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Côte d’Ivoire-Guerre de positionnement au cœur du pouvoir: Soro veut prendre le Rdr

 

 

ouattara et soro

L’affaire était devenue un secret de polichinelle depuis quelques semaines au bord de la lagune Ebrié. «Notre Voie» s’en était fait l’écho en début de semaine dernière. Mais, depuis hier et la parution du dernier numéro de l’hebdomadaire «Jeune Afrique», c’est du domaine de l’officiel. L’ancien patron de la rébellion des Forces Nouvelles et actuel président de l’Assemblée nationale a décidé de s’emparer de la direction du Rdr, le parti du chef de l’Etat, pour s’en servir comme bouclier contre toute mauvaise surprise. Notamment une inculpation par la Cour pénale internationale (Cpi).
Mais l’ambition désormais affichée du chef du parlement vise aussi à lier les mains au numéro un ivoirien, qu’il soupçonne de ne pas vouloir tenir ses engagements vis-à-vis de lui. «De toute façon, c’est le deal qui a été conclu avec le président Ouattara au lendemain de son élection : Soro cède la Primature, récupère en échange le statut de dauphin et, surtout, le Rdr indispensable s’il veut un jour conquérir le pouvoir», fait-il écrire à nos confrères.
En clair, Soro estime que le moment est venu pour le chef de l’Etat de tenir sa promesse. De là à dire que Ouattara est un roublard, c’est tout comme.
Reste maintenant à savoir la réaction que vont avoir les adversaires de Soro. A commencer par le chef de l’Etat lui-même. En effet, en affirmant publiquement qu’il a un deal avec lui, c’est sur lui que Soro met désormais la pression. Soit il le désavoue tout aussi publiquement et court le risque de voir Soro entré ouvertement en rébellion- il s’y connaît très bien d’ailleurs-, soit il cède à son chantage et la guerre de succession s’ouvre ici et maintenant, à sept mois d’une présidentielle cruciale.
Mais il n’y a pas que le chef de l’Etat qui devra donner une suite à la sortie de Soro. Le ministre Hamed Bakayoko, abondamment cité dans l’article comme le principal adversaire du député de Ferkéssedougou, devra lui aussi se déterminer. Au risque de se laisser distancer par son rival. Parce que si Soro, dont on peut tout dire, sauf qu’il est un naïf politique, abat ses cartes maintenant, c’est qu’il s’est préparé à toutes les éventualités.
Autre groupe d’intérêts qui va certainement lire et relire le papier de «Jeune Afrique», c’est le Pdci et son chef Henri Konan Bédié. Mais, surtout, les bénéficiaires putatifs de l’alternance en 2020 : Ahoussou Jeannot et Niamien N’Goran. «2020, c’est tellement loin. En un an à peine, la configuration de tout un pays peut changer. En politique, rien n’est jamais acquis», glisse-t-il. Décryptage : il n’est pas d’accord avec l’alternance en faveur du Pdci.
Soro a donc parlé. Et très clairement. A chacun d’en tirer désormais toutes les conséquences. Y compris au sein de l’opposition.
En attendant, le moins que l’on puisse écrire, c’est que les prochains mois promettent en intensité.
Guillaume T. GBATO

Notre Voie

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