04202024Headline:

Pour casser la mutinerie, Ouattara donne des consignes fermes aux chefs militaires/Le plan de Chérif, Wattao, Zackaria, Morou…

Pour casser la grogne des ex-combattants mécontents, Ouattara donne des consignes fermes aux chefs militaires/Le plan de Chérif, Wattao, Zackaria, Morou…

L’Exécutif ivoirien n’entend plus se laisser surprendre par un soulèvement de soldats, qu’ils soient issus de la période de la rébellion ou de la crise post-électorale.
Si l’on en croit une source militaire, des instructions fermes auraient été données dans ce sens par le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, aux nouveaux patrons des grands commandements nommés en mi-janvier dernier. « Les ex-com zones promus à la tête d’unités spéciales et de bataillons de sécurisation ont pour mission de calmer les éléments ayant servi sous leurs ordres pendant la rébellion et même la crise post-électorale. La responsabilité de toute grogne venant de ces éléments sera imputée directement à leurs anciens commandants. Le président a été très clair la-dessus », fait savoir notre informateur. Sur le terrain, la menace du chef de l’Etat, ou du moins la consigne est prise très au sérieux. Des actes sont posés dans la discrétion pour mériter la confiance du premier magistrat ivoirien. Il revient que les ex-commandants de zone Chérif Ousmane, Issiaka Ouattara (Wattao), Morou Ouattara, Koné Zackaria et même Gaoussou Koné (Jah Gao) sont descendus dans l’arène à l’effet de contenir toute action des mécontents, qu’ils soient soldats intégrés ou démobilisés. Leur stratégie, apprend-on, consiste à amener les ”durs” de l’ex-rébellion dont ils sont très au fait des hauts actes de guerre de 2002 à 2011, à renoncer à toute manifestation de rue, et partant, de paralysie du pays.

Pour les faire revenir dans la République et casser le vaste mouvement de mécontentement qui se profile à l’horizon, chaque ex-commandant promet à toute ”recrue” maintenant courtisée, un matricule et un mécano (documents militaires de paie ndlr). Toute chose qui leur avait été jusque-là refusée pour des critères d’âge et de niveau d’études. « Les commandants savent parmi les meneurs des démobilisés de qui le danger peut venir. Ils ont tous commencé à appeler leurs anciens éléments au sein de la ”Cellule 39” pour les rejoindre. A partir du moment où le chef d’hier promet matricule et mécano, certains estiment que rester dans la grogne est une aventure sans issue. Cela a le mérite de réduire le rang des mécontents », susurrent des proches des anciens com-zones récemment promus par le président Ouattara. Lesquels ont confirmé l’opération de charme en cours de leurs patrons auprès des éléments de la ”Cellule 39” dont ils s’étaient séparés et qui, jusque-là criaient leur désarroi sans trouver d’oreilles disposées à les écouter et à les entendre. « Ça chauffe maintenant dans le rang de la ”Cellule 39” parce que beaucoup reprochait au régime de les avoir abandonnés. Maintenant qu’on leur promet le matricule et le mécano, ils vont donner dos à ceux qui voudront frapper le pouvoir. Le problème de la ”C39” est, pour nous, réglé. Elle (la cellule) va finir même par imploser », pensent nos informateurs.

Faire contre mauvaise fortune bon coeur

Du côté des concernés, sur place dans la capitale des savanes (Korhogo), à 635 km de la capitale économique (Abidjan) d’où les tractations sont menées par l’actuel patron du 1er Bataillon des commandos parachutistes (Bcp), le lieutenant-colonel Ousmane Chérif, et ses pairs ex-chefs de guerre promus, l’on confirme les grandes manœuvres en cours par leurs anciens commandants de zone. « Chacun des commandants nommés à la tête des unités, essaie de convaincre ses éléments. Plusieurs parmi nous ont été appelés et des propositions concrètes d’intégration avec matricules et mécano leur ont été faites. Moi-même, un commandant m’a demandé de le rejoindre avec mon groupe à sa base à Abidjan. Il dit avoir de bonnes nouvelles pour nous. On le sait, c’est pour nous proposer les matricules et mécanos qu’on nous a refusés, hier», glisse sous l’anonymat un ex-homme de main d’un haut gradé de l’Armée, venu à Korhogo comme plusieurs autres délégués de démobilisés dans le cadre des négociations en cours avec le gouvernement. Puis, il révèle que dans son groupe, les éléments sont divisés. Certains estimant qu’il faut saisir la perche tendue.

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Là où d’autres flairent le danger d’une scission de la ”C39” pour l’affaiblir, et ne plus satisfaire les revendications formulées. Notamment, le paiement de primes de guerre pendant la rébellion et la descente sur Abidjan (prime Ecomog) aux démobilisés non intégrés dans l’armée pour raisons d’âge et de niveau d’études, le paiement des arriérés de primes de démobilisation, l’octroi de la prime d’effort de guerre aux 600 soldats de la ”C39” intégrés dans différents corps de l’armée au même titre que leurs camarades mutins pour leur participation aux combats d’Abidjan. « Des camarades veulent faire contre mauvaise fortune bon coeur. Pour eux, on luttait pour être entendus et être intégrés et non pour mener des actions subversives. Il n’est pas question de déstabiliser le pouvoir. Ce n’est cela notre objectif. Mais, faisons attention au piège de nos anciens chefs », interpelle Medjoua Fofana, porte-parole des 1000 ex-combattants initialement proposés pour intégrer le corps des Eaux et forêts. Contrairement à 1000 autres de leurs camarades de la rébellion ayant constitué la première vague, ils n’ont pu jusque-là rejoindre ce service para-militaire.

« Matricule, mecano, trop tard »

Pour ces frustrés, à entendre leur porte-parole, il n’est point question de crier victoire parce que des ex-chefs de guerre appellent certains parmi eux et leur font des propositions. « On ne veut plus de leurs matricules et de mécano. On a pleuré derrière eux ici. Ils ne nous ont même pas regardés. Maintenant qu’ils ont la pression du président de la République, ils nous proposent ça. Qui va accepter ça, surtout au moment où il y a plein de désertions dans l’armée ? Qu’ils gardent ! Nous, on veut notre argent. Un pont, un trait », conclut cet autre chef des démobilisés sous les vivats approbateurs de ses camarades. Ces derniers, à plus de 80%, soit 36 délégués sur la quarantaine qui a pris part aux négociations tenues hier, jeudi 2 février 2017 à la préfecture de Korhogo, avant de se retrouver peu après dans l’une de leurs bases de la cité du Poro. A savoir, le quartier général du porte-parole de la ”C39”, un ex-dur de la compagnie Guépard de l’actuel patron du 1er Bataillon de commando et des parachutistes (Bcp) Chérif Ousmane. A savoir, Blin Silué (Epervier). «Les éléments se reconnaissent en nous parce que pendant tout ce temps de galère où notre situation n’a pas été exposée au président Alassane Ouattara, nous sommes restés à leur côté. Voyez, le chef de guerre que je fus, est aujourd’hui réduit à vendre du ”Koutoukou” (boisson traditionnel, ndlr) à 50 F Cfa pour manger et pour donner au moins un petit repas au monde qu’il y a derrière moi. Nous qui sommes écartés par la limite d’âge, que devenons-nous ? C’est nous que les enfants regardent. Le matricule et le mécano ne peuvent pas arranger la situation actuellement», soutient ”Épervier”.

TRAORE Tié

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