux qui ont cru en moi. Ce club a des ambitions pour moi et pour l’équipe. Je vais donc faire mes preuves pour montrer aux ivoiriens ce dont je suis capable. J’ai vraiment de grosses ambitions avec Moossou, en faisant de ce club une équipe professionnelle dans le vrai sens du terme.

C’est quoi le projet entre Moossou FC et vous ?
C’est un projet de développement sportif à long terme, voilà pourquoi j’ai accepté. Un dirigeant qui travaille à court terme ne m’intéresse pas. Un dirigeant qui veut des résultats immédiats ne m’intéresse pas. Moossou FC me propose un projet sur 5 ans c’est raisonnable. J’ai envie de donner quelque chose à la Côte d’Ivoire, parce qu’à travers ce projet, je vais aussi faire des détections pour faire connaitre Moossou en Europe. Il y aura des collaborations avec certains clubs partenaires ici en France. On ferra beaucoup de stages ici en Europe. Pour que Moossou FC grandisse il fallait peut-être quelqu’un qui a eu beaucoup d’expérience en Europe, pour ouvrir les portes de ce club sur l’Europe.

Vous avez passé beaucoup de temps en Europe loin de toutes les réalités du terrain en Afrique. Ne pensez-vous pas que ce soit un handicap pour vous ?
Je comprends j’ai été déjà confronté à cette réalité lorsque je venais en Afrique, même pour des affaires privées qui n’ont rien en avoir avec l’Afrique. Ce contraste m’a fait perdre certaines affaires. Mais cela m’a permis de comprendre la réalité du terrain africain. J’en ai tiré les leçons. C’est la même chose dans le football. Lorsque j’étais footballeur professionnel et que j’arrivais en sélection j’étais confronté à cette réalité et j’ai vite compris qu’il faut s’adapter, tout en gardant la rigueur que vous avez appris en Europe. ???? ???? (rire) Par exemple en Sélection je partageais ma chambre avec Gadji Céli. Et les midis il se mettait à chanter au moment du repos. Au début j’avais du mal à le supporter et j’ai finalement fini par m’adapter…  ???? ???? (éclats de rires) Aujourd’hui Gadji me dit, « tu vois Goba la chanson est devenue mon métier ». Donc rassurez-vous je vais m’adapter aux réalités du terrain. Parce que je dois m’adapter à mes joueurs, si je veux les amener sur mon terrain.

Tu as une école de Foot ici que deviendra t’elle avec ton départ en Côte d’Ivoire ?
Non, je ne vais pas la fermer je pourrais toujours venir en vacances pour récupérer ces jeunes. Ce qui est intéressant, c’est que ces jeunes de mon école, qui sont français mais certains Ivoiriens d’origine, pourront me rejoindre s’ils veulent. D’autant plus que le Président de Moossou FC a un projet de Centre de Formation avec un collège et lycée. Ce sont des Français d’origine Ivoirienne qu’on pourra former à Moossou et les réinjecter dans le foot français, par la grande porte. Et les dirigeant de Moossou FC ont les moyens de cette politique. Ils envisagent même la création d’une grosse cellule de communication avec une télévision privée. Ils ont en tout cas les moyens pour leur projet et je compte y participer.

Vous faites partie des personnes qui ont motivé votre neveu Didier Drogba de choisir les Éléphants de Côte d’Ivoire. Je parie que vous ferrez la même chose pour votre fils Kévin GOBA…
Kevin ? Non, c’est comme si c’était fait. Pour l’instant l’équipe de Côte d’Ivoire n’a pas besoin de lui, parce qu’ils ne le connaissent pas. Ce n’est pas parce que c’est mon fils que je le dis. C’est le technicien qui parle. Kévin est une attaquant percutant. Le jour que le sélectionneur le verra et qu’il s’intéressera à lui, on n’hésitera pas à lui montrer la route de la Côte d’Ivoire. Ce n’est pas un souci. Mes enfants sont nés en France et français, mais dans leur tête ils sont Ivoiriens. Le sang de la Côte d’Ivoire coule beaucoup dans leurs veines, plus que moi le papa né sous les bananiers de Niaprahio. Pour l’instant il n’est pas sélectionné en France donc son pays peut l’appeler un jour.

Votre regard sur le Football Ivoirien. Les Dirigeants, les Clubs, la presse sportive ?
???? ???? (rire) Je ne vais pas cracher dans la soupe, mais j’aimerais que les dirigeants ne deviennent pas des entraineurs. Qu’ils restent à leur place en s’occupant de la gestion financière et administrative de leur club. Qu’ils fassent des efforts pour la stabilité des techniciens à leur poste. Ce n’est pas ambitieux de changer d’entraineur au bout de deux ou trois résultats. Dans l’ensemble j’aimerais apporter ma vision du football au niveau des jeunes, afin que la Côte d’Ivoire fasse comme la France pour gagner la coupe du Monde. La France est le premier pays au monde où la formation des jeunes est très développée. Je veux développer l’esprit de la formation des jeunes dans mon pays. Organiser le football au niveau de la masse, surtout des jeunes, car c’est par là qu’on fait des détections. Il faut donc développer le championnat des jeunes.

Hayden Tchétchè à Paris
haydentche@abidjanshow.com

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