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Hervé Renard: Voici les raisons de la défaite contre le Cameroon

Herve Renard-nouveau selectioneur

Une semaine après la débâcle de ses Éléphants de Côte d’Ivoire au Cameroun, lors de la 2e journée des éliminatoires de la Can 2015, le sélectionneur, Hervé Renard revient sur le match. Mais il évoque aussi les perspectives.

Le premier rendez-vous avec les Éléphants de Côte d’Ivoire

C’était mon premier stage à la tête de la sélection nationale de Côte d’Ivoire. Je suis arrivée, alors que le championnat était fini. J’ai donc pu voir que la finale de la Coupe nationale, les matches du Séwé de San-Pedro en Coupe d’Afrique et les moins de 20 ans, en amical contre l’Afrique du Sud et contre la Libye en éliminatoires de la Can U20. Ce qui est assez peu pour se faire une idée générale de ce qui peut représenter les forces de l’avenir. J’ai donc pris des décisions, alors que d’autres ont été prises par les joueurs eux-mêmes. Je n’ai pas besoin de les citer, mais vous connaissez ceux qui ont pris leur retraite internationale. Ce premier stage m’a donc permis de rencontrer les joueurs, de discuter avec eux, de voir comment nous étions organisés dehors et sur le terrain. Au niveau du comportement, je tiens à féliciter tout le monde. Il n’y a pas eu de problèmes. Les joueurs et le staff en particuliers se sont pliés au règles qui ont été définies. Vous me direz c’est normal, mais, il peut y avoir quelques couacs, surtout quand on a affaire à des gens qui ont des ego, comme vous le dites ici. J’ai ressenti l’adhésion de tout le monde.

L’Analyse des deux matches contre la Sierra Leone et le Cameroun

La victoire contre le Sierra Leone a été, comme je l’avais dit après le match, obtenu sur un exploit individuel et non pas sur une base collective. Nous avons pu sauver l’essentiel. C’est à dire d’obtenir les trois points. Mais je n’étais pas du tout satisfait du jeu collectif. Et ces craintes ont été amplifiées par un adversaire d’une autre valeur. Nous sommes à une période et une charnière difficile, donc il va falloir un peu de temps. Mais cela ne veut pas dire que nous n’allons pas atteindre l’objectif que nous nous sommes fixé. Qui est la qualification de la Can 2015. Je suis quelqu’un qui ne fuit jamais ses responsabilités. Quand j’ai adossé ma signature au bas du contrat, je savais à quoi m’attendre et je ne suis pas du tout surpris. Il y a toujours beaucoup d’attente derrière cette équipe, mais ce qu’il faut savoir c’est que c’est une période charnière, donc il faut savoir faire le dos rond, tout en ayant pour objectif la qualification. Même si elle s’obtient par une petite porte, l’important sera de se qualifier. Cela necessitera un peu de temps, même si en football, le temps est souvent compté. Je sais que vous n’avez jamais pensé qu’en dix jours, je puisse révolutionner le football ivoirien. Je n’en suis pas capable et je n’ai pas ce pouvoir. Par contre avec le temps, je suis persuadé de savoir où j’ai envie d’aller, avec qui j’aurais envie d’y aller.

La défense des Éléphants au Cameroun

Avant de parler de la défense, je parlerai du système défensif. Et je suis très désagréablement surpris, après avoir passé 10 jours avec l’ensemble de l’effectif, du manque de rigueur défensif. J’appelle rigueur défensif, savoir rester organisés même quand on attaque. Malheureusement, lorsqu’on est dans un stade comme celui du Cameroun, et qu’on crie, même le plus fort possible, c’est difficile de se faire entendre. Donc, mon discours n’a semble-t-il pas été entendu correctement. Donc j’en assume l’entière responsabilité. Les choix qui ont été fait dans le secteur défensif, pour ce match contre le Cameroun, c’est parce que mes inquiétudes se portaient dans ce secteur. Donc il me faudra du temps pour trouver cette combinaison qui part du gardien de but à l’attaquant. Ce qui nous a été préjudiciable, c’est ce manque de rigueur à tous les points de vue. Le premier but que nous encaissons, c’est sur un corner, en notre faveur. Le troisième but qui fait la différence, c’est sur une touche, sans parler des nombreuse occasions que nous avons eues et que nous n’avons pas su les concrétiser. C’est une défaite qui fait mal, mais qui peut être bénéfique. Parce qu’il faut toujours savoir tirer les enseignements. Et j’espère qu’elle raisonnera de la même façon dans la tête des joueurs que dans celle de ceux qui composent le staff, la fédération et les supporteurs. Car les points faibles ont rejailli au grand jour.

Pourquoi il n’a pas reconduit la paire Kessié- Bamba

Parce que j’ai pensé que quand on a 20 ans et aucune expérience internationale, ce match du Cameroun était assez compliqué pour lui. Aujourd’hui, vous me direz : ”vous avez eu tort, je vous dirai oui”. Parce que je ne suis pas du genre à fuir mes responsabilités et à me retrancher derrière des noms des joueurs en disant qu’ils n’ont pas été performants, car c’est moi qui les choisis. Les choix ont été mal faits au niveau de ce secteur. Donc, j’en assume l’entière responsabilité. Je mets ça derrière le fait que j’ai accordé un crédit à certains et j’ai été sanctionné.

Le choix au niveau du secteur médian et l’absence de Serey Dié

Depuis le début de la saison, Serey Dié n’a jamais été titulaire au FC Bâle. Et son entraîneur, jusqu’à ce jour, ne compte pas sur lui pour l’instant, alors qu’il était titulaire indiscutable la saison dernière et souvent l’un des meilleurs joueurs de son équipe. Je connais sa valeur, mais quand on est milieu de terrain qui plus est à la récupération, c’est très difficile quand on ne joue pas. Et comme Tioté aussi n’est pas titulaire en club, je ne voulais pas associer deux joueurs qui ne jouent pas.

Le match raté de Koné Lamine

Il aurait fallu qu’il soit mieux soutenu. Ça répond à la question de l’association de Franck Kessié et Lamine Koné. Si je les avais associé, je ne pense pas que Kessié aurait été d’un grand apport quand à diriger quelqu’un qui débute en sélection. Parce que comme vous le savez, porter le maillot de l’équipe nationale de Côte d’Ivoire, c’est un poids qui est lourd. Donc, il faut lui accorder le crédit de cette première sortie qu’on jugera de moyenne. C’est un joueur qui a des qualités et c’est à lui de montrer qu’il peut avoir une nouvelle chance. C’est la différence entre quelqu’un qui a une grosse expérience au niveau international et celui qui n’a pas.

Le système de jeu

Le premier match contre la Sierra Leone, nous l’avons démarré en 4-4-2 et le deuxième en 4-2-3-1. Parce que je ne considère pas Yaya Touré comme un attaquant de pointe. Donc vous aviez les deux milieux récupérateurs avec Akpa Akpro et Tioté, ensuite une ligne de trois avec Gervinho, Max et Yaya ensuite l’attaquant Bony.

Le manque d’efficacité de l’attaque

Quand vous êtes solides défensivement et que vous avez une occasion que vous la transformez, ça suffit. Le plus important est d’être solide défensivement. Quand ce n’est pas le cas, on peut oublier tout: gagner un titre, gagner un match ou gagner un championnat. C’est impossible.

Les prochains challenges

Nous avons accepté une invitation de l’Afrique du Sud pour participer au Mandela- Day le 4 octobre 2014. Nous irons avec une équipe qui sera à base de locaux et de joueurs qui n’ont jamais porté le maillot de la sélection A. Nous commencerons à nous préparer à partir du 25 septembre jusqu’au 4 octobre 2014. Il y aura quelques joueurs expatriés, si leurs clubs acceptent de les libérer, puisque ce n’est pas une date Fifa. Si ce n’est pas le cas, nous irons avec des joueurs locaux. Ce qui me permettra de travailler avec eux et de gagner un peu de temps. Nous essayerons de faire ces rassemblements le plus souvent possible pour emmener ces joueurs locaux au haut niveau. Notre priorité est de nous baser sur l’équipe olympique. C’est à dire les joueurs nés en 1993. Mais s’il y a un ou deux joueurs exceptionnels qui sont âgés de 25 ans, nous n’allons pas leur fermer la porte. Mais à 80%, il faut que ce soit axé sur cette équipe olympique. L’important étant de préparer les joueurs.

Angoua Brou, Djakpa, Tié Bi et Ousmane écartés pour indiscipline?

Non. C’est complètement faux. D’ailleurs j’ai fait un démenti sur le site de l’équipe.fr qui a écrit un truc de ce genre. J’ai simplement réduit le groupe à 22. Ceux qui n’ont pas été retenus ont eu un comportement exemplaire. Il n’y a jamais eu de bagarre. Il n’y a aucun problème qu’ils reviennent en sélection, mais nous savons tous qu’il peut avoir le véto du joueur qui peut refuser de venir. Mais il y a suffisamment de joueurs pour que ceux qui n’ont pas envie de venir ne soient pas indispensables.

Le groupe

C’est une obligation d’élargir le groupe. Parce que c’est une première présélection. Et une présélection c’est pour voir certaines choses qu’on ne peut pas toujours vous révéler. Mais lorsqu’on est sélectionneur, on a la chance de choisir qui on veut. Donc c’est un atout. Le côté négatif, par rapport à l’entraîneur de club, c’est qu’après une défaite comme celle-ci, il faut deux, trois semaines ou un mois avant de se retrouver pour se replonger dans le travail. Ce que je regrette c’est le manque de rigueur collectif. Le comportement sur le terrain ne me satisfait pas. Je peux vous dire qu’avec notre rigueur actuelle, même si j’avais aligné la même défense que celle qui a terminé le match contre la Sierra Leone, le résultat aurait été le même. Parce que quand vous n’êtes pas capable de rester organisé lorsque vous avez le ballon. Lorsque vous n’êtes pas rigoureux sur coup de pied arrêté, que ce soit défensif ou offensif, vous ne pouvez rien espérer face à des attaquants comme Vincent Aboubacar et N’jié.

Conclusion

Si vous voulez ma conclusion, oui je suis très en colère. Mais je suis en colère après moi. Parce que c’est moi qui choisis les hommes. Le responsable c’est moi. Et les périodes difficiles que nous allons avoir, parce qu’il y en aura, c’est moi qui vais les assumer. Je sais où je vais aller et je vais y arriver. Avant d’être champion d’Afrique avec la Zambie, je n’ai pas gagné tous mes matches. Je comprends les craintes des Ivoiriens, mais la seule chose que vous devez savoir, c’est qu’il y a des obstacles sur la route et il va falloir être fort pour les sauter. Face à un adversaire qui a le même nombre de points que nous (le RD Congo), on sait que la double confrontations du mois d’octobre sera déterminante pour la qualification. L’important sera de se qualifier, le spectacle viendra après.

Guillaume AHOUTOU

Soir Info

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