Simone Gbagbo, depuis quelques semaines, s’ouvre de plus en plus sur ses ambitions politiques dont le lancement, le 25 septembre dernier, du mouvement Génération capable, en est la forme la plus visible. Devant quelques milliers de personnes composés en majorité de femmes, en effet, elle a délivré un discours qu’il est plus facile d’assimiler à une déclaration de politique générale qu’autre chose. On restait encore au stade de vision plutôt floue, cependant. Du moins avant son dernier périple en République démocratique du Congo, dans le cadre de ses activités de chrétienne évangélique, la semaine dernière alors que son époux organisait le congrès constitutif de son nouveau parti. Profitant, en effet de la tribune qui lui a été offerte, elle n’a pas manqué de s’ouvrir, pour la première fois, sur sa situation matrimoniale.” Au moment de mon arrestation, j’ai été battue comme c’est pas permis. Mon mari, lui au contraire, ils sont venus, ils l’ont protégé. Lui qui était le chef de l’état. Quand on veut s’asseoir pour regarder tout cela, on peut s’apitoyer sur soi même et cela peut casser le moral. J’ai fait tout cela et qu’est-ce que j’en tire ? Je n’ai même pas la reconnaissance de celui qui partageait ma vie.” Une déclaration émouvante qui , au-delà du témoignage, lève un coin de voile sur les raisons de son envie, de plus en plus affichée, d’aller voir ailleurs. En d’autres termes, beaucoup plus qu’un état d’âme d’épouse frustrée, on a la déclinaison d’un positionnement politique. La victime d’un homme politique ingrat. Tout naturellement pour légitimer une autre rivalité dans la gauche ivoirienne dont le chef de fil reste encore Laurent Gbagbo, avec son nouveau parti. On perçoit d’ailleurs une volonté de surfer sur la forte audience dont elle bénéficie auprès des chrétiens évangéliques pour constituer une réelle force politique. Cependant une telle posture peut elle prospérer ? Quand on sait l’engagement politique à la limite de l’activisme de Simone Gbagbo ? Simone peut elle se permettre de présenter la situation difficile qu’elle a vécue comme la conséquence de son attachement à son époux sans se disqualifier ? Étant entendu qu’elle a été longtemps perçue comme l’aile dure du pouvoir Gbagbo , au point de convaincre l’opinion que ce dernier n’a été que la victime des “turpitudes” de Simone, pour emprunter le mot de Katinan. Peut-elle paraître réellement objective en se faisant passer pour une victime de Gbagbo alors qu’elle n’a jamais manqué l’occasion de revendiquer le titre de fondatrice du FPI ? Mais bon , nous sommes en politique et, dans ce domaine, en général, on fait feu de tout bois !
avec opera news