Des membres de la Plateforme des acteurs de la livraison de côte d’Ivoire (PAL-CI) ont animé une conférence de presse ce mercredi 1er décembre 2021, à Cocody-Riviera 3. Ceux-ci dénoncent ce qu’ils qualifient d’”abus de la police nationale et les discriminations routières”. Ci-après l’intégralité de la déclaration de Jean-François Bainguié, membre du bureau exécutif de la PAL-CI.
Recevez en vos rangs et grades, les salutations du bureau exécutif de la plateforme des acteurs de la livraison. Avant d’entamer pleinement le sujet qui nous réunit tous ici, j’aimerais demander de façon solennelle, une minute de recueillement à l’endroit de nos illustres camarades, tombés sur le chemin de la dignité et de la quête de liberté. J’aimerais ensuite que nous portons tous, des pensées positives et de solidarités, à l’endroit des nôtres blessés, dans l’attente de la guérison. Je pense particulièrement au DG Fanny, qui ressort il y a peu, d’un coma. Puisse Dieu dans son infinie bonté et sa miséricorde, la leur accordé.
Mes dames et messieurs, Nous vous avons conviés en ce lieu, afin de parler de notre travail. De notre activité qui est née par la force de notre refus de rester sur les carreaux, et par l’ingéniosité et la bravoure de la jeunesse de côte d’Ivoire. “La livraison”. Tantôt appelé coursier, ce métier qui à peine quitter des berceaux, et qui de plus était considéré comme dégradant et peu valeureux, à aujourd’hui tous les projecteurs braqués sur lui. Si le gouvernement de côte d’ivoire a décidé de le réguler, nous saluons cette initiative louable. Nous sommes d’ailleurs disposés à l’accompagner dans cette tâche, vu que c’est aussi dans cette optique qu’est née la PAL-CI (Plateforme des acteurs de la Livraison de côte d’ivoire).
Il est bon de rappeler que l’activité de livraison est née du refus des jeunes, diplômés ou non, de rester sur les carreaux et toujours tendre les mains. Des jeunes hommes et femmes qui, par un désir ardent d’expression sociale et d’autonomie, ont dû bandés muscles et stimuler leur mental pour affronter la réalité. Cette réalité qui leur fait comprendre que, leurs “diplômes” ne représentent pas grand-chose en l’état actuel. Cette réalité qui leur fait comprendre, que même leurs relations avec autant d’argent, sont incapables de satisfaire régulièrement, à leurs sollicitations primaires quotidiennes.
Cette réalité qui leur fait réaliser, que l’état n’est pas capable de répondre à cet énorme besoin d’employabilité de la jeunesse. Force vive et maillon essentiel d’une émergence certaine. Cette réalité qui leur fait savoir que, la seule option qui leur reste d’avoir du travail. Cet élément indéniable qui offre la dignité, est comme on le dit couramment dans notre jargon, “de tomber en brousse”. Et c’est cette option que nous avons embrassée courageusement.
Nonobstant tous les risques auxquels nous sommes extrêmement exposés face aux rapaces de cette brousse citadine, qui nous sucent au quotidien (accident de la route, braquages) pour ne citer que ceux-là, nous le faisons par amour. Certes par défaut pour la majorité d’entre nous. Mais par une jalousie extrême de notre dignité. Et toute personne jalouse est forcément amoureuse. Et aussi par un refus d’embrasser les voies tanguantes de la Méditerranée, de même que le désert calvairien de la Lybie, ou les risques de survie sont à 99% plus élevées que la chance d’espérer voir le bout d’une hypothétique Tour Eiffel, ou encore accosté Lampedusa sous l’inhumanisme des gardes côtiers.
Mais dans cette quête d’expression et d’intégration sociale; dans cette quête de contribution active à l’essor économique du pays et du refus d’accuser le coup de l’existence en espérant vivre décemment, nous rencontrons d’énormes difficultés sur le terrain dans l’exercice de notre activité. Ces difficultés qui tendent à nous repousser loin derrière la belle architecture de la ville d’Abidjan qui chaque jour, ne fait que montrer avec fierté, ses nouvelles robes de sirène. Et c’est la raison de ces difficultés qui nous réunit ici en ce jour qui on espère, marquera le début d’une ère nouvelle pour notre secteur, et placera les premiers éléments du puzzle d’une collaboration gagnante d’avec la police et certainement plus loin, avec nos gouvernants.
Non, nous ne voulons pas subir les regards médisants des uns et des autres, qui pour un oui ou un non, nous blâmes à longueurs de journées. Sachez chers amis de la presse, que depuis la date du 07 septembre 2021, les acteurs de la livraison de côte d’Ivoire, sont comme traqués par la police nationale. C’est tout simplement une discrimination routière.
Une situation que nous n’arrivons pas à comprendre et que nous décrions. Surtout que nous avons tenté des approches afin de mieux gérer l’entrée en vigueur de l’accentuation de la régulation routière.
Que dire de notre sécurité !
Chaque jour que Dieu fait, nous avons des victimes d’agressions parmi nous. Des accidents qui pour la plupart du temps, laissent les nôtres étendus sur le chaud bitume qui borde cette île, sans moyens de revoir leurs proches à qui ils avaient promis retour. Mais cela n’émeut presque pas nos hommes en tenues. Nous avons l’impression d’être des laissés pour contre, dans une société où l’insécurité prend une allure inquiétante. Ou l’incivisme est devenu une norme. Et ou la valeur humaine se déprécie au fil des heures et des humeurs. Pauvre de nous!
Mais ceci est un autre pan que nous développerons ultérieurement. Passons donc aux points d’achoppement avec la police, et de la discrimination routière généralisée.
1-Cas de la carte grise.
La question de la carte grise, nous maintien dans une situation de flou. Selon le communiqué du gouvernement paru le 08 septembre 2021, les motocyclistes avaient obligatoirement besoin de détenir:
Le casque,
La vignette,
L’assurance,
La plaque d’immatriculation
Le permis de conduire.
Il ne fait en aucun cas mention de carte grise pour les 50cc. Engins que nous utilisons à 95% pour notre activité.
Mais sur le terrain, cela nous est exigé à certains endroits. Précisément dans les communes d’Abidjan sud. Alors que nous circulons librement à Abidjan nord sans qu’on nous le demande. Ce que nous voulons comprendre, c’est: Étant donné que selon les dispositions de loi de 1964, par décret n°64-212 du 26 mai 1964, l’article 1er dit que:
Tous les cycles, inférieurs à 125cc et vélomoteurs pourvus d’un moteur auxiliaire thermique inférieur à 50cc ne sont pas considérés comme des automobiles. Or la carte grise est imposé non seulement aux véhicules automobiles, mais de plus de 750 kg, et aux motocyclettes égales ou supérieures à 125cc. Notre préoccupation est donc: Est-ce que la carte grise concerne désormais les moins de 50cc? Si oui, est-ce que cette mesure est officiellement entrée en vigueur pour les moins de 50cc? Si oui, quel est le coût réel ? Et comment les autorités peuvent nous permettre de l’obtenir à un coût raisonnable en tenant compte de la taille de notre activité et du coût de nos engins.
Nous aimerions aussi avoir un délai pouvant nous permettre de produire ce document. (4 mois au moins). Que les autorités compétentes, créent un canal spécifique aux motos, afin de nous faciliter la tâche.
2- Le permis de conduire.
Le permis pour être produit, prend environ 45 jours. Et pendant ce temps, celui qui ne le possède pas encore est obligé de rester au chômage technique. Et selon les informations que nous avons des auto-écoles, il y a une réforme à ce niveau. Le ministère du transport ayant mis en place d’autres outils, cela impactera sur le délai vu que les auto-écoles devront être formées à l’usage de cet outil. Nous aimerions pour ce cas, Que les autorités compétentes nous permettent de circuler avec un document attestant de la production en cours du permis. Le document délivrer par l’auto-école, ou de visite médical délivré par les services du ministère du transport.
3- la mise en fourrière automatique ou l’embarquement immédiat de nos engins.
Voici une situation que nous n’arrivons pas à comprendre. En cas d’infraction, que ce soit même d’un rétroviseur manquant, automatiquement nos engins sont embarqués plutôt que de délivrer une contravention. Un cas d’abus vraiment déplorable. Ce que nous trouvons d’ailleurs injuste et discriminatoire. Pour être libéré, c’est entre 5000f et 15000f que nous payons à chaque fois que nous sommes dans ces cas. Et ce, après avoir perdure des heures, des courses, et mêmes des contrats de prestations. Ce qui est vraiment dommageable pour nous. D’ailleurs on ne nous délivre aucun reçu qui montre que cela va dans les caisses de l’état.
Quels sont les coûts des différentes contraventions? Que l’on nous les mette à disposition. Car, apparemment, ce que nous avons ne serait pas officielle. Ces différents points relevés, sont ceux-ci qui nous amène à faire cette conférence de presse. Afin d’exposer nos difficultés aux yeux de tous grâce aux relais de vos canaux, vous qui êtes les porte-voix de la société.
Nous espérons par cette conférence, qui fait suite à nos différents courriers déposés depuis le 08 novembre 2021, atteindre les différents ministères dont nous sommes sous tutelle, afin non seulement d’exprimer nos ressentiments; mais faire des propositions dans le sens d’une collaboration gagnant-gagnant. Car, nous estimons que nous voir cesser notre activité, n’est aucunement dans l’intérêt des décideurs et du gouvernement de la République de Côte d’Ivoire.
Avant de conclure, nous tenons à rassurer les uns et les autres, de la mission de la PAL-CI, qui au-delà du cadre de fédéral, a pour mission d’organiser et d’assainir le secteur de la livraison, afin d’offrir un cadre propice de travail et de meilleurs perspectives, aux jeunes hommes et femmes qui hier, doutaient de leurs lendemains. La PAL-CI aussi se veut le garant morale des acteurs de la livraison, et un porte-parole de choix, face aux autorités. Recevez en vos grades et en vos rangs, les salutations du Bureau exécutif de la PAL-CI, avec à sa tête, le président Ano Hugues Richmond.
Vive la PAL-CI !
Jean-François Bainguié