04182024Headline:

RDC: la police étouffe un rassemblement contre la Céni

En République démocratique du Congo (RDC), la police a empêché la manifestation des laïcs catholiques, protestants et partis d’opposition contre la « politisation » de la Céni et la nomination à sa tête de Denis Kadima, qu’ils jugent trop proche du président Félix Tshisekedi.

Dès les premières heures de la matinée, les forces de l’ordre ont bouclé les accès au siège de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), situé sur le boulevard du 30-Juin, dans un quartier névralgique. Face au gros déploiement dissuasif, seuls une centaine de manifestants ont tenté de braver l’interdiction du rassemblement par le gouverneur.

Ils défilaient sans banderoles, mais scandaient des slogans contre les nouveaux animateurs de la Céni. Près d’un barrage policier, Patience et Vanessa ont tenu tête aux forces de l’ordre. Des gouttes de sueur s’échappent de leurs fronts sous un soleil ardent. « On veut une élection transparente, mais pas avec Kadima parce que le choix est politisé, c’est clair. Si Kadima était un bon choix, on n’allait pas faire toutes ces marches, on allait rester chez nous. Si nous refusons, c’est parce que nous savons qu’avec Kadima, les élections ne seront pas transparentes et pas non plus crédibles ».

Peu avant 11h, le mot d’ordre est donné. La police s’est activée et des manifestants sont alors brutalisés. D’autres ont été brièvement interpellés. « Nous nous érigeons ainsi contre la dictature. Il n’est pas question d’accepter des élections gagnées d’avance. La Céni est politisée », insiste Junior, âgé d’une vingtaine d’années, déjà aux mains de trois policiers qui l’amènent dans un fourgon siglé « police de proximité ».

Les députés comme Fidèle Likinda, du FCC pro-Kabila, ne sont pas épargnés. Amené de force par plusieurs policiers, l’élu, essoufflé, s’assoit par terre. « Je suis désolé, voilà l’État de droit. Au lieu que la police nous protège, on m’a pris tout ce que j’avais. Nous allons continuer cette lutte jusqu’à ce qu’on ait gain de cause », promet-il.

Les protestataires se posent ainsi en garde-fous, à deux ans des élections, comme l’explique Hervé Diakese, le porte-parole des organisateurs : « Il faut éviter que nous nous retrouvions en 2023 avec des manifestations immenses alors que nous pouvons désamorcer cette crise dès maintenant. La question est que nous allions aux élections en ayant respecté les règles du jeu pour tout le monde ».

Une autre manifestation est prévue samedi prochain avec les mêmes revendications. Le gouverneur a déjà interdit la marche.

Melv Le Sage

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