En 2022, le groupe CMA-CGM affiche, pour la deuxième année consécutive, un bénéfice record de 23 milliards d’euros. C’est plus que TotalEnergies, Stellantis et LVMH et cela place l’armateur français, qui n’est pas coté en Bourse, au-dessus de tous les plus grandes entreprises du CAC 40. La CMA-CGM a été porté par les prix – historiquement élevés – du fret maritime
Dans un simple communiqué, l’armateur marseillais a annoncé ses résultats mirobolants l’an passé. En 2022, son chiffre d’affaires a augmenté de 33,1% à plus de 70 milliards d’euros, les bénéfices nets atteignent les 23 milliards d’euros et la marge opérationnelle atteint un niveau stratosphérique de 44,7%.
C’est le plus haut bénéfice publié par une entreprise française en 2022, devant ceux de TotalEnergies, Stellantis et LVMH, et l’un des plus importants jamais enregistrés dans l’histoire des entreprises françaises.
Pour éviter toute polémique, la direction du groupe s’est empressé de souligner le caractère exceptionnel de ces chiffres en plein débat sur les superprofits des entreprises et assure que 90% des bénéfices seront réinvestis. L’armateur a ainsi multiplié les investissements dans des bateaux et terminaux portuaires (à New York et en Inde notamment), et négocie le rachat de la compagnie La Méridionale, qui relie Marseille à la Corse et au Maroc. Il se prépare aussi à de nouveaux soubresauts dans le fret maritime en se diversifiant : il a investi dans la logistique terrestre, aérienne, spatiale et dans les médias.
Retour à la normale prochainement ?
Le troisième armateur mondial présidé par Rodolphe Saadé compte 150 000 salariés et exploite 250 lignes. Sa progression a été portée par les prix du fret maritime qui ont atteint des sommets après la pandémie, en raison d’un rebond de la demande mondiale.
Comme ses concurrents dans l’UE, la CMA-CGM est soumis à la taxation au tonnage, mais son taux effectif d’imposition reste extrêmement bas à 2 % en 2021 selon une mission de l’Assemblée nationale. De quoi alimenter le débat sur la participation de ce géant à une taxe spéciale pour qui ont dégagé des profits exceptionnels pendant la crise de Covid-19.
Mais CMA-CGM prévient que la fête pourrait vite se terminer. Au dernier trimestre 2022, le chiffre d’affaires a baissé de 3,6% et le bénéfice a été divisé par deux, touchés notamment par un ralentissement du fret maritime et une baisse des prix. Les volumes transportés par le groupe sur l’axe Est-Ouest étaient en baisse de 7,2% au dernier trimestre. Et les taux du fret maritime ont été divisés par cinq depuis les sommets de fin 2021 et début 2022, selon l’indice du cabinet britannique Drewry. L’année 2023 pourrait ainsi sonner l’heure du retour à la normale, avec une offre comme une demande incertaines. Le groupe, non coté, ne fait pas de prévisions chiffrées.