04182024Headline:

Côte d’Ivoire: les soldats Français neutralisent les dernières poches de résistance de la résidence de Gbagbo, c’était le 11 Avril 2011

Cela faisait exactement une semaine, depuis le 04 Avril 2011, que les frappes aériennes Françaises sur les positions des forces loyalistes pro-Gbagbo avaient été déclenchées.

Agissant sous le couvert de la résolution 1975 des Nations Unies, autorisant les forces impartiales à faire usage de la force pour protéger les civils, l’armée Française sur instruction de l’ex patron de l’Élysée, Nicolas Sarkozy, pilonnaient des cibles stratégiques qui fondaient encore la résistance du régime de Laurent Gbagbo, dont la résidence officielle du chef de l’état, située dans le quartier de Cocody, non loin de celle de l’ambassadeur de France en Côte d’Ivoire.

Ce Lundi 11 Avril au matin, après plusieurs jours de bombardements intenses, les forces fidèles au rival d’Alassane Ouattara sont exsangues. Dans une énième tentative de faire plier l’ex président dans ce qu’on a appelés alors, la bataille d’Abidjan, les soldats Français neutralisent les dernières poches de résistance localisées autour et à l’intérieur de la résidence du chef de l’état. Laurent Gbagbo et sa suite, seront capturés après quelques heures par les soldats des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), essentiellement issus de l’ex rébellion des Forces Nouvelles (FN) auxquels l’on pouvait ajouter quelques éléments de l’armée régulière.

Ce jour là, Sidiki Bakaba, ancien Directeur Général du palais de la culture d’Abidjan y était. Témoin obstiné de l’histoire de son pays, ce cinéaste qui fut là en Novembre 2004 pour filmer les saccages des sièges des journaux proches de l’opposition d’alors, et que l’on a également retrouvé sur les théâtres des affrontements entre civils Ivoiriens et soldats Français suite à l’avortement de l’opération ”Dignité”, tenait, toujours armé de sa caméra, à immortaliser ces instants fatidiques de l’histoire de la Côte d’Ivoire.

Blessé lors des bombardements de l’armée Française, il se souvient d’un fait qui l’a particulièrement marqué jusqu’aujourd’hui, c’est l’attitude de l’ex président Laurent Gbagbo, qui tel qu’il le décrivait ce Jeudi 09 Avril à la rédaction était d’une sérénité déconcertante. Au milieu du tonnerre provoqué par les bombardements, ”Il était serein. Je l’ai vu serein comme je l’ai connu depuis des années. C’est lui qui nous rassurait, lui-même qui était le plus visé. Il tentait de rassurer tout le monde. Ce qui m’a impressionné, c’est sa sérénité”, relate le réalisateur du film-documentaire ”La victoire aux mains nues”.

L’ancien président, il le pratique depuis les années 1970. Pour lui, c’est avant tout un ami, avant d’être un homme d’état. Ayant été un témoin privilégié de ces moments à la fois périlleux et inédits, Sidiki Bakaba estime plus qu’urgent, 10 ans après, d’aller à une réconciliation vraie comme il ne cesse de le réclamer depuis le début de son exil Français, en 2011. Le 11 Avril 2011…Cette date a forcée son entrée dans l’histoire de la Côte d’Ivoire moderne.

Certes dans une mare de sang et de larmes enfantées à la fois par le chagrin des uns et le soulagement des autres, mais, tout de même indéniable dans la volonté de recoller les morceaux brisés d’une nation, dont la cohésion a été mutilée par 27 années d’instabilité chronique, depuis la mort de son premier président, Félix Houphoüet-Boigny, le 07 Décembre 1993.

Raoul Mobio

What Next?

Related Articles