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Rétro : Laurent Pokou aura été et restera l’un des meilleurs attaquants qu’aura possédé la Côte d’Ivoire

LAURENT POKOU

Laurent Pokou aura été et restera l’un des meilleurs attaquants qu’aura possédé la Côte d’Ivoire. Il sera le premier joueur ivoirien à évoluer en dehors de son pays et sera pendant de longues années le meilleur buteur de l’histoire de la Coupe d’Afrique des Nations ( jusqu’en 2008 ). Pendant son séjour en France, il aura montré toutes ses qualités d’avant-centre déroutant et sa capacité de réaliser des exploits invraisemblables ( surtout à Rennes car sa période nancéienne sera tronquée par des blessures ).

Laurent Pokou est né en 1947 à Abidjan en Côte d’Ivoire. Epris de football dès son plus jeune âge, il sera obligé d’y jouer en cachette de son père, cadre fonctionnaire dans les PTT, car ce dernier voulait faire passer les études de son fils avant ce sport. Grâce à ses exploits balle au pied, Laurent commencera à se faire remarquer en équipe de quartier et ensuite avec l’USFRAN, le club des chemins de fer. Si bien qu’après avoir convaincu son père ( toujours aussi réticent ), Laurent sera recruté par l’ASEC d’Abidjan en 1965 où il se bâtira rapidement une réputation de joueur fantastique. Et sous les couleurs abidjanaises, Pokou brillera de mille feux sur tous les terrains du continent africain et en même temps en profitera pour se fabriquer un très beau palmarès, en remportant trois titre de champion ( 1970, 1972 et 1973 ) et également six coupes nationales ( 1967, 1968, 1969, 1970, 1972 et 1973 ). Et aussi grâce à son toucher de balle inégalable, il possédait un sens créatif au-dessus de la norme et cela lui permettait d’entreprendre diverses astuces pour régaler le public de l’ASEC. Et grâce à cette panoplie de bon footballeur, Laurent deviendra une vraie icône dans son pays et surtout attirera l’intérêt de plusieurs clubs européens dont Nantes et Marseille mais l’ivoirien ne voudra pas quitter son pays. Et voilà qu’au mois de Février 1971, le joueur d’Abidjan se brisera le genou gauche à cause d’un choc avec le gardien de but de l’Africa d’Abidjan. L’opération suite à cette grave blessure se passera à Lyon et grâce à ce grave accident Pokou réfléchira et prendra la décision de changer d’avis pour une possible future carrière en Europe. Et pendant son indisponibilité qui durera une saison complète, Laurent découvrira le football français et prendra conscience qu’il passerait sûrement à côté de quelque chose d’énorme s’ il ne viendrait pas jouer sur les terrains européens. Lorsqu’il recevra les visites de Salif Keita ( premier vainqueur du Ballon d’Or Africain en 1970 ) pendant sa convalescence, le joueur de Saint-Etienne lui vendra le meilleur du football hexagonal afin de le décider de le rejoindre en première division. Après avoir récupéré de sa blessure et surtout d’être revenu à son meilleur niveau à une vitesse inouïe, il aura tout de même la tête ailleurs et lorsqu’il rencontrera le Roi Pelé en personne et que ce dernier lui conseillera d’aller tenter l’expérience à l’étranger et lui enverra même un courrier en lui disant : « J’ai trouvé mon successeur. Il s’appelle Laurent Pokou. Il n’a qu’un défaut, il n’est pas brésilien « .

LAURENT POKOU

Ayant déjà 25 ans et en sachant qu’une carrière de footballeur sera très courte, l’ivoirien prendra la décision de quitter son pays natal et là les offres tomberont comme celles de Nantes ( pour remplacer Hugo Curioni ), Marseille, le PSG, Reims, Metz et bien d’autres qui rêvaient de posséder la star ivoirienne. Et à la surprise générale, Laurent signera un contrat au Stade Rennais et de ce fait deviendra le premier joueur professionnel ivoirien à évoluer en dehors de son pays natal. Le natif d’Abidjan débarquera en Bretagne à la fin Décembre 1973 et à cette période les Rouges et Noirs n’étaient pas au mieux de leur forme et l’arrivée de l’ivoirien donnera pas mal d’espoir au public rennais. Il débutera dans le championnat français en Janvier 1974 à Troyes et dès son premier match et il marquera son tout premier but hexagonal. Deux semaines plus tard pour ses débuts au stade de la route de Lorient il se fera remarquer une nouvelle fois en inscrivant l’unique but de la rencontre. Pour des débuts sous un nouveau maillot, cela aura été un énorme succès et deviendra à une vitesse folle la nouvelle coqueluche du public rennais. Jusqu’à la fin de l’exercice 73/74, Laurent jouera en tout et pour tout treize matchs pour sept buts et aura beaucoup participé au maintien de Rennes en D1 ( les bretons termineront treizième à deux points du premier relégable, Nancy ). Partant sur le même rythme que la saison précédente, Pokou marquera quelques buts importants et deviendra une des pièces maîtresses du Stade Rennais jusqu’en Février 1975 date à laquelle ses adducteurs lâcheront et à partir de ce moment les résultats des Rouges et Noirs seront très négatifs. Même avec le retour de l’ivoirien en fin de parcours, Rennes et Laurent ne pourront éviter la descente en D2 ( l’ancien joueur de l’ASEC finira l’exercice 74/75 avec tout de même quatorze buts de marqués ). Et du fait que Pokou disputera le championnat de seconde division pour la saison 75/76, la presse ivoirienne fera son maximum pour que le natif d’Abidjan change de club mais malgré la pression l’international ivoirien décidera de rester en Ille-et-Vilaine. Laurent fera un début d’exercice tonitruant en accomplissant l’exploit de marquer 17 buts en seulement onze matchs mais tout finira lorsqu’il se blessera gravement au genou dans un choc avec le gardien de Châteauroux Raymond Olejnik ( saison finie pour l’ivoirien car selon le diagnostic du médecin ce sera 17 mois d’indisponibilité ). Et ce sera de chez lui ou des tribunes qu’il verra ses coéquipiers ( Jean-Luc Arribart, Patrick Delamontagne, Jerzy Wilim qui est venu pour pallier son absence ) terminer premier de leur groupe synonyme de montée en D1 mais louperont le titre de champion de France de D2 en perdant le match de l’attribution du titre contre le SCO Angers de Marc Berdoll et Patrick Brulez. Pokou fera son retour sur les pelouses françaises en lors de la 22ème journée mais ne jouera même pas une demi-heure car il n’avait pas du tout le physique. Après avoir récupéré une forme plus adéquate pour le haut niveau, Laurent rejouera six matchs plus tard et en tout et pour tout disputera onze rencontres pour la saison 76/77 et surtout marquera tout de même six buts. Mais même avec l’ivoirien dans son équipe Rennes ne pourra éviter de terminer bon dernier de la D1 synonyme de retour à l’étage inférieur.

LAURENT POKOU

Voulant rester en première division et comme il était sollicité par l’AS Nancy-Lorraine il acceptera leur offre ( et Rennes ne pouvait plus assurer son salaire ). Les dirigeants nancéiens attendaient beaucoup de l’association Pokou-Rouyer-Platini mais cela ne se passera pas comme ils voulaient car Laurent ne jouera jamais à son meilleur niveau soit disant à cause d’une maladie tropicale. Pour la saison 77/78 il ne disputera que onze matchs pour deux buts en championnat ( Nancy terminera sixième ) mais ne jouera aucun match en coupe de France alors que les nancéiens la remporteront grâce à un but de Platini contre l’OGC Nice de Robert Barraja et Daniel Sanchez. Au début de l’exercice 78/79 le public nancéien pensait qu’il allait retrouver un très bon Pokou mais voilà qu’au bout de huit matchs et un but il décidera de quitter la Lorraine pour retourner à Rennes ( qui est toujours en D2 ) afin de retrouver des bonnes sensations au niveau du football.

Mais la spirale négative sera toujours présente car pendant un match de coupe de France disputé dans le Finistère en Décembre 78, il se fera expulsé après avoir bousculé et injurié l’arbitre de la rencontre. Suite à cet incident, il sera suspendu pour une durée de deux ans par la commission de discipline de la FFF mais grâce à l’intervention de son président sa peine sera réduite à six mois ferme et 18 mois avec sursis alors que Pokou démentira toujours d’avoir frappé l’homme en noir lors de ce match. Cela faisait la seconde fois que le jugement d’une expulsion était sévère et très rare car lors de la saison 74/75 le brésilien Jairzinho avait été suspendu un an pour avoir donné un coupe de tête à un juge de touche. Au final cette longue suspension mettra fin à la fabuleuse carrière de Laurent sur le sol français car il décidera de quitter Rennes suite à ce malheureux épisode. Alors avant cet incident, Pokou aura disputé douze matchs pour six buts pour la saison 78/79 et les Rouges et Noirs termineront septième de leur groupe insuffisant pour accéder à la première division.

LAURENT POKOU

De retour en Côte d’Ivoire, il s’engagera dans son ancien club de l’ASEC Abidjan et n’y restera jusqu’en Mars 80 date à laquelle il prendra la décision de prendre sa retraite sportive à presque 33 ans.

Sélection : 70

Pokou honorera sa première sélection avec l’équipe nationale de la Côte d’Ivoire en Février 1967. Il disputera sa première CAN en 1968 en Ethiopie où les Eléphants se classeront troisième après avoir battu un à zéro l’Ethiopie pendant le match décisif pour cette place là. Et pendant cette compétition, Laurent se montrera décisif car en fin de tournoi il terminera meilleur buteur avec six buts.

Pour la CAN 70, la Côte d’Ivoire terminera quatrième en perdant le match de la troisième place contre l’Egypte mais Pokou terminera une nouvelle fois meilleur buteur et cette fois-ci ce sera avec huit buts ( il en aura marqué cinq pendant le même match, celui de poule contre l’Ethiopie et ce record en phase finale de la CAN tient encore ).

Laurent participera à la CAN 74 en tant que capitaine des Eléphants mais ces derniers finiront bons derniers de leur groupe et rentreront vite fait chez eux.

Avant de prendre sa retraite en Mars 80, Pokou disputera sa dernière CAN an Nigéria mais n’ira pas loin dans cette compétition car les ivoiriens termineront troisième de leur groupe synonyme de retour à la maison.

En quatre participations à la CAN, Pokou inscrira quatorze buts ( 6en 1968 et 8 en 1974 ) et ce record tiendra jusqu’en 2008 lorsque celui-ci sera battu par le camerounais Samuel Eto’o en cinq participations.

N.B :

En 1972, le Brésil organisera la coupe de l’Indépendance du Brésil pour célébrer l’indépendance du Brésil par rapport au Portugal. Cette compétition sera appelée « mini-coupe du Monde « et Laurent sera sélectionné dans l’équipe d’Afrique coachée par Rachid Mekloufi. Et l’ivoirien enchantera le public brésilien pendant les quatre matchs qu’il disputera et montrera au monde entier quel grand joueur qu’il était et qu’il pouvait tenir la comparaison avec les meilleurs footballeurs de la planète.

RECONVERSION :

Aussitôt sa retraite prise, Laurent se lancera dans le secteur du textile et sera embauché par une entreprise d’Abidjan qui confectionnait et commercialisait des mèches de cheveux et s’occupera principalement des relations publiques.
Parallèlement, il deviendra le coach de l’ASEC Abidjan à la fin de l’année 1980 avant de prendre en main le club de Rio-Sports d’Anyama en 1981 et à la tête de ce club il réussira l’exploit de l’emmener de la troisième division jusqu’à la première ( il sera entraîneur-joueur lors de la saison 82/83 ).

Pendant de longues années il dirigera plusieurs clubs à Yamoussoukro et Abidjan et s’éloignera définitivement avec les terrains de football à partir de 1999.

En 2004, Laurent sera élu membre de la Fédération Ivoirienne de Football ( FIF ) où il sera chargé de la détection des jeunes joueurs. Il oeuvra également pour la promotion d’un projet « Galaxie Jeunesse « qui aura pour objectif de développer un programme d’activités sportives, éducatives et culturelles à travers la Côte d’Ivoire et aussi sur le continent africain.

En 2006, il sera nommé ambassadeur de la FIFA, pour une campagne de charité officielle nommée « Six villages SOS pour 2006 « qui devait viser à financer six nouveaux villages à travers le monde pour permettre aux gosses défavorisés de trouver un nouveau foyer.

En Avril 2009, Pokou sera victime d’un passage à tabac par les forces de la police d’Abidjan lors d’un contrôle de routine. Deux-trois jours plus tard, le président de Côte d’Ivoire viendra en personne pour le soutenir dans cette terrible épreuve. Quatre années plus tard, les agents de police responsables de cette agression seront condamnés à trois mois de prison ferme et une amende pour chacun des six policiers impliqués.

En Novembre 2016 il décèdera des suites d’une longue maladie à l’âge de 69 ans.

PALMARES :

-1967 : Vainqueur de la coupe de Côte d’Ivoire ( ASEC Abidjan ).
-1968 : Vainqueur de la coupe de Côte d’Ivoire ( ASEC Abidjan ).
-1969 : Vainqueur de la coupe de Côte d’Ivoire ( ASEC Abidjan ).
-1970 : Champion et vainqueur de la coupe de Côte d’Ivoire ( ASEC Abidjan ).
-1972 : Champion et vainqueur de la coupe de Côte d’Ivoire ( ASEC Abidjan ).
-1973 : Champion et vainqueur de la coupe de Côte d’Ivoire ( ASEC Abidjan ).

BILAN DE CARRIERE :

-1965 à Décembre 1973 : ASEC Abidjan ( Côte d’Ivoire ).
-Décembre 1973 à 1977 : Rennes ( France ) 63 matchs joués pour 44 buts de marqués.
-1977 à Sept 1978 : Nancy ( France ) 19 matchs joués pour trois buts de marqués.
-Sept 1978 à 1979 : Rennes ( France ) 12 matchs joués pour six buts de marqués.
-1979 à 1980 : ASEC Abidjan ( Côte d’Ivoire ).

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