04242024Headline:

Côte d’Ivoire:Can 2015 Les supporters dejà déçus;Les raisons

Supporters elephants

Can 2015; encore des problèmes autour de la sélection ivoirienne. Les supporters déçus

Les 80 supportrices au tee-shirt orange sont concentrées : non seulement elles doivent suivre les chorégraphies, mais il faut aussi agiter en rythme les castagnettes africaines, ces calebasses entourées d’un filet de perles qui ponctuent leurs pas.

La répétition se fait sous le regard attentif d’Emile Gnahoulou, le chef d’orchestre, qui ne tolère aucun écart. Mais le plus souvent, c’est avec le sourire qu’il observe ses ouailles : toutes semblent en transe, enivrées par les percussionnistes qui s’activent sur leur djembé.

Affirmer que le foot est une institution en Côte d’Ivoire n’est pas surfait : pendant chaque match depuis plus de 30 ans, les Éléphants sont épaulés par un Comité national des supporteurs (CNSE), qui dépend directement du ministère des sports. Quand leur équipe est sélectionnée, les quelque 200 « animateurs professionnels » commencent les répétitions deux fois par semaine.

Après la Coupe du monde au Brésil l’année dernière, la CAN 2015 fait partie des grosses compétitions à ne pas manquer. Pourtant ils ne sont pas sûrs de pouvoir partir à temps à cause des procédures de visa d’une complexité inédite pour ces habitués du voyage. « Je trouve curieux qu’on demande des casiers judiciaires pour aller regarder un match de football, s’étonne Parfait Kouassi, le président du CNSE. Notre ministre des Affaires étrangères doit aussi envoyer une demande à son homologue équato-guinéen. Et une fois qu’on a tout réuni, on doit se déplacer au Bénin ou au Ghana pour faire le visa parce qu’il n’y a pas de consulat à Abidjan. Nous ne comprenons pas, c’est compliqué, totalement aberrant et décourageant. »

Lourdeurs administratives

Si leur président se montre inquiet, les supporteurs, eux, sont certains qu’ils parviendront à surmonter ces lourdeurs administratives, incapables d’imaginer que leur équipe puisse jouer en leur absence. « Une CAN sans nous, ce n’est pas une CAN », affirme Emile Gnahoulou, la mémoire du CNSE. Il est le dernier représentant des fondateurs du comité en 1981, avant même qu’il soit officiellement mis en place lors de la CAN de 1984. C’est lui qui gère toute la partie animation du CNSE avec une discipline de fer.

« On ne regarde pas le match, on n’a pas le droit de commenter les décisions de l’arbitre, on ne boit surtout pas d’alcool pour ne pas se bagarrer, assène-t-il. Nous notre travail c’est de ne jamais nous arrêter pendant les 90 minutes du match, jusqu’aux prolongations. La fanfare, les vuvuzelas, les danses, les chants pendant si longtemps, c’est du jamais vu ! »

Emile doit sélectionner une centaine d’animateurs pour les déplacements à l’étranger. À chaque fois, il essaie de privilégier les femmes, car « elles ne provoquent pas d’histoires et elles ne sont pas tentées de rester dans les pays, elles rentrent toujours à la maison ». Cette rigueur et cette ferveur semblent appréciées du public : les supporteurs des Éléphants sont souvent mis en avant lors des compétitions, notamment par les médias.

« Le sport roi »

Une attention qui a amené Emile proclamer le CNSE « champion d’Afrique en animation », une sorte de concours informel entre les supporters de tous les pays. « C’est nous qui avons inventé cette manière de soutenir notre équipe, le Nigeria et le Sénégal nous ont suivis », souligne-t-il, rappelant que le CNSE a été décoré à plusieurs reprises, notamment par le président du Kenya lors des Jeux africains de 1987.

« On intervient pour les matches de toutes nos équipes nationales, du basket au rugby, mais c’est vrai que le football c’est le sport roi », confesse Emile, qui trépigne d’impatience à quelques jours de la cérémonie d’ouverture de la CAN. Les choses pourraient bientôt se débloquer : l’un des cadres du CNSE est en partance pour le Ghana avec les passeports. Un vol sera spécialement affrété pour les animateurs pour Malabo dès que les visas seront signés.

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